Rechercher

Paramétrage

Thèmes

Accessibilité

Accessibilité

Axes de recherche

Archéozoologie en contexte urbain

 L'agglomération se distingue du contexte rural isolé par sa densité de population. La production primaire en contexte urbain est avérée sous ce qui est appelé aujourd'hui l'agriculture urbaine. Néanmoins, l'essentiel des ressources alimentaires est  probablement produit à partir d'un réseau de sites producteurs situés dans l'espace péri-urbain. Ainsi la question de l'approvisionnement de la population urbaine est une des principales problématiques de la recherche archéozoologique. La possibilité de combiner les sources écrites et archéologiques permet de raisonner de manière plus approfondie ce qui dans le nord de la France ne concerne quasiment que les périodes récentes.

Antiquité

Les contextes urbains de l'époque romaine sont des contextes propices à l'étude de facettes diversifiées de la relation homme-animal. On peut citer les pratiques alimentaires avec un panel de consommateurs de statuts socio-économiques très variés. Les métiers de transformation des ressources animales et principalement la boucherie sont parfois renseignés par des dépotoirs à la composition caractéristique. On peut donner aussi l'exemple de la gestion des mortalités naturelles des animaux notamment des chevaux ou encore de la faune sauvage urbaine dont l'écureuil roux, le rat noir ou encore la niche d'oiseaux charognards. Cette dernière comprend le grand corbeau qui est éteint aujourd'hui dans nos régions et qui est méconnu de beaucoup aujourd'hui.

J'ai travaillé sur Lutèce dans le cadre de ma thèse puis j'ai eu la chance de travailler à Pompéi sur l'annexe du temple de Fortune Auguste et maintenant je travail sur le site de Bavay avec plusieurs opérations de fouille du forum et de ses abords ainsi qu'une domus périurbaine.

De l'époque médiévale à l'époque contemporaine

Les périodes médiévales et modernes regorgent de problématiques variées. Le croisement de données historiques et archéozoologiques relève de l'ethnoarchéologie dont un nouvel exemple a été étudié récemment à Tourcoing. José Barbieux, archéologue à la ville de Tourcoing a découvert l'été 1982 sous la place du Bourg médiéval une fosse creusée pour inhumer 116 églefins Melanogrammus aeglefinus mesurant en moyenne 49cm de longueur totale. Les plaques d'écailles et les squelette en connexion témoignent de l'enfouissement de poissons entiers probablement éviscérés au préalable. Les archives de Lille et surtout de Douai expliquent ces gestes en rapport avec la saisie de poissons impropres à la consommation et leur destruction par enfouissement. Le contrôle de la qualité des produits frais et de conserve par les égards est abondamment documentée dans les archives locales.

Les villes médiévales et modernes que j'ai pu étudiées comprennent Tourcoing, Valenciennes, Seclin, Hondschoote et Comines.

La conquête romaine et son impact sur les populations indigènes


La conquête romaine des différentes provinces laisse son empreinte sur les substrats culturels maurétaniens, gaulois ou grecques sur lesquels je travail. L'archéozoologue décèle des changements dans la composition de l'alimentation carnée, dans les techniques de boucherie ou encore dans les pratiques cultuelles.

Le dynamisme économique romain est à l'origine d'un marché et d'une  offre diversifiée. La découverte d'os de maquereau espagnol dans le nord de la Gaule interpelle car cette espèce a été importé depuis la méditerranée jusqu'à la Gaule Belgique. Ces poissons de grande taille conservés par salaison et mentionnés dans les sources écrites comme salsamenta se retrouve dans notre région à Bavay (nord) ou à Warcq (Ardennes) par exemple. Le plus surprenant est que la Mer du nord regorge de maquereaux dont on ne trouve que rarement des os sur les sites archéologiques tandis que le maquereau de Méditerranée fait son chemin jusqu'à la table des consommateurs privilégiés de provinces septentrionales. Quelle valeur ajoutée peut justifier les frais de production et d'acheminement sur plusieurs milliers de kilomètres : les épices? le mode de préparation? L'aspect exotique?

Pour parler du site de Rirha les effets de la romanisation précèdent même le début de l'époque romaine (40 ap J.-C.) sans doute en rapport avec les spécificités du règne de Juba II et ses liens avec le pouvoir romain. Au Ier s av. J-C. on voit apparaître dans la séquence diachronique d'occupation du Tell occupé depuis le Ve s av. J.-C. du poulet, du rat noir et de la souris domestique. Les deux rongeurs commensaux sont diffusés dans le sillage des déplacements des cargaisons commerciales et des mouvements des troupes dont l'accroissement peut être déduit à partir de l'apparition de ces rongeurs.

Le poulet fait partie des ingrédients indissociables de la table romaine. La conquête du Maroc, ou de la Gaule entraîne un accroissement de la part des oiseaux de basse-cour. Il s'agit là d'un marqueur des consommateurs inspirés par la culture romaine, le plus souvent une tranche privilégiée de la société souvent imitée progressivement par les consommateurs plus modestes.

Les techniques de boucherie avec le raclage de la surface des os de boeuf lors du désossage des membres et l'incision sagittale de la face viscérale des côtes sont les marqueurs du geste romain. Un contexte militaire ou rituel pourrait expliquer la singularité de cette technique et son apparition d'une extrême à l'autre de l'Empire romaine de Thasos à Rirha en passant par Bavay.

A partir des os ramassés sur les fouilles archéologiques, l'archéozoologue multiplie les observations traduisant la puissance romaine. Aucune autre culture que j'ai pu étudiée ne modifie de façon aussi spectaculaire les relations Homme-Animal sous des formes aussi diverses. L'interaction substrat autochtone - population romaine dans divers pays est une approche riche et exaltante pour le chercheur.

Il ne faut pas oublier que le scénario se déroule à l'envers après la chute de l'Epire romain. On peut discerner à partir du Ve siècle un début de recul de la taille des bovins améliorés à Villeneuve d'Ascq, un recul non significatif du point de vue statistique mais qui traduit néanmoins une défaite d'un système de production de masse particulièrement visible sur les villa romaines et qui s'estompe à mesure qu'on progresse dans le Haut Moyen Âge.

La romanisation transforme le mode de vie des populations sous l'influence de Rome. La complexité des changements nécessite une structuration des voies de recherche.

- Modification physique des animaux

En Gaule Belgique, les sites romains font apparaître une hausse de la taille des animaux, principalement des bovins. Cette hausse succède au maximum de déclin des tailles des bovins durant La Tène et le contraste paraît d'autant plus fort. Les conditions climatiques optimales constituent probablement la principale force à l'origine d'une amélioration généralisée du format des animaux. Cependant des écarts spectaculaires apparaissent d'un site à l'autre avec des performances inégalées sur les villae tandis que les fermes indigènes bénéficient d'une amélioration moins spectaculaire.

- Importation de nouvelles espèces animales

Ici on distinguera l'introduction accidentelle du rat noir et de l'escargot de Bourgogne de celle d'espèces comme le paon dont l'aspect ornemental a motivé l'importation. Certains auteurs proposent l'importation de gros bovins ou de mules sans les arguments nécessaires pour affirmer des hypothèses aux conséquences importantes. De même, l'introduction du chat domestique à cette période me semble très peu probable car l'espèce est encore trop rare et les os mis au jour peuvent très bien provenir de chats sylvestres attestés durant la préhistoire et l'âge du Fer.

 

- Nouvelles pratiques alimentaires

Incontestablement, la consommation de mollusques marins avec principalement les huîtres et les moules à une certaine distance du littoral constitue la manifestation la plus saillante de la romanisation de l'alimentation carnée à côté de la contribution plus importante du coq, de l'oie et du canard à l'alimentation quotidienne.

- Les pratiques cultuelles

Les rites celtes impliquant le sacrifice animal ont été abondamment par Patrice Méniel avec des pratiques de banquets collectifs avec enfouissement des victimes sacrificielles ainsi que la pratique de l'exposition des cadavres au sein des sanctuaires dont