Croissance & développement des insectes

Une première phase de mes recherches portait sur des problématiques liées à l’expertise en entomologie médico-légale.

La capacité des insectes à coloniser les cadavres humains est en effet connue de longue date et peut être mise à profit en contexte judiciaire afin de dater le décès. Mes travaux s’inscrivaient initialement dans ce contexte applicatif, avec de nombreuses publications sur le sujet dans des revues de sciences forensiques et le dépôt d’un brevet logiciel pour un outil de calcul baptisé ForenSeek (2011).

Ces recherches ont progressivement laissé place à une approche plus fondamentale centrée sur l’éthologie, et plus précisément les comportements sociaux et l’écologie adaptative. Les espèces nécrophages ont de fait été très peu étudiées et il n’existait pas à l’époque d’études sur le comportement des larves. Ces insectes présentent pourtant de nombreuses adaptations originales résultant des pressions de sélections rencontrées sur l’écosystème cadavérique. Sous ma direction, mon équipe s’est placée en pointe sur ces questions, et notamment quant aux adaptations sociales des larves de diptères calliphoridae.

En développant ce modèle expérimental, nos travaux ont permis de démontrer comment ces comportements d’agrégation pouvaient favoriser l’adaptation et la survie dans un environnement hostile (stratégie de construction de niche). Mes dernières recherches généralisent cette approche en démontrant l’existence de comportements d’agrégation interspécifiques avec des bénéfices partagés (effet Allee interspécifique).

Justice, Expertises Judiciaires & Criminalistique

La justice, comme toute institution, évolue au gré des réformes. Une transformation généralement lente et continue.

Pourtant, certaines mutations apparaissent de facto, en dehors de toute prise de décision centralisée et sans réflexion préalable explicite. On constate ainsi que la preuve scientifique occupe désormais une place centrale dans le processus judiciaire : un procès d’assises sans experts est devenu inconcevable.

Loin d’être un simple auxiliaire de justice, l’expert apparait désormais comme le détenteur de la vérité factuelle : sa parole revêt à ce titre une importance considérable. Paradoxalement, ce bouleversement profond du délicat équilibre judiciaire s’est fait sans changement législatif majeur et sans encadrement réel des pratiques et compétences techniques : la justice semble avoir été débordée par la science. Dans ce contexte, mes recherches analyses comment l’expertise s’est progressivement implantée puis enracinée au cœur du processus judiciaire. L'immixtion de la science en terrain judiciaire se traduit en effet par un manque d'encadrement institutionnel et une difficulté à appréhender, au-delà du paravent technique et sémantique, les limites de l'expertise.

Cette asymétrie semble flagrante au regard du droit nord-américain, ou la place de l'expert a évolué au cours du XXème siècle jusqu'à des standard bien définis, connus sous le nom de Norme Daubert. Ces réflexion amènent ainsi à s'interroger sur la relation ambiguë que la justice entretient avec l’expertise, et les pistes pour un encadrement modernisé.