Ludivine Panzani
Axes de recherche
Axes de recherche de la thèse
Dans une démarche historique, cette thèse souhaite suivre différents axes de réflexion autour du lien entre la capitale et les provinces, le centre et la périphérie. Il s’agit donc d'interroger la notion de « capitale culturelle » [Charle, 2009] pour sortir d’une vision unilatérale des circulations (Paris-province). L’objectif est de recenser les salles et leurs répertoires pour aboutir à une meilleure connaissance des mobilités et de la création en province entre les années 1680 et 1780. L’étude abordera l’aspect légal de cette question, en s’intéressant à l’évolution et aux enjeux des cessions de privilèges octroyées par l’Académie royale de musique (ancêtre de l’Opéra de Paris). Elle interrogera également l’influence de ce démembrement du privilège en identifiant les œuvres qui circulent et les stratégies de programmation mises en œuvre à l’échelle locale. Quelles sont les œuvres reprises en province, et avec quelles contraintes matérielles et humaines, occasionnant quelles modifications ? Avec quelles réceptions ? L’intérêt pour le cadre institutionnel et les infrastructures scéniques dans les grandes villes du royaume de France à pour but de renouveler les questionnements au croisement de l’histoire urbaine, de l’histoire des réseaux de ville et de l’histoire sociale du spectacle.
Cette enquête propose de suivre les itinéraires des professionnels de la danse afin de revaloriser leur place dans la mobilité des savoirs et des pratiques chorégraphiques. Comment sont-ils formés et comment travaillent-ils ? Comment circulent-ils le cas échéant ? En décentrant notre regard, c’est une autre histoire des réseaux professionnels de la danse qui s'ouvre à nous, complexifiant largement les connaissances actuelles en termes de dynamiques culturelles et de stratégies d'acteurs. Ce changement de perspective permettra de se rapprocher du point de vue des professionnels provinciaux pour en faire les personnages principaux de notre étude. Un des objectifs de cette thèse sera de parvenir à la mise en place d’une liste d’œuvres et d’artistes à travers la création d’une base de données. Cela permettra de mieux cibler leurs mobilités d’une scène à l’autre et d’une ville à l’autre afin d’avoir une meilleure connaissance de ce réseau d’échange complexe tant culturel qu’humain. La réalisation d'une analyse prosopographique permettra d'identifier les caractères communs à ce groupe d’acteurs historiques en se fondant sur l’observation de leurs vies et de leurs parcours.
Cette thèse porte une attention particulière à l’activité spectaculaire dans les collèges laïcs et religieux français. Les collèges de province organisaient régulièrement des ballets, à l’occasion de la distribution des prix ou de grands événements dynastiques ou municipaux. Oubliées de l’histoire de la danse, les scènes de collèges provinciaux présentent des potentialités encore inexplorées dans le champ d’étude et la période proposés. Elément à part entière du cursus scolaire, comment l’activité spectaculaire des collèges français mobilise-t-elle de multiples acteurs et des pratiques pédagogiques spécifiques ? A Lille, Metz, Toulouse, Orléans, Lyon ou Bordeaux des archives ont permis d’attester la mise en scène de ballets dans les collèges de ces différentes villes. L’enjeu de ce travail est de revaloriser le rôle de ces spectacles collégiens dans la transmission de la pratique scénique de la danse.
Collaboration à des programmes de recherche
EnDansant - Pour une histoire des enseignant∙es en danse (XVIIe-XXIe siècles)
Ce projet, financé par l’ANR (2021-2025), est piloté par Emmanuelle Delattre-Destemberg (coordinatrice), Marie Glon et Guillaume Sintès. L’histoire de la danse s’est focalisée sur l’histoire des spectacles, dont les grandes figures sont des chorégraphes, des danseurs et danseuses professionnelles, omettant des actrices et acteurs essentiels, à savoir les enseignant∙es. Ils et elles sont pourtant présent∙es dans toutes les couches de la société, avec un rôle d’envergure : ils et elles façonnent les corps et les esprits, animent des bals qui scandent la vie sociale. La singularité de leur action et de leur statut se manifestent dans les tensions au cœur desquels ils se trouvent régulièrement.
Le projet EnDansant pose les jalons de leur histoire, en se consacrant d’abord à l’encadrement réglementaire et aux conditions dans lesquelles se déroulent leurs activités, et en tentant de mettre cette histoire sociale, réglementaire et administrative en lien avec leurs pratiques esthétiques et pédagogiques.
AcadéC - Les Académies de Concert en France au XVIIIe siècle
AcadéC est un projet financé par l’ANR (février 2022 – juillet 2025) qui se consacre à l’étude des institutions de Concert en France entre 1710 et 1770. Il vise à établir une cartographie de ces institutions, à poser une définition de l’académisme musical au siècle des Lumières, et à revaloriser et rejouer un patrimoine musical oublié. Il est coordonné par Bénédicte Hertz (CmbV – CESR), qui en partage la responsabilité scientifique avec Thomas Vernet (Fondation Royaumont).
Ce projet est la première étude globale consacrée aux Académies de Concert en France au XVIIIe siècle, sociétés à l’origine des premiers concerts publics. Il vise à leur conférer une visibilité et mettre en pleine lumière leur rôle déterminant dans la vie intellectuelle et artistique d’Ancien Régime.
Ces Académies de Concert, qui se situent à la croisée des sociétés savantes et des entreprises de spectacles publics, offrent un cadre privilégié pour appréhender et comprendre les dispositifs innovants de création qui structurent et articulent le paysage artistique et intellectuel français au siècle des Lumières sur tout le territoire. AcadéC vise également à redécouvrir une partie essentielle, bien qu’occultée du répertoire musical français. Il ambitionne de réévaluer entièrement le rapport entre le centre et les périphéries, et d’offrir un regard plus large pour comprendre et caractériser la vie artistique et culturelle en province. Il montrera que, loin d’être un phénomène isolé, l’existence de ces sociétés constitue un mouvement généralisé, que l’on qualifiera d’académisme musical.
En faisant appel à une équipe interdisciplinaire, AcadéC cherche à définir les caractéristiques de ce qui peut être qualifié d’académisme musical des Lumières. Il étudie les cadres institutionnels, sociaux et culturels des Académies de Concert, et tente de comprendre quels acteurs et quels réseaux les animent. Enfin, en s’associant à une équipe artistique, il invite à porter un nouveau regard sur les pratiques musicales et le répertoire singulier, et à revaloriser et rejouer un patrimoine oublié.