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Jose Calderon Gil

Professeur des universités CNU : SECTION 19 - SOCIOLOGIE, DEMOGRAPHIE Laboratoire / équipe

Axes de recherche

Thèmes de recherche

  • Mes activités de recherche portent sur les thématiques suivantes :
    • l’évolution des modalités de mobilisation et de mise au travail dans des organisations de travail formelles (sociologie du travail, ethnographie du travail, travail en usine, tertiaire déqualifié, logistique, capitalisme de plateforme, gestion par des algorithmes)
    • la subjectivité au travail (constitution de collectifs de travail; la mixité au travail ; santé au travail et stratégies défensives )
    • le travail dans les économies de subsistance (division sexuelle du travail et processus de déqualification sociale ; trajectoires genrées dans les quartiers populaires ; production et distribution de compétences à des échelles familiales et communautaires ; valeurs et identités véhiculées par le travail de subsistance ; relations avec les institutions ; épistémologies du travail)
    • la production des marchés du travail internationaux dans plusieurs pays Européens (industrie des migrations intracommunautaires ; trajectoires genrées ; vie quotidienne dans les logements patronaux ; production de régimes de disponibilité ; statuts de citoyenneté ; régimes de frontière)

Une sociologie de la nouvelle émigration espagnole aux Pays-Bas (2017-…).

L’enquête ethnographique menée depuis 2017 et financée par le Ministère du travail espagnol (2017-2020) porte le regard sur ces migrations introcommunautaires suspendues à une offre de travail ajustée en temps réel et qui plus est administrée par une intelligence artificielle (un logiciel nommé ISABEL gérant en temps réel les plannings et les contrats de travail au gré du volume d’activité). L'analyse rend compte à la fois du « régime de vulnérabilité et d’incertitude » qui gouverne la vie de ces travailleurs migrants espagnols (rendus mobiles par les contrecoups de la crise de 2008), de la dureté du travail et des tâches à effectuer au quotidien, de leurs modalités d’habitat (beaucoup de ces travailleurs vivant en camping), de leur exposition au racisme (et aux logiques de concurrence avec la main-d’œuvre polonaise notamment). L’enquête rs'intéresse aux effets croisés de la libre-circulation et du contrôle des stocks de travailleurs par des algorithmes (qui dépossède en partie les RH de leur pouvoir arbitraire sur les travailleurs car y compris les coach d’équipe appliquent avant tout les exigences du logiciel). Ces types d’emplois ne sont tenables en situation qu’à partir de subjectivités au travail spécifiques qui sont déjà marquées par la précarisation expérimentée en Espagne et dans les pays d’origine. Le manuscrit offre une description des subjectivités de ces travailleurs paradoxalement souvent qualifiés et diplômés mais affectés à des tâches quasi interchangeables. Il offre une analyse de la souffrance engendrée par des modes d’organisation économique au croisement de la sociologie des travailleurs de plate-forme économique et de la sociologie des migrations contemporaines.

En 2023 nous obtenons un nouveau financement de la part du Ministère (2023-2024) qui nous permet d’élargir notre recherche à d’autres secteurs d’activités (agroindustrie et textile) et d’autres thématiques, notamment aux relations qui se tissent aujourd’hui entre la « logistification » des processus productifs (Cowen, 2014) et la « logistification des migrations » (Mezzadra, 2020), que nous analysons au travers du déploiement dans le pays de formes renouvelées de logement patronal.

Enquêtes qualitatives et quantitatives, individuelles et collectives, sur la santé au travail des personnels de l’Université de Lille (2023-…)

Il s’agit de la dernière grande opération de recherche collective dans laquelle je me suis engagé, dans la continuité de mes travaux précédents à propos de la subjectivité au travail (thèse de doctorat et ANR modernisation des pénibilités de l’emploi et du travail, sous la direction scientifique de Danièle Linhart) et des expertises CHSCT pour le cabinet Technologia que j’ai réalisé entre 2008 et 2009.

Je me sens redevable de la perspective de la psychodynamique du travail, qui cherche à penser les liens entre transformations du travail et psychopathologie du travail, mais sans tomber dans le schéma causaliste simpliste qui consisterait à penser que la santé psychique des travailleurs est exclusivement déterminée par les contraintes des situations de travail (d’ailleurs le modèle Karasek permet aisément de le montrer). Pour ce qui concerne la santé psychique, il est clair qu’entre les contraintes de travail et les troubles psychopathologiques s’interpose toujours un individu, capable de comprendre sa situation, de l’aménager, de mobiliser des défenses, etc. La question n’est donc pas seulement d’analyser les transformations du travail, mais aussi d’analyser les ressources qui sont disponibles pour aménager, composer, arbitrer entre des injonctions contradictoires, et faire face aux exigences de la situation de travail. Les interventions cliniques (2008-2009) que j’ai pu mener sont ainsi orientées vers la libération d’une parole sur le travail et ses difficultés, plutôt que vers l’adoption d’une démarche d’expert qui propose des préconisations de transformation du travail et de l’organisation à partir de sa seule expertise.

L’actuelle enquête a été commandité par le COMP de l’Université de Lille et a permis la composition d’une équipe de recherche composée par des collègues sociologues et politistes du Clersé et du Ceraps, essentiellement (Anne Bory, Fabien Eloire, Séverin Muller, Marie-Aude Depuiset, Vianney Schlegel, Mélanie Roussel, François-Xavier Devetter, Léo Perrette, Manuel Schotté, Perrine Hanicotte).

Cette enquête vise à produire des données quantitatives et qualitatives sur la santé au travail des personnels de l’université de Lille (8000 agents). Une première phase exploratoire a déjà été lancée, elle a permis de mobiliser des étudiant.e.s de deux parcours de master sociologie (master META et master ENSP) qui prennent en charge une enquête qualitative et quantitative dans deux des facultés de l’université.

L’enquête à proprement parler a demarré en septembre 2024. Elle s’appuie sur des méthodes diverses (entretiens individuels, entretiens collectifs, observations directes, traitement secondaire de données, production de données quantitatives par questionnaire), sur un ensemble d’unités de travail représentatives de la grande diversité de métiers, de fonctions et de statuts présents dans notre établissement. Elle permettra le recrutement de trois postdoctorant.e.s.