Marion Carrel
Axes de recherche
La participation des habitants, leitmotiv de la politique de la ville
L’analyse porte sur les catégorisations de la participation des habitants dans la politique de la ville, au sein de laquelle prédomine l’injonction participative, qui relève d’une demande unilatérale et méprisante faite aux pauvres de se comporter en citoyens sans leur donner la possibilité de débattre sur le fonctionnement des institutions. Sous certaines conditions cependant, des formes d’empowerment engendrées par l’activité déliberative ou l’action collective émergent dans les quartiers de ségrégation.
Citoyenneté et pauvreté
L’analyse porte sur les expériences citoyennes telles qu’elles sont vécues par les individus, en particulier les personnes en situation de pauvreté, au moyen de l’ethnographie comparée. L’apport de la philosophie politique et des citizenship studies d’une part, du pragmatisme et de la sociologie des problèmes publics d’autre part, sont centraux dans mes recherches sur la dimension relationnelle et processuelle de la participation, sur les phénomènes d’invisibilité et de visibilité des problèmes et des personnes, sur le rapport des classes populaires au politique, sur les formes de résignation mais aussi d’indignation et d’interpellation des « subalternes ».
Démocratie participative et délibérative
Mes travaux s’inscrivent dans le champ international des recherches sur la participation et délibération, avec une attention particulière à la question des inégalités. La visée de justice sociale est présente dans les théories de la délibération : l’échange public d’arguments est conçu comme centrale dans le processus d’émancipation citoyenne. Cependant, les théories délibératives sont accusées d’être aveugles aux dimensions pratiques, corporelles et relationnelles de la citoyenneté et d’évacuer le conflit. Mes recherches portent ainsi sur le « dilemme de l’égalité » dans les démarches participatives et délibératives.
Expériences et politiques de lutte contre les discriminations
Mon orientation sur les expériences comparées de discriminations et les politiques de lutte contre les discriminations (France, Grande-Bretagne, Canada, Etats-Unis) accompagne un déplacement vers une sociologie davantage attentive aux questions de genre, de classe et d’ethno-racial, tout en restant centrée sur les processus d’émancipation. Il s’agit d’étudier les expériences de discriminations du point de vue des personnes concernées et les processus de politisation qu’elles peuvent enclencher dans les quartiers populaires, dans une perspective comparée.
Recherches participatives et reconnaissance des savoirs issus de l’expérience
Les recherches participatives, tout comme les procédures de démocratie participative, sont traversées par des logiques de pouvoir et de conflit, et l’on peut se demander dans quelle mesure ces méthodes déconstruisent les injustices épistémiques – les inégalités devant l’accès au savoir et la légitimité des différents savoirs - ou au contraire les renforcent. Mes recherches étudient les formes et la portée du croisement des savoirs académiques avec des savoirs expérientiels, parfois invisibilisés, comme ceux des personnes en situation de pauvreté.