Depuis environ dix ans, les controverses sur l’enseignement musulman se succèdent dans les agendas médiatiques, politiques et législatifs. Les écoles musulmanes, transformées en véritable problème public à résoudre, se retrouvent prises dans une tension entre la volonté d’être perçues comme des écoles « comme les autres » tout en s’efforçant d’affirmer une spécificité. Selon un oxymore très parlant, elles veulent être « différentes, comme tout le monde ! ». C’est cette tension que le travail mené entre 2016 et 2021 a cherché à analyser. Après avoir historicisé la catégorie école musulmane et sa construction comme problème public, j'ai documenté la diversité interne au sein des établissements musulmans.

À partir d’une enquête par entretiens et par observations la thèse s’est intéresse à la manière dont les écoles sont traversées par deux mouvements, le premier de respectabilisation, le second de distinction. Cette tension transparait aussi bien dans les choix quotidiens opérés en classe par les enseignantes que dans les orientations des établissements à moyen et long terme. Opter pour un réglage en faveur de la distinction, voire de l’irrespectabilité se révèle coûteux pour les écoles musulmanes, d’autant plus après le passage de la loi Gatel (2018) et de la loi renforçant le respect des principes de la République (2021). À l’inverse, prendre le parti de la respectabilisation en vue d’obtenir un passage sous contrat avec l’État ne signifie pas que l’entreprise soit toujours couronnée de succès. Pour des raisons tout autant politiques qu’économiques, la contractualisation des écoles musulmanes est aujourd’hui à l’arrêt.

Ce travail fait l'objet d'une publication à paraître en 2025 aux Presses universitaires de France. 

Si de nombreuses enquêtes s'intéressent au prcessus de socialisation de jeunes enfants dans le cadre familial ou scolaire, ces travaux documentent peu les manières d'être, de faire et de transmettre la religion entre les générations. Il convient de documenter de manière fines comment on intègre des dispositions religieuses, mais aussi de quelle façon les engagements religieux (ou leur absence) produisent, révèlent des mécanismes de hiérarchisation sociale.

Les recherches menées lors de l'enquête de terrain pendant la thèse ont permis de mettre à jour les processus de transmission de la religion musulmane au sein des écoles privées musulmanes conçue comme un véritable espace de socialisation islamique. Ce travail a également fait l'objet d'un rapport intitulé "L’instruction religieuse islamique dans les écoles primaires musulmanes. Ethnographie d’une offre sous surveillance" pour le Bureau Central des Cultes en 2024. 

Dans le cadre du contrat postdoctoral au sein du Ceraps je mène une enquête par monographie de familles auprès de familles de confession musulmane résidant en Île-de-France. Je m'intéresse en particulier aux processus de socialisation en train de se faire, par le biais notamment d'usages d'une littérature jeunesse confessionnelle et de ressources numériques, en particulier de réseaux sociaux pensés par et pour des familles musulmanes.

Ces recherches ont donné lieu à une journée d'étude intitulée "Usages des pédagogies nouvelles dans l’enseignement religieux". Co-organisée avec Marie-Laure Boursin elle s'est tenue le 5 juin 2024 sur le Campus Condorcet.

Ces réflexions seront également au coeur de deux sessions croisées intitulées "La socialisation religieuse dans l'enfance" co-organisée avec Émilie Grisez lors du Congrès de l'AFS les 08 et 10 juillet 2025 à l'Université Jean Jaurès de Toulouse.