Détail d'une actualité

Soutenance de mon HDR intitulée : Au coeur de l'action publique. Quand des associations s’engagent dans et pour le socio-sport. Contribution à une sociologie d’acteurs collectifs singuliers

HDR soutenue le 20 juin 2025 à l’Université de Bordeaux

Membres du jury

Anne-Cécile DOUILLET Professeure de science politique, université de Lille, CERAPS, examinatrice

Patrick HASSENTEUFEL Professeur de science politique, université de Versailles-SQY, PRINTEMPS, rapporteur

Matthieu HÉLY Professeur de sociologie, université de Versailles-SQY, PRINTEMPS, rapporteur

Marina HONTA Professeure en STAPS, université de Bordeaux, Centre Emile Durkheim, garante

Olivier LE NOÉ Professeur en STAPS, université Paris Nanterre, ISP, Président

Patricia LONCLE Professeure de sociologie, EHESP de Rennes, ARÈNES, rapporteure

Résumé

Ce mémoire d’Habilitation à Diriger des Recherches analyse, à partir d’une enquête inédite, les reconfigurations contemporaines de l’action publique dans un secteur singulier : le socio-sport. S’appuyant sur une recherche menée entre janvier 2023 et janvier 2025 auprès de trois associations socio-sportives engagées dans le consortium Impact social par le sport (ISS), ce travail met au centre de l’analyse les interdépendances construites entre acteurs publics et acteurs associatifs, ainsi que les stratégies professionnelles et organisationnelles déployées pour répondre aux dynamiques de privatisation et d’externalisation de l’action publique.

Un premier chapitre s’attache à comprendre la perception et les attentes des institutions publiques vis-à-vis des opérateurs socio-sportifs. Les résultats montrent que la légitimité associative repose sur une combinaison de compétences techniques spécifiques, d’aptitudes relationnelles et de comportements alignés avec les normes administratives. Les associations étudiées se distinguent par leur capacité à articuler expertise et polyvalence, à inscrire leurs interventions dans une logique transversale (éducation, santé, social, insertion, sport) et à maîtriser les codes de la gestion publique. La rigueur méthodologique, la transparence dans la restitution des résultats, ainsi que l’aptitude à travailler « au service » de l’intérêt général apparaissent comme des marqueurs de reconnaissance. Ce chapitre met également en évidence l’importance des pratiques évaluatives, de la communication institutionnelle et de la formalisation des procédures dans la construction d’une image professionnelle crédible.

Un deuxième chapitre examine le rôle des associations socio-sportives comme produit et révélateur des reconfigurations de l’action publique territorialisée. L’analyse éclaire leur positionnement interstitiel et leur capacité à agir comme acteurs-pivots dans des écosystèmes institutionnels fragmentés. Les associations étudiées assurent des fonctions d’intermédiation, de courtage et de « courroie de transmission », facilitant la coordination intersectorielle et le décloisonnement des services publics. Elles contribuent à produire une intelligibilité commune autour des enjeux du socio-sport, à construire des compromis entre acteurs aux cultures professionnelles divergentes et à impulser des dynamiques partenariales inédites. Cette partie montre également que ces organisations ne se contentent pas d’opérationnaliser les politiques publiques : elles influencent leur conception, compensent les limites structurelles des administrations et participent à transformer les pratiques institutionnelles.

Un dernier chapitre se concentre sur la dynamique nationale initiée par les trois associations au sein du consortium ISS, visant l’institutionnalisation du socio-sport. Il analyse la trajectoire de cette communauté, passée d’un espace d’échange inter-associatif à une communauté épistémique. Les acteurs d’ISS développent une stratégie de reconnaissance fondée sur la formalisation de référentiels de pratiques, de compétences et de métiers, ainsi que sur la production d’outils méthodologiques pour le mouvement sportif et les institutions. La recherche scientifique, intégrée dès l’origine à la démarche, joue un rôle central dans la légitimation, l’amélioration des pratiques et la communication externe. Le chapitre met en évidence les tensions politiques et institutionnelles rencontrées, les résistances à l’intersectorialité et les alliances construites, notamment avec les organisations de la branche professionnelle du sport, pour poser les premières bases d’une filière du socio-sport.