Axes de recherche
Domaines et thèmes de recherche
Sociologie de l'action publique : sociologie des administrations, sociologie des publics, sociologie du personnel politique, sociologie de l'expertise, sociologie du monde associatif
Sociologie environnementale : humanités environnementales, interdisciplinarité, vivant
Politiques de biodiversité : politiques territoriales de biodiversité, protection des espaces naturels, gestion savante, gestion des espèces, politiques d'aménagement écologique du territoire
La fabrique territoriale des politiques de biodiversité (résumé de thèse)
Depuis les années 1990, la crise de biodiversité, en tant que disparition accélérée d’espèces et d’écosystèmes en raison des activités anthropiques, devient un problème public et plusieurs politiques se développent sur le territoire du Nord-Pas-de-Calais. Elles prennent la forme de politiques de connaissance scientifique, d’aménagement du territoire ou encore de gestion savante (introduction d’espèces, gestion d’espaces naturels). À partir d’entretiens et de l’étude d’archives institutionnelles, cette thèse étudie les processus politiques et administratifs de mise en politique de la biodiversité sur un territoire d’échelle régionale. L’analyse se situe à la croisée de la sociologie de l’action publique et de la sociologie politique environnementale, dans le souci d’intégrer les caractéristiques biologiques et comportementales du vivant à l’étude de la fabrique des politiques de biodiversité.
La thèse met en exergue le rôle structurant de l’expertise scientifique et du cadrage naturaliste dans les politiques de biodiversité, les dispositifs de gestion écologique étant co-produits par les acteurs politiques, administratifs et associatifs du territoire. Elle montre également un processus de chosification du vivant qui s’explique par l’hétéronomie des politiques du vivant : les contraintes politiques et administratives non liées à la préservation du vivant pèsent en effet fortement sur l’élaboration de ces politiques. Pour autant, l’étude des interactions entre la mise en œuvre des politiques de biodiversité et le vivant met au jour des réactions de certaines espèces, qui rappellent que le vivant n’est pas réductible à sa chosification. Enfin, l’étude de l’organisation politique et administrative des politiques de biodiversité donne à voir la sectorialisation différenciée du problème intersectoriel de la crise de biodiversité et met en avant les difficultés politiques des acteurs territoriaux à représenter le vivant et à en défendre les intérêts sur la scène politique. Cette recherche est non seulement une contribution à l’analyse de la fabrique politico-administrative des politiques territoriales, elle participe aussi d’une réflexion sur l’épistémologie de la sociologie politique pour étudier les politiques environnementales.
La gouvernance de la biodiversité dans le cadre du Canal Seine Nord Europe
Le projet INFLUBIO (prog. Ittecop, ministère de l'écologie) étudie comment les dispositifs de prises en compte de la biodiversité sont appréhendés par les acteurs investis dans le projet du Canal Seine Nord Europe à partir d’un travail sur les catégories qui servent à gouverner les réalités matérielles (les zones humides, les espèces protégées, les espaces boisés, etc.) que nous appelons des motifs.
Il ressort de cette enquête que les acteurs perçoivent la biodiversité à la fois à travers des réalités environnementales inscrites dans le droit (motifs institués) et d’autres réalités (contours en débat) liées au projet dont la définition (temporalité, ampleur, emplacement, contour) pose problème parce qu'elles pourraient impacter des motifs institués ou qu’elles suscitent selon les acteurs espoirs ou inquiétudes.
Notre analyse a permis de classer ces préoccupations selon le type d’acteurs, leurs intérêts et leurs positionnements vis-à-vis du projet (pour, contre, en négociation).
En tenant compte des interdépendances entre ces motifs et contours en débat, nous avons construit trois scénarios d’alerte sur la biodiversité qui soulignent les incertitudes sur le coût de l’entretien de la biodiversité construite, les incertitudes sur les ressources en eau face au changement climatique et le risque d’un effet rebond sur le trafic routier et l’agriculture intensive.