Valentin Fontana
- FACULTE DES HUMANITES
- DEPARTEMENT HISTOIRE
Présentation
Thèse de doctorat - Allocation régionale (Région Hauts-de-France)
Titre
Le faux-monnayage dans le nord du royaume de France (XVe-XVIIIe siècle). Anatomie, conséquences et répression d’un crime socio-économique.
Direction de thèse :
Hervé Leuwers, Professeur d'histoire moderne à l'Université de Lille.
Jérôme Jambu, Professeur d'histoire moderne à l'Université du Havre.
Résumé de la thèse :
Le phénomène de fausse-monnaie n’est pas nouveau. À l’échelle historique, la monnaie est falsifiée depuis qu’elle existe , parfois dans des proportions risquant de déstabiliser les finances d’un état comme ce fut le cas, par exemple, sous la Régence .
Pourtant, il n’existe à ce jour aucune étude, menée à grande échelle – régionale ou nationale –, et sur la longue durée – couvrant les quelques trois siècles de l’Ancien Régime – qui porte à la fois sur la réalité et les conséquences du faux-monnayage et sur la lutte menée par les autorités en place pour le combattre, le diminuer et le réprimer. Quelques travaux ont certes déjà révélé, épisodiquement, des cas singuliers de faux-monnayage et certains de ces aspects , voire ont proposé des pistes de recherche ; mais il n’a encore jamais été question de traiter ce phénomène dans sa globalité. Ce projet de thèse veut donc combler les lacunes d’une historiographie qui s’est seulement, jusqu’à présent, partiellement intéressée aux périodes du Moyen Âge , puis de la Révolution française , en délaissant l’époque moderne, alors que l’éclairage historique permet d’offrir des clés de compréhension au temps présent.
La question fait pourtant écho à l’actualité. En effet, en 2024, la Banque centrale européenne (BCE) va diffuser de nouveaux billets de banque libellés en euros . S’il s’agit de renouveler un stock vieillissant, l’objectif est d’incorporer à ces moyens de paiements courants des éléments techniques novateurs afin d’en rendre la falsification plus difficile. Car au regard des derniers rapports diffusés par la BCE et la Banque de France (BdF), et même si le volume de coupures contrefaites serait en diminution ces dernières années, elles n’en demeurent pas moins nombreuses, particulièrement certaines d’entre elles . Les conséquences économiques de ce crime sévèrement puni , poursuivi à l’échelle européenne et mondiale , n’ont cependant jamais été évaluées.
C’est pour cette raison que nous proposons d’étudier le faux-monnayage sous plusieurs aspects encore inédits et, surtout, en suivant l’ensemble de sa chaîne de fabrication et de distribution. Ses conditions de fabrication, l’identité de ses « fabricateurs » et de ses « distributeurs », ainsi que sa réception par les contemporains sont des aspects auxquels nous nous intéresserons. Ses conséquences économiques, sensibles et morales sur les « abusés » sont un objet de recherche nouveau dont on s’emparera ensuite pour comprendre les circuits et le poids de la circulation de la fausse monnaie.
Les bornes chronologiques choisies se situent entre le XVe et le XVIIIe siècle. On cherchera dès lors à identifier un moment de bascule - s’il existe - entre les deux périodes académiques du Moyen Age et de l’époque moderne. La fin du XVIIIe siècle, marquée par les bouleversements monétaires et juridiques de la Révolution française, est déjà retenue. Le projet se présente donc comme une étude de longue durée. L’aire géographique déterminée vise à disposer d’espaces d’observations différents afin de bénéficier d’une lecture comparatiste. Trois espaces appartenant au « nord » ont ainsi été identifiés : l’Île-de-France, où siègent les institutions centrales ; la Haute-Normandie, territoire anciennement intégré au royaume ; et un vaste Nord, choisi pour être nouvellement incorporé à l’Etat et présenter les caractéristiques d’un espace frontalier en mutation. Chacun étant limitrophe les uns des autres, cela permettra d’aborder les questions relatives aux influences, aux circulations et aux réseaux.
Il s’agira finalement de savoir si l’obsession pour le faux-monnayage, que nous pressentons au regard des actes de la législation des autorités centrales et locales, était justifiée ou non ; c’est-à-dire de faire la part de ce qui relève des représentations et de l’ampleur véritable du phénomène.