Paul Lehner

Enseignant-chercheur en éducation et en formation, qualifié aux sections CNU 70, 19 et 04,  je travaille sur la question de l'orientation scolaire et sur le développement professionnel des enseignants.

Sur l'orientation scolaire, mon approche est double. J’ai d'abord cherché à comprendre dans une thèse de science politique la difficile stabilisation et légitimation du métier de conseiller d’orientation au sein du système scolaire entre 1959 et 1993. L’évolution de leur rôle a été étudié comme le résultat d’un double mouvement : le premier opéré par l’histoire du système éducatif et plus spécifiquement par les réformes de l’orientation qui attribuent une fonction au conseiller d’orientation ; le second engendré par l’histoire du groupe professionnel marquée à la fois par des luttes entre les différents porte-paroles pour la définition légitime du métier et par des investissements différenciés dans le poste. J’ai ainsi pu montrer d’une part la stabilité voire le caractère inexpugnable d’une division du travail d’observation et de sélection des élèves et d’autre part les logiques contradictoires des politiques éducatives en matière d’orientation qui incitent à la responsabilisation et à l’autodétermination des choix des élèves tout en cherchant à les rendre conformes aux normes scolaires et aux débouchés professionnels. L’État a, depuis, assigné aux conseillers d’orientation la mission de relayer ce type de contraintes et de fabriquer le consentement des élèves, ce qui a suscité et suscite encore les résistances des Co-Psy. Mon travail revient donc sur les ripostes du groupe professionnel qui cherche à préserver une approche psychologique de l’orientation mais qui peine à s’aligner sur une identité professionnelle alternative commune.

Depuis 2018, je m'intéresse plus spécifiquement à l'analyse de la fabrique des politiques éducatives en matière d'orientation, à ses instruments et à leur mis en oeuvre. Cette démarche est celle de deux enquêtes financées par le LIEPP et coordonnées par Agnès van Zanten. Au cours de l'enquête Accessup, j' interroge le rôle des acteurs politiques et administratifs dans l’évolution du cadrage des politiques d’orientation et notamment dans l’opérationnalisation de dispositifs d’orientation active. L'enquête ORIREG, qui est en cours, vise à rendre compte à la fois du cadrage objectif de la politique d'orientation menée à l'échelle de l'Ile-de-France, de sa mise en oeuvre au sein de 4 établissements et de sa réception par les professionnels et les élèves. Une troisième enquête, financée par l'Inspé Lille-HdF et menée avec Alice Olivier et Célénie Brasselet, interroge les partenariats construits en matière d'orientation et leurs effets au sein de collèges de l'académie de Lille.

Depuis 2018, j’ai investi la formation des enseignants à la posture du praticien réflexif comme objet de recherche. À la fois dans une perspective praxéologique car j’ai été chargé de piloter le développement sur Moodle puis sur Wordpress du volet numérique du dispositif d’analyse de situation professionnelles GPS, accessible à l'URL suivante: www.plateforme-gps-educ.fr .

Dans une perspective heuristique, je coordonne avec des collègues du laboratoire EMA de CY Cergy Paris Université, depuis 3 ans un séminaire/webinaire au cours duquel il s’agit de revenir sur les contextes d’émergence, de légitimation et diffusion du paradigme du praticien-réflexif, d’observer ses traductions formelles et informelles mais aussi d’interroger les définitions du métier et de la professionnalisation promue par les formateurs et concepteurs de protocole ou plateforme. Cet essai de typologie, qui constitue le premier volet d’une enquête, est indispensable pour situer le dispositif GPS dans le monde de l’analyse de pratique. Le second et le troisième volet visent à interroger les usages du dispositif et ses effets formateurs et transformateurs respectivement par les enseignants stagiaires et par des enseignants expérimentés.