Fanny Grisetto
Présentation
Ma thèse (résumé ci-après) a porté sur l'étude des mécanismes de contrôle cognitif expliquant l'impulsivité et les comportements associés. Plus précisément, j'ai exploré si la stratégie de contrôle préférentielle (i.e., le poids des mécanismes proactifs et réactifs dans la résolution d'un conflit) et son adaptation en fonction du contexte et des caractéristiques inter-individuelles pouvaient caractériser, voire objectiver, les traits de personnalité impulsive et les comportements associés (e.g., la prise de risque). De manière générale, mes résultats suggèrent que les traits de personnalité impulsive sont associés à une stratégie de contrôle globalement moins proactive que celle des individus peu impulsifs, et surtout par une faiblesse dans l'adaptation de celle-ci au contexte de la tâche ainsi qu'à ses propres capacités.
Ayant obtenu mon doctorat en 2020, je suis actuellement chercheuse post-doctorale sur le projet READER financé par l'ANR (Agence Nationale de la Recherche) et porté par Gwendoline Mahé. Ce projet vise à comprendre l'influence des capacités de contrôle cognitif, et notamment les capacités de détection de l'erreur, dans l'acquisition d'un niveau de lecture expert. Aussi, mon expérience sur le contrôle cognitif et les mesures associées acquise au cours de la thèse sont mises à profit dans ces recherches, à la fois auprès d'adultes normo-lecteurs et dyslexiques, mais également d'enfants au cours de leur apprentissage formel de la lecture (Grande Section de maternelle, CP, CE1). Dans le cadre de ces recherches, je mène et organise les recherches sur le terrain, notamment auprès de huit écoles de la métropole lilloise.
En parallèle de ces travaux post-doctoraux, je participe à des recherches portant sur la compréhension de l'éco-anxiété (i.e., une réaction psychologique face à la perception du dérèglement climatique et de ses enjeux) et ses conséquences sur la cognition et le comportement humain. L'objectif à long-terme est de considérer certaines formes d'éco-anxiété comme étant source de motivation aux comportements pro-environnementaux.
Dernières actualités
Résumé de ma thèse : Impulsif ne veut pas dire désinhibé : étude de l’effet de l’impulsivité sur l’adaptation des mécanismes de contrôle cognitif
L’impulsivité est une tendance comportementale fréquemment observée dans la population générale mais à des degrés différents. À ce propos, une forte impulsivité augmente les risques de développer un trouble psychiatrique, tel que les différentes formes d’addiction ou des troubles de la personnalité. Pour comprendre l’émergence de ces divers troubles comportementaux, mon projet de thèse s’est porté sur le rôle du contrôle cognitif dans les manifestations de l’impulsivité. Le contrôle cognitif est, en effet, un ensemble de fonctions cognitives nous permettant d’adapter nos comportements à un environnement changeant, et donc complexe. Durant ma thèse, je me suis plus particulièrement intéressée aux capacités d’adaptation des mécanismes de contrôle proactif et réactif chez des individus impulsifs, principalement dans la population générale mais également auprès de patients alcoolo-dépendants. Les trois premières études de ma thèse ont montré qu’une forte impulsivité était caractérisée par une utilisation moindre des mécanismes proactifs associée à un défaut d’adaptation des mécanismes de contrôle aux demandes externes et aux contraintes internes. Les individus impulsifs exercent moins de contrôle proactif alors que celui-ci devrait être favorisé au vu des caractéristiques contextuelles ou individuelles. Dans une quatrième étude dans laquelle des enregistrements EEG ont été effectués, nous nous sommes intéressées à l’activité cérébrale typique observée au moment de l’exécution des erreurs, nommée ERN/Ne, et dont le rôle serait de signaler les besoins en contrôle. Une réduction de cette activité cérébrale a été observée chez les individus les plus agressifs, mais pas chez les individus les plus impulsifs. Ce résultat suggère que l’émergence de comportements inadaptés pourrait être en partie expliquée par cette réduction du signal d’alarme. Enfin, des résultats préliminaires suggèrent un lien entre un indice périphérique de l’adaptation physiologique (HRV) et les capacités d’adaptation des mécanismes de contrôle. Ce résultat ouvre la voie à de nouvelles interventions thérapeutiques pour la réduction des comportements inadaptés. Dans l’ensemble, les résultats de cette thèse suggèrent que l’impulsivité en population générale est associée à un système de contrôle cognitif moins proactif et moins flexible, menant potentiellement à des comportements inappropriés quand les mécanismes de contrôle en jeu sont inadaptés.