Mon premier axe de recherche porte sur le rapport à l'espace des personnes qui s'adonnent à ces activités, c'est-à-dire les interactions concrètes entre les pratiquants, notamment leur corps, et les composantes de l'espace, les expériences spatiales vécues à travers les pratiques, les intermédiaires qu'ils mobilisent pour évoluer dans l'espace et les représentations qu'ils posent sur les espaces de pratique. Je m'intéresse ainsi, par exemple, à la manière dont les pratiquants de sports de nature utilisent les outils numériques pour optimiser leur évolution dans les espaces naturels et comment ces outils deviennent des intermédiaires de l'expérience et de l'interaction avec la nature, à la manière dont les représentations spatiales et l'expérience in situ ou projetée des trail-runners influencent leur choix de sites de pratique, ou encore à la manière dont les traceurs et les explorateurs urbains construisent une relation corporelle, symbolique et politique  singulière avec l'urbain et comment celle-ci renseigne de la possibilité de rapports à la ville alternatifs à la tendance dominante fonctionnaliste et capitaliste.

Mon deuxième axe de recherche porte sur la rencontre des usages différents d'un même espace, qu'il s'agisse de la rencontre de pratiques de loisir différente comme de la rencontre de pratiques de loisir avec d'autres formes d'usage (commerce, déplacements, etc.). La question centrale est celle de la compréhension de l'être et du faire ensemble avec les différences au sein d'un même espace. Je me focalise donc sur l'identification, la localisation et la quantification des situations de rencontre des usages différences, sur les tactiques et stratégies mis en place par les pratiquants dans les situations de co-présence spatiale, par anticipation, par adaptation et par improvisation, sur les régulations imposées par les acteurs détenteurs de pouvoir, que celui-ci soit administratif, de police ou bien symbolique, social, etc. Mon attention se tourne également vers les tensions et conflits pouvant émerger des situations de co-présence et, par conséquent, vers les interactions et modes de gestion que mettent en place les différents acteurs et, enfin, aux situations qui en résultent, entre négociation, éviction, cohabitation, partage, etc. Ainsi, je m'intéresse à ce qui se joue sur l'espace public ou assimilé lorsque des traceurs ou des explorateurs évoluent en co-présence d'autres usagers. Je m'intéresse également au potentiel que peut représenter le numérique et les données produites par les pratiquants de loisirs de nature pour prendre l'ampleur de la fréquentation des espaces naturels et pour accompagner les acteurs de la gestion des espaces naturels.

Mon troisième axe de recherche porte sur la construction de territorialités récréatives à travers les pratiques sportives et/ou de loisir, à l’échelle de l'individu ou du groupe de pratiquants comme du territoire habité ou administratif. Il s'agit de comprendre, d'une part, comment les adeptes des activités parviennent à construire leur territoire récréatif à travers leur pratique individuelle mais aussi partagée avec d'autres pratiquants et, d'autre part, comment les groupes de citoyens et/ou les pouvoirs public sont en mesure de se saisir des pratiques récréatives pour faire territoire. Je m'intéresse ainsi à la manière dont la pratique d'une activité de loisir favorise la constitution de territorialités singulières pour les trail-runners à travers leurs choix de sites de pratique et les mobilités associées ou comment les adeptes des loisirs issus des cultures urbaines produisent des territoires alternatifs composés de hauts-lieux dans les espaces dépréciés du plus grand nombre et considérant le caractère déviant de leur activité. Je m'intéresse également à la manière dont ces pratiques pourraient être davantage intégrées dans la production des territoire par les pouvoirs publics, notamment dans une perspective d'attractivité territoriale et touristique, que ce soit par un urbanisme favorisant les pratiques sportives et culturelles en ville, par l'accompagnement des loisirs sportifs de nature sur leurs espaces de prédilection ou par la reconnaissance et la mobilisation des loisirs issus des cultures urbaines comme des ressources territoriales.