Claire Dubois
- FACULTE DES LANGUES, CULTURE ET SOCIETES
- DEPARTEMENT D'ETUDES ANGLOPHONES - ANGELLIER
Présentation
Agrégée d’Anglais, MCF HDR en Etudes Irlandaises
Mes thématiques de recherche portent sur les représentations et la construction identitaire de l’Irlande, notamment depuis le XVIIIe siècle. Depuis plus de dix ans, je me suis attachée à explorer les différentes représentations de l’Irlande à l’étranger et plus particulièrement dans les îles britanniques et en France. L’image sans cesse remaniée de l’Irlandais comme Autre est à envisager dans le cadre de la construction nationale et identitaire en Grande-Bretagne et en France, l’Irlandais servant tantôt de modèle (comme Daniel O’Connell dans les années 1840 en France) tantôt de repoussoir aux autres nations européennes. Mes recherches portent également sur la formation de l’identité ou des identités irlandaise(s) dans le cadre de ces représentations venues de l’étranger et/ou en réaction à celles-ci. Cette étude est faite dans une perspective d’histoire des idées à partir d’un corpus transdiciplinaire à la croisée de l’histoire des représentations et de la presse, de l’histoire de l’art et de l’architecture, de la littérature et de la culture matérielle et architecturale.
Mon travail s’inscrit dans le cadre interculturel des liens entre l’Irlande et l’étranger et englobe les grandes thématiques suivantes : représentation de l’autre et identité nationale, art et politique, consensus et dissidence. Il s’agit d’interroger, à travers une étude des productions artistiques, les mutations identitaires à l’œuvre en Irlande en réaction à l’idéologie dominante et/ou consensuelle, qu’elle soit imposée par le pouvoir britannique ou par les nationalistes irlandais. La rencontre avec l’Autre constitue également un thème central de même que la redéfinition de soi qu’elle implique. Le processus de création artistique est envisagé comme un moyen de contester une identité qui serait monolithique et de proposer en revanche une hybridité culturelle et une subversion des normes établies. Je propose ainsi de comprendre ces processus de création comme un refus de se plier à l’idéologie et au consensus dominants et de l’étudier dans son rapport avec des derniers.
L’étude des processus de création artistique m’a conduite à puiser dans un corpus varié et transdisciplinaire, allant de la production littéraire au sens large (historiographie, traités esthétiques, récits de voyage, presse périodique, romans) à une grande variété d’images (peintures historiques, gravures, dessins de presse et autres caricatures et affiches politiques). Cela m’a amenée à étudier par exemple la place de la peinture historique irlandaise (James Barry) dans la (re)construction identitaire au moment de l’Acte d’Union de 1800 ou encore la production de caricatures de l’IRA rejetant la ratification du traité anglo-irlandais de 1920 et représentant l’Etat libre irlandais comme un vulgaire pantin du gouvernement britannique lors de la guerre civile (Constance Markievicz).
Je me suis particulièrement attachée, et cela constitue à mes yeux la spécificité de mon travail, à mettre en valeur le dialogue entre histoire des idées et des représentations, histoire de l’art et histoire sociale et politique afin de politiser et d’historiciser l’art que l’on cantonne souvent aux seules perspectives esthétiques. C’est par le biais de l’étude de productions artistiques variées que j’ai tenté de montrer l’impact des transformations politiques, sociales et idéologiques en Irlande notamment dans le cadre de sa relation avec la Grande-Bretagne et l’empire britannique de 1750 aux années 1920.