Sophie Aubert-Baillot
- FACULTE DES HUMANITES
- DEPARTEMENT LANGUES ET CULTURES ANTIQUES
Présentation
Mes travaux de recherche sont consacrés à la rhétorique et à la philosophie antiques, de la période classique à l’époque impériale, selon une démarche qui fait place à la littérature, à la linguistique, à l’histoire de la transmission des savoirs et plus particulièrement, à l’étude de l’acculturation de la pensée rhétorique et philosophique grecque à Rome. Mon approche de l’Antiquité se fonde donc sur l’interdisciplinarité ainsi que sur le dialogue entre monde grec et monde romain.
Parmi mes projets actuels figurent une étude sur la philosophie des non-philosophes à Rome (Pline, Quintilien, Fronton, Aulu-Gelle) ainsi qu’une traduction du chapitre II, 7 de l’Anthologie de Stobée relatif à l’éthique stoïcienne.
À venir
Lecturae Ciceronis 2025 - Les Lettres « Ad Brutum » entre politique, rhétorique et philosophie (Université de Lille, 20-21 mars 2025)
Au sein de l’imposante correspondance rédigée par Cicéron ne subsistent que vingt-six lettres échangées avec M. Iunius Brutus, qui s’échelonnent du 1er avril au 27 juillet 43, alors que se déchaîne la lutte politique et militaire entre les partisans des Césaricides et leurs adversaires. L’histoire de la sélection, de l’organisation et de la transmission de ces épîtres fut extrêmement mouvementée : comme la correspondance Ad Quintum, le corpus Ad Brutum pâtit notamment de transpositions et de pertes de feuillets dans l’archétype. Si l’authenticité de certaines lettres fut mise en doute par Érasme, qui les qualifiait de declamatiunculae, d’autres érudits étendirent leurs critiques à l’ensemble du recueil en appuyant leur démonstration sur des arguments d’ordre lexical, stylistique, historique ou idéologique. L’on admet aujourd’hui qu’une telle controverse était infondée ; toutefois, l’on s’interroge régulièrement sur le statut des épîtres I, 16, de Brutus à Cicéron, et I, 17, de Brutus à Atticus, qui par leur virulente critique de l’Arpinate présentent des similitudes avec l’Inuectiua in Tullium du Pseudo-Salluste. Leur insertion dans le corpus est en tout cas ancienne, puisque Plutarque en fait mention dans la Vie de Brutus.
Quoique moins étudié que l’échange épistolaire entre Cicéron et son frère Quintus ou, a fortiori, son ami Atticus, le corpus Ad Brutum constitue pourtant un recueil passionnant, tant par la complexité philologique de sa composition que par la tension dramatique des événements qu’il relate, de la défaite d’Antoine devant Modène à la mort des consuls Hirtius et Pansa, de la défection de Lépide au retour sans cesse reporté de Brutus à Rome. Quant à la détermination de la conduite à tenir envers Octavien, figure centrale dans ces lettres, elle suscite de vifs débats entre les deux correspondants. Le corpus ne fait pas droit qu’à des analyses politiques, cependant. On y perçoit l’écho non seulement de réflexions philosophiques, à l’occasion de la consolation adressée à Brutus après la mort de son épouse Porcia, mais aussi de discussions d’ordre rhétorique, à propos de l’éloge décerné par Brutus, pourtant tenant d’une prose atticiste, aux discours d’attaque contre Antoine qu’avait prononcés Cicéron à l’automne 44, ces Philippiques issues d’un nouveau Démosthène. Telles sont quelques-unes des facettes de ce recueil à la fois riche et dense, ultime témoignage épistolaire légué par Cicéron, qui meurt quelques mois plus tard.