Marc Baratin
Parcours
Après avoir été admis aux IPES, puis à l’ENS-Ulm, et avant même de me présenter à l’agrégation, j’ai découvert l’historiographie de la linguistique et les textes grammaticaux antiques en suivant les cours de Jean Collart, qui enseignait la grammaire latine à la Sorbonne. Après l’agrégation de Grammaire et une année de stage à l’École normale d’Etiolles, dans l’Essonne, ainsi qu’au lycée Claude Monet à Paris, j’ai soutenu une thèse de 3e cycle en 1977 sous la direction du successeur de Jean Collart, Pierre Flobert, qui m’avait orienté vers un auteur reconnu comme étant l’un des pivots de l’Antiquité tardive, le grammairien latin de Constantinople Priscien.
Recruté en qualité d’assistant de latin à Paris 4 en 1977, avec un enseignement qui portait sur la pratique et l’histoire de la langue à tous les niveaux, jusqu’à l’agrégation de Grammaire, j’ai pu me consacrer à l’art de présenter des choses difficiles de la façon la plus limpide possible. Parallèlement, je commençais sous la direction de Pierre Flobert une thèse d’Etat portant sur l’apparition et le développement de la notion de syntaxe dans le domaine romain. Pour mieux faire connaître ce domaine d’études, alors très nouveau, je publiais, en collaboration avec Françoise Desbordes, un volume de présentation de l’histoire de la linguistique dans l’Antiquité. Ce volume comportait de nombreux textes qui n’avaient jamais encore été traduits, et que nous souhaitions intégrer aux débats d’alors sur la linguistique : fondé sur des principes de traduction qui s’autorisaient de l’audace et du goût des innovations propres aux années 70, cet ouvrage était destiné à réconcilier les spécialistes de linguistique générale avec une histoire de leur discipline que beaucoup négligeaient, voire ignoraient.
Le fonctionnement de l’Université de Paris 4 à l’époque réservait plutôt aux Professeurs les tâches collectives, certains souvenirs de la fin des années 60 faisant peser une certaine défiance sur les membres les plus jeunes du corps enseignant, mais quand je l’ai pu je me suis présenté et j’ai été élu au Conseil scientifique de l’Université, et j’ai participé pendant plusieurs années à des jurys de concours (aux agrégations de Grammaire puis de Lettres classiques, et à l’ENS-Ulm). De même, j’ai été élu pendant cette période à la 8e section du CNU, au bureau de laquelle j’ai tout de suite appartenu, comme assesseur.
Devenu Maître de conférences en 1986, j’ai soutenu l’année suivante ma thèse d’État, qui a été publiée en 1989 aux Éditions de Minuit, avec une aide à l’édition de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Je m’attachais à y montrer que les Romains ont à plusieurs reprises, notamment à la fin de la République avec Varron, et à la fin de l’Antiquité avec Priscien, donné une interprétation originale et novatrice des analyses de type syntaxique mises en place dans le domaine grec par les Stoïciens et les grammairiens alexandrins. La grammaire scolaire, qui a servi à vulgariser et à transmettre les doctrines linguistiques jugées accessibles, n’a pas conservé ce qu’elles comportaient de plus original, qui transgressait les limites établies entre la logique et la grammaire, mais certains textes permettent de reconstituer ces théories, qui sont une des innovations des Latins.
Un poste de Professeur de langue et littérature latines étant ouvert à l’Université de Lille 3, le directeur de l’UFR de langues anciennes de cette Université, Laurent Dubois, m’a invité à le rejoindre. J’ai été élu à ce poste en 1995 et j’ai apprécié les étudiants du Nord, dont on m’avait vanté à juste titre le sérieux et l’application. Parallèlement, les travaux auxquels je participais depuis plusieurs années de façon informelle avec Jacqueline Dangel pour croiser les recherches les plus novatrices menées en littérature, en anthropologie et en linguistique dans l’étude de l’Antiquité romaine ont conduit le groupe de chercheurs impliqués à me demander de proposer au CNRS, en 2002, la création d’une structure qui permette d’organiser ces travaux : cela a été la fonction du GDR 2643 Ars scribendi, qui regroupait quinze équipes françaises et étrangères combinant leurs recherches propres dans cette perspective transversale (détails ci-dessous).
La création de ce GDR, et du GDRI qui l’a suivi, m’a permis également d’y rattacher, et ainsi de faire reconnaître, le groupe de traduction que j’avais mis sur pied à la même époque (détails ci-dessous).
Sur le plan des activités collectives, mon premier passage au CNU m’a conduit, une fois Professeur, à présenter en 1999 une liste non partisane destinée à défendre ce que je crois être l’intérêt de l’institution universitaire. Élu président de la 8e section pour les années 2000-2003, je me suis à nouveau présenté en 2007 et j’ai été à nouveau élu président de la section pour les années 2008-2011.
Activité scientifique
Mon activité scientifique a été essentiellement consacrée à l’histoire des théories linguistiques dans l’Antiquité romaine. Lorsque Jean Collart m’a fait découvrir ce domaine, au début des années 70, la linguistique était la discipline majeure dans le paysage des sciences humaines, mais elle se pensait de naissance récente, tout entière issue des réflexions de Ferdinand de Saussure, et elle tenait les écrits antérieurs pour des normes d’usage à destination scolaire, ou pour des réflexions philosophiques ou logiques, mais sans que le domaine propre de l’étude de la langue ait été défini, et donc sans qu’ait été constitué l’objet de la linguistique comme discipline autonome. Mes débuts ont été déterminés par ce contexte : convaincu de l’intérêt et de la portée des textes antiques que je découvrais, je me suis fixé comme objectif de les faire mieux connaître, en procédant d’abord à une analyse rigoureuse de théories qui me paraissaient superficiellement examinées.
À la fin de ma thèse de 3e cycle, qui portait sur les livres de l’Ars Prisciani consacrés à l’analyse syntaxique, j’ai commencé à réunir les autres documents qui relevaient d’une analyse de ce type dans l’Antiquité romaine, et leurs antécédents grecs, en concentrant notamment mon attention sur les doctrines linguistiques stoïciennes, auxquelles j’ai consacré de nombreux articles et chapitres d’ouvrages, ainsi qu’à leur écho dans les analyses latines, notamment chez Varron et chez les grammairiens proprement dits. Parallèlement, je m’engageais dans la traduction de textes fondamentaux, fût-ce en extraits, pour montrer que la linguistique avait bel et bien une histoire. La traduction de ces textes, qui parfois n’avait encore jamais été faite en français, voire dans une langue moderne (ainsi du De lingua Latina de Varron, ou du De dialectica et du De Magistro d’Augustin d’Hippone) a abouti à la publication, en collaboration avec Françoise Desbordes, et avec la participation de Philippe Hoffmann et d’Alain Pierrot, du volume publié en 1981 chez Klincksieck, L’analyse linguistique dans l’Antiquité classique.
Ces travaux m’ont donné les moyens d’aborder le sujet de ma thèse d’Etat, qui portait globalement sur l’analyse syntaxique dans l’Antiquité romaine. J’ai poursuivi dans ce travail trois objectifs, qui sont ceux de toute ma recherche en matière d’histoire de la linguistique antique. D’abord, « remettre de l’histoire », c’est-à-dire redonner toute sa place à la chronologie, là où les excès de la Quellenforschung avaient abouti à une sorte de perception synchronique de la linguistique antique : à la suite de K. Barwick, on avait fini par voir dans les grammaires scolaires du 4e s. de notre ère la reproduction à l’identique des analyses de l’ancien stoïcisme – de 7 siècles antérieures ! Il fallait opérer un redressement de perspective, indispensable pour interpréter correctement la structure des grammaires scolaires latines tardives. Ensuite, redonner leur sens à des analyses considérées jusque là comme puériles ou absurdes : c’est le cas par exemple de la classification des modes par Varron ou de l’organisation des conjonctions par les grammairiens latins, et plus généralement d’innombrables analyses de détail. Enfin, rendre aux Romains leur place et leur rôle, en cessant de les considérer comme de simples véhicules des doctrines de leurs prédécesseurs grecs : alors que ces derniers, quels que soient leurs incontestables mérites, ne considéraient que leur langue, les Latins, par force, ont créé un effet de perspective en confrontant à leur langue les théories inventées pour le grec, et cet effet a engendré, de Varron à Priscien, toutes sortes d’innovations.
Alors que je poursuivais dans cette voie à la suite de ma thèse, un déséquilibre apparu dans les années 90 m’a donné un nouvel élan. À la suite des traductions de Jean Lallot, les principaux textes grammaticaux grecs se sont trouvés accessibles en français, alors que ce n’était le cas pratiquement d’aucun des textes grammaticaux latins, pourtant très nombreux et d’une importance essentielle dans la formation de la pensée grammaticale médiévale et moderne. Il m’a paru indispensable de permettre l’accès à ces textes.
Le groupe Ars Grammatica
Dans la perspective d’un programme d’édition des grammairiens, j’ai réuni à partir de 2002 les quelques collègues susceptibles de participer directement à ce programme, pour mettre au point des procédures communes. La convergence de cette pluralité de regards, de cette diversité d’expériences et de modes d’interrogations, s’est révélée fructueuse. Souhaitant expérimenter les principes qu’ils se fixaient, les membres de ce groupe ont entrepris de prendre comme texte d’application l’une des œuvres les plus riches, mais aussi l’une des plus difficiles d’accès, l’Ars Prisciani. L’équipe ainsi constituée, d’abord informelle, puis agrégée au GDR 2643 Ars scribendi à partir de 2004, et rattachée à ce titre à l’UMR 8163 STL (Savoirs, Textes, Langage, Univ. de Lille), s’est constituée en octobre 2008, pour les besoins des contrats d’édition signés avec la maison Vrin, en association (loi de 1901) ayant son siège social à l’Université de Lille, sous le nom Ars grammatica – que je préside depuis sa création. Cette équipe comporte dix chercheurs (neuf depuis le décès de Louis Holtz, alors directeur honoraire de l’IRHT) : Frédérique Biville, Pr. émérite Univ. Lumière Lyon 2 ; Guillaume Bonnet, Pr. Univ. de Bourgogne ; Bernard Colombat, Pr. émérite Univ. Paris Cité ; Alessandro Garcea, Pr. Sorbonne Univ. ; Madeleine Keller, Pr. émérite Univ. Paris Ouest ; Diane Marchand, prof. agrégée HDR ; Jean Schneider, Pr. émérite Univ. Lumière Lyon 2 ; Séverine Touchard-Issaeva, Mcf Univ. de Lille. Les premiers travaux de cette équipe (la traduction commentée du livre 15, De aduerbio de l’Ars Prisciani) ont paru en 2005 dans la revue Histoire Epistémologie Langage (XXVII, 2), puis nous avons pris la décision de traduire l’ensemble de l’œuvre majeure du grammairien Priscien, qui, malgré son importance dans l’histoire de la culture occidentale, n’a pas encore été traduite dans une langue moderne, sinon par morceaux limités. Cette décision a entraîné le choix difficile, mais à mon avis inévitable, de considérer que par rapport à cette traduction, l’établissement du texte n’était pas le plus urgent : cet établissement serait un travail considérable étant donné le nombre de manuscrits (plus de 800 !), sans être forcément fructueux, l’édition de référence des Grammatici Latini, due à Martin Hertz, étant reconnue comme de bonne qualité (et l’on a pu constater encore récemment qu’un travail d’édition mené avec beaucoup de compétence et de soin par une collègue italienne pour une partie du livre 18 ne s’est écarté finalement que sur des points secondaires de l’édition de Hertz). Ce choix méthodologique nous a orientés vers l’éditeur Vrin, déjà responsable de l’édition des textes du grammairien grec Apollonius Dyscole. De cette traduction annotée de l’Ars Prisciani, cinq tomes ont paru entre 2010 et 2023, représentant les livres 8 (le verbe, 1re partie, caractères généraux) ; 11, 12, 13 (le participe et le pronom, sc. les parties hybrides) ; 14, 15, 16 (la préposition, l’adverbe, la conjonction, sc. les invariables) ; 17 (le premier des deux livres de syntaxe) ; 18 (le second livre de syntaxe, le plus volumineux et le plus complexe de l’ensemble du traité). Le sixième tome, consacré aux livres 2, 3, 4, 5 (le nom, 1re partie, caractères généraux) est en cours de réalisation. Il s’agit d’un vrai travail commun, ce qui demande de la méthode et une direction rigoureuse du groupe : à partir d’une pré-traduction que je prépare en amont, les séances bimensuelles du groupe aboutissent le plus souvent à de très intéressantes modifications, la combinaison des points de vue de chacun et la diversité des spécialités représentées apportant toujours plus de poids et de consistance à cette traduction, et aux commentaires qui l’accompagnent.
Le GDR Ars scribendi et le GDRI CLARo
Mon intérêt pour le travail collectif et ma conviction que la diversité des points de vue a un effet non pas additionnel mais multiplicateur m’ont conduit à chercher à établir des ponts avec d’autres spécialités. C’est pourquoi j’ai participé dès l’origine aux travaux de Jacqueline Dangel, qui souhaitait confronter et appliquer aux textes latins les courants d’analyse littéraire et linguistique les plus récents, en centrant son attention sur la rhétorique. Cette démarche m’avait d’autant plus attiré que je m’étais déjà intéressé aux liens entre grammaire et rhétorique dans l’Antiquité romaine, indispensables pour saisir la formation de la grammaire comme discipline spécifique. À la suite de ces travaux, et d’un commun accord avec l’ensemble du groupe informel ainsi réuni, j’ai déposé en 2002 auprès du CNRS la demande de GDR qui donnait à ce groupe une forme institutionnelle. À la suite de l’accord du CNRS, j’ai dirigé pendant deux quadriennaux, du 1/1/2003 au 31/12/2010, le GDR 2643 Ars scribendi : diachronie des formes et genres littéraires dans le monde romain. Ce GDR, rattaché d’abord à l’UMR 7597 HTL (Histoire des théories linguistiques, Université de Paris 7), puis à partir de 2007 à l’UMR 8163 STL (Savoirs, textes, langage, Université de Lille), regroupait 40 chercheurs français et étrangers représentant 19 Centres de recherche (6 UMR, 10 EA, 3 centres étrangers). Comme l’ENS de Lyon venait de se créer, j’ai proposé à son directeur, Sylvain Auroux, puis à son successeur, Olivier Faron, un partenariat entre cette École et le GDR Ars scribendi, qui a permis à celui-ci de bénéficier pendant les deux quadriennaux des locaux et des infrastructures de cet établissement.
Lors du premier quadriennal, les thèmes définis étaient autonomes, et correspondaient aux intérêts dominants des différentes équipes, mais le constat s’est progressivement imposé que ces axes de recherche participaient de façon complémentaire à une problématique d’ensemble sur les identités romaines, sous l’angle notamment de la constitution des genres littéraires à Rome à partir de traditions grecques et des mécanismes de transfert d’une culture ou d’une période à une autre dans le contexte de l’acculturation et du bilinguisme gréco-latin. Le second quadriennal (2007-2010) a eu pour objectif de se concentrer sur cette dernière problématique en examinant les différents modes de réécritures (phénomènes de traduction et de transmission) par lesquels les Romains se sont approprié leurs modèles : il s’agissait de redéfinir les facteurs d’identification de la romanité, non plus dans la perspective négative d’un simple décalage par rapport au modèle grec, mais en redonnant sa vraie place à l’affirmation par les Romains de leur propre spécificité, dans ce processus d’appropriation et de distanciation qui définit le mode romain d’acculturation.
Chaque programme annuel a été l’objet des séances ordinaires de séminaire, regroupant enseignants et doctorants, et d’un colloque international annuel organisé à l’ENS de Lyon.
Les colloques du GDR ont eu pour thème :
L’écriture du juridique, 16 - 17 décembre 2003
Le lyrisme à Rome, formes et genres, 15 - 16 octobre 2004
Réécritures à Rome : dynamiques et contrastes, 14 - 15 octobre 2005
Littérature et auctorialité à Rome, 24 - 25 novembre 2006
Acculturation des concepts et motivation terminologique à Rome, 26 - 27 octobre 2007
Historia et persona : une spécificité romaine ? 17 - 18 octobre 2008
Du fait littéraire à la littérature : transferts de normes, 23 - 24 oct. 2009
Comment on édite les textes anciens, 5 - 6 novembre 2010.
La diversité et la complexité des recherches que j’ai été amené à organiser et à harmoniser dans ce cadre ont servi en quelque sorte de fond orchestral à ce qui restait l’objet principal de ma recherche, et m’ont permis de mieux mettre en perspective certaines problématiques développées par les grammairiens : c’est le sens notamment de mon article de 2011 (n° 50) sur les figures de Priscien, qui établit un lien entre les traités de rhétorique hellénistiques et la formation de la notion de « syntaxe d’accord » dans les grammaires modernes.
Au fil des recherches croisées menées dans le cadre du GDR 2643, il est apparu qu’une difficulté réapparaissait constamment, à de multiples niveaux de nos travaux et quels que fussent l’angle d’approche et les spécialistes impliqués : qu’est-ce qu’un texte littéraire, et quelles réponses les Romains ont-ils apportées à cette question ? Comment et à partir de quels éléments l’Antiquité romaine a-t-elle élaboré, mis au point et articulé les critères en fonction desquels un texte est perçu et défini comme littéraire, quels que soient par ailleurs son origine, sa destination, ses thèmes, son public, sa fonction ? Comment se distinguent ce qui relève proprement du littéraire et ce qui appartient aux autres domaines, philosophique, historique, pédagogique, religieux ou autre ? Comment analyser les points de jonction ou de fracture, les interactions ou les contradictions entre ces plans ?
Quelques-unes des équipes qui avaient participé au GDR se sont associées pour tenter de répondre à ces questions : l’UMR 8163 STL (Univ. de Lille 3), l’UMR 7041 ArScAn (Univ. de Paris Ouest), le Laboratoire de linguistique textuelle et de pragmatique cognitive (Univ. libre de Bruxelles), le Centro di Studi Retorici e Grammaticali (Univ. de Bologne). Le projet que j’ai présenté en 2010 a été accepté par le CNRS au début 2011 et a pris la forme du GDRI CLARo (Groupe de recherche international Le concept de littérarité dans l’Antiquité romaine).
Le premier colloque du GDRI CLARo a eu lieu à l’Université de Paris Ouest les 18-19 novembre 2011 sous le titre Avènement et reconnaissance de la littérarité dans l’Antiquité romaine ; le second a eu lieu les 9-10 novembre 2012, à l’Université Lille 3 Charles de Gaulle (Faire œuvre dans l’Antiquité grecque et latine).
Cependant, à la fin de cette même année, le départ en retraite de Lucia Calboli, de l’Université de Bologne, et de Marc Dominicy, de l’ULB, dont les postes n’ont pas été renouvelés, a bloqué le fonctionnement du GDRI, le CNRS ayant refusé que cette structure comporte autant d’équipes que le GDR Ars scribendi, ce qui aurait permis sa prolongation.
La revue Interférences
Lors de la création du GDR 2643 Ars scribendi, j’ai mis sur pied avec Bruno Bureau (Université de Lyon 3) la revue en ligne Interférences (http://interferences.revues.org/). Cette revue a pour vocation de restituer dans sa globalité le phénomène de l’écriture à Rome : replacer le corpus scripturaire par rapport à ses enjeux de production en le réinsérant dans ses conditions d’apparition, reconstituer le statut que se reconnaît et réclame l’auteur vis-à-vis de sa propre production, définir les mécanismes de relecture / réécriture qui régissent les relations aux œuvres antérieures, mettre en évidence les théorisations, implicites et explicites, dont ces textes ont fait l’objet. Cette revue a d’abord fait l’objet d’une convention de partenariat entre le GDR et l’ENS de Lyon, et les 6 premiers numéros ont paru sous le régime de cette convention. Des difficultés techniques que l’ENS n’a pu résoudre ont cependant interrompu pendant plusieurs années la parution de la revue, que nous avons finalement retirée de l’ENS de Lyon, et qui est maintenant l’objet d’une nouvelle convention, entre l’UMR STL de l’Université de Lille et l’UMR HiSoMa de Lumière Lyon 2. La publication a repris en 2012, mais a été interrompue par l’épidémie de coronavirus de 2019.
Autres réalisations scientifiques
Parmi les colloques auxquels j’ai participé ou que j’ai organisés, deux me tiennent particulièrement à cœur :
– le colloque international Alexandrie ou la mémoire du savoir, Paris, ENS Ulm, 7 et 8 juin 1993, que j’ai co-organisé avec Christian Jacob (CNRS), pour la BNF. Ce colloque, le premier organisé à l’occasion de la création de ce qui était alors appelé la « Très Grande Bibliothèque », portait sur les effets intellectuels induits par la création de très grandes bibliothèques à partir de l’exemple de la bibliothèque d’Alexandrie, dont la création est à l’origine de la philologie. Ce colloque a donné lieu à la publication du volume Le pouvoir des bibliothèques. La mémoire des livres en Occident, Marc Baratin et Christian Jacob éd., Paris, Albin Michel, 1996, 338 p.
– le colloque international Priscien, qui s’est tenu à l’ENS de Lyon, du 10 au 14 octobre 2006, et que j’ai co-organisé avec Louis Holtz (CNRS-IRHT) et Bernard Colombat (Univ. Paris Diderot). Ce colloque a réuni 50 chercheurs, dont une majorité d’étrangers. C’était le premier colloque organisé sur cet auteur, aujourd’hui reconnu comme une interface essentielle entre le monde grec et le monde romain tardif, entre le monde antique et le monde médiéval, et comme le principal passeur grâce auquel une dimension essentielle de la culture antique, l’analyse de l’organisation du langage, a pu être transmise. Les travaux de ce colloque sont la base d’un ouvrage collectif sur Priscien qui présente un panorama général de la recherche de l’époque concernant cet auteur : Priscien : transmission et refondation de la grammaire, de l’Antiquité aux Modernes, Marc Baratin, Bernard Colombat, Louis Holtz éd., Turnhout, Brepols (Studia Artistarum, 21), 2009, 788 p.