
Flavie Épié
Axes de recherche
Traductologie & Études joyciennes
Pluralité de la traduction
Je m’intéresse aux dynamiques qui président à la traduction et à la retraduction d’une œuvre, considérées comme post-textes faisant système dans le sillage de l’œuvre originale, ainsi qu’aux stratégies mises en place et aux discours critiques accompagnant la (re)traduction et l’inscrivant dans une démarche pratique et théorique. La pluralité de la traduction, telle qu’elle se développe dans la retraduction, peut également être redoublée par une approche collaborative, dans le cadre de traductions menées collectivement, ou bien en s’intéressant à la traduction non seulement comme produit fini, publié, mais comme processus mettant en exergue la collaboration de différentes personnes et instances, de l’atelier du traducteur lui-même au travail avec la maison d’édition, l’éditeur chargé du projet, la communauté scientifique, ou encore l’auteur et ses héritiers.
Génétique des traductions
Traduction et retraduction peuvent être considérées comme les post-textes de l’œuvre originale, en tant qu’elles constituent sa contre-genèse et remettent l’œuvre sur le métier, engageant son retour à l’état de brouillon. En tant qu’œuvres à part entière, leur création laisse également des traces, constitutives de leur propre genèse, qui méritent d’être étudiées. Les archives de traducteurs permettent ainsi de rendre l’activité traductive à son dynamisme, fait d’une multiplicité de choix finalement constitutifs de l’histoire d’un projet de traduction, et de replacer ce projet dans son contexte matériel et économique. En s’appuyant sur la correspondance des traducteurs, sur les brouillons et les états antérieurs du texte traduit, l’analyse génétique permet de mettre au jour les dynamiques souterraines ayant présidé à la création de la version finale, publiée, du texte traduit.
Problématiques traductologiques joyciennes
L’Ulysse de Joyce peut être considéré comme un véritable laboratoire de traduction, en raison des problèmes complexes et multiples que pose d’emblée le passage en langue étrangère d’une telle œuvre de littérature moderniste en bien des points, mais aussi car la (re)traduction de cette œuvre encourage des pratiques collaboratives expérimentales, dans le sous-système français, tout comme au sein d’un vaste système plurilingue. L’étude plurilingue et collaborative des différentes approches et stratégies mises en place par les (re)traducteurs éclaire non seulement le fonctionnement de l’œuvre, mais également les pratiques traductives en tant que telles.