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Depuis toujours, la littérature m’inspire un questionnement sur ses conditions de possibilité qui n’a cessé d’animer mes recherches et mes enseignements.

Sur un plan théorique et méthodologique, les accents francophones et comparatistes de ma formation en Belgique et en France m’ont sensibilisé à la diversité sociohistorique des écritures et des langues littéraires et à leur fonctionnement intertextuel et systémique. Prenant comme point de départ les relations littéraires franco-belges, j’ai étudié les processus de légitimation tels qu’ils informent les textes de langue française (« français » et « francophones »). Depuis une vingtaine d’années, mes recherches se concentrent sur la dialectique entre la migration des écrivains francophones et leurs options poétiques. Elles tentent de serrer de toujours plus près les dimensions physiques des écritures migrantes en faisant l’hypothèse que la corporéité de ces écritures fonde une corrélation entre les corps textuels (considérés sous leur rapport lexical, thématique, discursif, narratif, etc.) et les corps des écrivains.

Cette hypothèse sociopoétique peut être étendue à d’autres corpus francophones (en l’occurrence surtout français, belges, suisses, luxembourgeois, africains et québécois) des XXe et XXIe siècles que j’examine dans leurs rapports avec les corps de leurs auteurs tels qu’ils s’inscrivent dans des configurations sociales et historiques, notamment littéraires. L’analyse des textes est alors celle des traces scripturales d’un corps reconnu comme écrivain et envisagé non pas comme un corps-enveloppe, mais comme un corps humanisé, socialisé et notamment littérarisé depuis sa naissance. Mes travaux développent ainsi progressivement une méthode de lecture « corpopoétique » qui intègre le corps comme opérateur scriptural, ouvrant ainsi la voie à une analyse « corpogénétique ». Cette approche peut rendre des services à l’étude d’une grande variété de corpus, quelle que soit la position de l’écrivain au sein de la « littérature-monde en français ». La version publiée de mon HDR permettra bientôt de voir à l’œuvre ces hypothèses à l’échelle de la francophonie européenne et africaine.

Mes enseignements se sont toujours fait l’écho de ces recherches. Aussi bien en Lettres Modernes qu’en Études Culturelles, ils n’ont cessé de se nourrir de ma conviction que les littératures francophones sont des analyseurs privilégiés de la vitalité de l’art littéraire. Je les ai inlassablement placés sous le signe d’une sociologie des littératures en langue française soucieuse de mettre l’examen des conditions d’écriture au service d’une meilleure appréhension des textes comme textes littéraires. Mon itinéraire combine la souplesse due à des expériences variées et la cohérence d’un projet inséparablement heuristique et pédagogique ouvert à de multiples apports théoriques et méthodologiques, venus de la francophonie ou d’autres aires linguistiques. Depuis mes recherches doctorales complétées par l’enquête sur l’édition littéraire à la Chaire de Sociologie du Collège de France jusqu’à mes projets plus récents de recherche collective sur la corporéité des textes, en passant par mes travaux sociopoétiques sur les écritures migrantes, j’ai eu à cœur de découvrir de nouveaux corp(u)s francophones et d’élaborer des outils d’analyse (littérarisation, immigration littéraire, antinomie, corporéité littéraire, e.a.) pour mieux contribuer à éclairer la profonde complexité de la textualité littéraire.