Séverine Clément Tarantino
Axes de recherche
L'oeuvre de Virgile et sa réception
Mes premiers travaux portaient sur les Géorgiques de Virgile puis sur l'Enéide. A la première oeuvre j'avais consacré un premier mémoire de recherche exploratoire combinant poétique et rhétorique. Dans l'Enéide, j'ai travaillé spécialement sur le thème de la monstruosité et sur l'écriture stylistique des monstres dans l'épopée virgilienne. Ma thèse (Fama ou la renommée du genre. Recherches sur la représentation de la tradition dans l'Enéide) était consacrée à des questions d'intertextualité dans l'Enéide et plus précisément à la façon dont cette oeuvre "représente" la tradition - l'ensemble des oeuvres antérieures qu'elle désigne comme pertinentes pour sa propre constitution et qu'elle remodèle, s'approprie, interprète au passage. "Représentation" englobe aussi des descriptions et des séquences de récit à caractère métapoétique: deux passages qui occupent une place majeure dans ce travail sont, en premier lieu, le portrait de Fama au chant 4 de l'Enéide puis les interventions de Junon dans l'Enéide et en particulier la séquence avec Junon et Allecto au chant 7 du poème.
Dans ma thèse même, autour du personnage de Fama, j'ai beaucoup travaillé sur la réception de l'Enéide dans la tradition épique ultérieure (d'Ovide aux Flaviens). Depuis lors, d'autres aspects de la réception de l'oeuvre de Virgile ont retenu mon attention, jusqu'à une réception toute contemporaine, avec notamment le cas de la littérature pour la jeunesse, et de manière à la fois plus diachronique et dialogique, en collaboration avec Florence Klein, avec la question des réceptions "croisées" de Virgile et d'Ovide.
Je me suis également intéressée de près à des traductions de l'Enéide (traductions de Perrin au XVIIème s. en particulier, traductions de Perret et Veyne pour les plus récentes).
La partie de la tradition virgilienne qui m'occupe cependant le plus depuis plus de dix ans est la tradition des commentaires virgiliens (voir infra).
Les commentaires virgiliens
Depuis la fin de ma thèse de doctorat (2006), je travaille régulièrement sur les commentaires sur l'oeuvre de Virgile, en particulier sur l'Enéide. J'ai commencé par travailler sur Tiberius Claudius Donat, dont j'ai entrepris une traduction des Interpretationes Vergilianae. Les premiers pas furent collectifs (à l'ENS LSH Lyon, quand j'y étais agrégée-répétitrice), puis j'ai continué seule, mais ce travail n'a pas encore débouché sur une publication. A Tiberius Claudius Donat, je consacre régulièrement des articles : sa cause - de commentateur mal-aimé - me tient à coeur. Depuis presque dix ans, je travaille aussi sur Servius: je travaille en collaboration avec Alban Baudou, professeur de langue et littérature latines à l'Université Laval à Québec, et nous avançons lentement mais sûrement dans la traduction avec notes du commentaire de Servius sur l'Enéide. Le livre 1 est paru en 2015 aux Presses du Septentrion; le livre 2 devrait voir le jour au cours des prochains mois. Un troisième commentateur retient très souvent mon attention et je me suis lancée, il y a quelques années et avec d'autres collègues (Charlotte Tournier, Mélanie Lucciano...), dans l'édition numérique de son commentaire virgilien, si riche et si utile. Mais notre équipe (au sein du projet TALIE) a vu ses membres se disperser, par le jeu des affectations et des mutations, et je continue de travailler avec et sur La Cerda... grâce aux numérisations de son oeuvre disponibles en ligne (y compris, pour un volume, sur le site lillois NordNum). Lire les commentaires est une passion et les traduire, un défi certain qu'il me plaît de relever, surtout en collaboration.
Femmes autrices latines
Depuis 2020, grâce à Skye Alta Shirley, fondatrice et co-directrice du Lupercal (Skye Shirley dispense aussi des cours sur le sujet dont j'ai déjà suivi deux séries) je fais lectures et recherches sur les femmes ayant écrit en latin de l'Antiquité à l'époque moderne. Dans le cadre du Lupercal, j'ai lu l'oeuvre poétique de Martha Marchina, une poétesse née à Naples en 1600 et ayant ensuite composé, sous la protection du cardinal B. Spada, entre Rome et Bologne, jusqu'à sa mort en 1648. J'ai entrepris de consacrer plusieurs travaux à cette oeuvre poétique très impressionnante. Par ailleurs, dans le cadre du projet NOTA, dirigé par Sophia He et Laura Petersen, j'ai traduit et annoté des poèmes de Martha Marchina, mais aussi d'autres poétesses qu'il est grand temps de sortir de l'oubli et de reconnaître: Caterina Imperiale Pallavicini, Jeanne Othon, Camille de Morel...
Avec Océane Puche, j'ai créé le groupe lillois du Lupercal, qui est le premier groupe français de l'association américaine et nous animons des séances de lecture (elles sont fondées sur les chapitres du De mulieribus claris de Boccace) au rythme d'une séance par mois. Nous organisons aussi des séances de travail dans le cadre du projet NOTA, au même rythme.