David Alain Mouloungui
Axes de recherche
Axes de recherches : Histoire contemporaine, coloniale, militaire, administrative, institutionnelle, et sociale de la police.
Présentation de la thèse
Cette thèse s’inscrit dans une approche d’histoire administrative et sociale de la police gabonaise. Elle analyse, sur la longue durée (1890-1980), la genèse, l’évolution et la professionnalisation des forces de police au Gabon, depuis la période coloniale jusqu’aux premières décennies de l’indépendance.
Dans un premier temps, le travail s’intéresse au cadre institutionnel de la milice coloniale au Gabon entre 1890 et 1908. Il met en lumière les modalités d’organisation, les missions assignées à cette force et les conditions d’exercice du maintien de l’ordre dans un contexte de domination coloniale. Cette analyse permet de comprendre les fondements coercitifs et administratifs sur lesquels se construisent les premières formes de police dans la colonie.
La thèse examine ensuite le cadre socioprofessionnel des agents africains intégrés à la garde régionale à partir de la création de l’Afrique Équatoriale Française (AEF) en 1910, jusqu’en 1946. Elle s’attache à étudier le recrutement, le statut, les conditions de travail, ainsi que les trajectoires professionnelles de ces agents, en soulignant les logiques de hiérarchisation raciale et administrative propres au système colonial.
Un tournant majeur est analysé avec la création de la police municipale au Gabon en 1946, consécutive à la mise en place des communes mixtes. Cette période marque l’apparition formelle de l’« unité de police » et l’amorce d’une structuration plus institutionnalisée des forces de police. L’étude des dossiers de personnel permet d’aborder les dimensions sociales, professionnelles et carriéristes des agents de police, en mettant en évidence les mécanismes de promotion, de mobilité et de contrôle administratif.
La formation des agents de police occupe également une place centrale dans cette recherche. La thèse analyse les différentes structures de formation policière en période coloniale, notamment l’école de formation établie à Brazzaville, capitale de l’AEF. Elle étudie les programmes d’enseignement, les matières théoriques dispensées, ainsi que les examens et concours permettant l’accès aux grades supérieurs.
Pour la période postcoloniale, le travail porte sur les normes institutionnelles encadrant la police gabonaise après l’indépendance. Il analyse la gestion administrative de l’institution policière par des officiers français dans le cadre des accords d’Évian, avant le transfert progressif des responsabilités à des cadres gabonais. À cet égard, l’année 1964 constitue un moment clé, avec la nomination de Léon Mébiame comme premier officier de police gabonais à la tête de l’institution. La thèse étudie également les carrières professionnelles des agents de police gabonais entre 1964 et 1970, dans un contexte de nationalisation progressive de l’appareil sécuritaire.
En définitive, cette recherche ne vise pas à analyser ce que fait la police, mais à comprendre ce qu’est la police. Elle propose une étude approfondie des trajectoires socio-professionnelles des policiers gabonais durant les périodes coloniale et postcoloniale, en mettant en lumière les processus de construction, de transformation et de légitimation d’une institution centrale de l’État.