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Succéder à Théodose II. Le gouvernement d’un Empire sous Marcien et Pulchérie (450-457)

Le 26 juillet 450, Théodose II fit une grave chute de cheval et mourut deux jours plus tard, sans avoir préparé la succession d'un règne qui avait débuté quarante-deux ans auparavant (le plus long règne de l’histoire romaine depuis l’établissement de l’Empire par Auguste !). Près d’un mois plus tard, un officier thrace de la garde impériale, Marcien, fut proclamé empereur le 25 août 450 à l’instigation du maître des milices Aspar et de la sœur du défunt Auguste, Pulchérie. Pour assurer la continuité dynastique théodosienne, cette dernière épousa le nouvel empereur et régna à ses côtés, avec une grande influence notamment sur le plan religieux, jusqu’à sa mort en 453.  

Le règne de Marcien n’a fait l’objet que de très peu d’études et jamais de manière exhaustive, ce à quoi nous souhaitons remédier. Il est, d’ailleurs, perçu d’une manière « manichéenne » : soit renouveau de l’Empire grâce à un empereur doté de toutes les vertus, soit un règne catastrophique d’un vieillard. Cette vision binaire doit nécessairement être dépassée afin de pouvoir appréhender au mieux cette période centrale pour l’Empire romain tardif. Ce dernier, en plus des querelles religieuses permanentes, était directement sous la menace hunnique depuis plusieurs décennies. Pour résoudre ce problème, Marcien rompit, par exemple, avec la politique de son prédécesseur en cessant d’offrir un tribut aux Huns. Cette décision, considérée dans l’historiographie comme remarquable ou au contraire insensée, a eu notamment pour conséquence ultérieure de tourner Attila et son peuple vers la partie occidentale de l’Empire.  

Seuls les aspects religieux du règne de Marcien et de Pulchérie, en raison du Concile de Chalcédoine qui eut lieu sous leur gouvernement, ont fait l’objet de recherches approfondies. Si notre thèse ne compte pas faire l’économie d’une étude de ce fameux concile, de ses causes et de ses suites, notre intérêt portera davantage sur les aspects politiques de celui-ci plutôt que sur les questions théologiques.  

Notre travail ne compte pas non plus s’affranchir d’une histoire factuelle de la période 450-457 mais il ne doit pas s’y cantonnera pas. Notre objectif est de présenter, à partir du bilan de l’état de l’Empire au 28 juillet 450, de manière la plus exhaustive possible, le règne du couple impérial Marcien-Pulchérie, c’est-à-dire d’étudier, pendant leur règne, les affaires étrangères, la relation avec l’Empire d’Occident, les affaires religieuses, mais aussi l’administration et les affaires intérieures. L’aspect du couple est d’ailleurs central dans notre projet de recherches, car si certains duos impériaux, tels qu’Auguste et Livie ou encore Justinien et Théodora, ont font l’objet de plusieurs travaux, ce n’est pas le cas pour Marcien et Pulchérie.  

Devenu empereur à l’âge de sept ans seulement, Théodose II a renforcé la centralisation de la classe dirigeante par le biais d’un accroissement de la cour lié à une augmentation des charges et des dignités au sein de l’administration impériale. Globalement, l’action politique de Théodose II a permis le maintien d’un état-major fidèle, d’une administration compétente et d’une fiscalité puissante. Notre hypothèse de départ est que Marcien et Pulchérie ont récupéré un Empire en plutôt bon état, avec une machine administrative bien huilée et ayant joué un grand rôle dans le maintien de l’Empire en Méditerranée orientale alors que des usurpations et guerres civiles faisaient rage dans la partie occidentale.  

Un Occident qui, justement, avait de moins en moins d’importance pour la partie orientale : si Théodose II avait tout fait pour maintenir l’unité de l’Empire en s’assurant, notamment, de consolider très fortement sa position de sénior par rapport à son cousin Valentinien III (425-455), Marcien ne se soucia que bien peu des difficultés de son collègue, qui, par ailleurs, le considérait comme un « usurpateur ». Cependant, il est tout de même notable que Marcien eût plutôt une bonne relation avec le pape Léon Ier (440-461) et le Sénat de Rome. 

Nos recherches s’appuieront sur des documents de diverses natures. Les sources littéraires en premier lieu, mais aussi épigraphiques, numismatiques et archéologiques. Nous savons d’emblée que les sources concernant le règne de Marcien et de Pulchérie sont à la fois partielles et partiales (notamment les sources littéraires, en fonction de la confession des auteurs). Une étude fine et critique des textes et de leurs auteurs, inhérente à tout travail de recherches en histoire, est donc primordiale pour nous permettre de distinguer entre les éléments fantaisistes d’une part et les éléments historiques d’autre part.  

Pour comprendre les relations de pouvoir et quels sont les rôles de chacun des membres de la cour (eunuques, état-major militaire, les divers préfets, etc.), un travail prosopographique s’avèrera également nécessaire. Ce dernier sera essentiel pour comprendre le fonctionnement de la cour à Constantinople et, plus largement, le type d’administration impériale développé par Marcien et Pulchérie (et aussi d’évaluer la continuité du système établi par leur prédécesseur). Ce travail pourra aussi permettre de mettre en lumière certains personnages importants aux destinées particulières. Parmi eux, on peut bien sûr penser au magister militum Aspar, au général Flavius Zénon (l’un des premiers Isauriens très influents à la cour dont l’homonyme et compatriote devint empereur en 474) ou, encore, à Anthémius, gendre de Marcien et futur empereur en Occident (467-472).