Antoine de Bourgogne (v. 1428-1504) est resté célèbre dans l’historiographie bourguignonne par son surnom de Grand Bâtard. Fils illégitime de Philippe le Bon et de sa maitresse Jeanne de Presles, c’est au sein de la fastueuse cour bourguignonne qu’il est élevé. Il faut cependant attendre la soudaine et brutale disparition de son frère aîné Corneille en 1452, pour qu’Antoine sorte de son ombre et émerge enfin des chroniques.

À partir de là, le rôle politique, militaire et diplomatique d’Antoine de Bourgogne prend un nouveau tournant et s’affirme. Sa bâtardise l’empêche en principe d’hériter de l’immense État Bourguignon qui ne fait que s’amplifier depuis sa naissance, mais cela ne constitue pas un frein pour son ascension. Il use des mêmes stratégies que les enfants légitimes pour développer son pouvoir personnel, à l’instar de son mariage avec Jeanne-Marie de la Vieville ou de son intense activité de mécène.

Aimé de son père et de son frère légitime, il devient rapidement un acteur indispensable de leurs politiques. Pour ce faire, il assure plusieurs rôles. Au nom des siens, il prend les armes et guerroie, intégrant l'ordre de la Toison d'or dont il diffuse l'idéal chevaleresque. N’est-ce pas lui que le duc de Bourgogne et le pape jugent digne de diriger ce rêve inachevé de croisade ? Pour eux, encore, il sillonne de nombreux territoires afin de parlementer et de traiter. Ce rôle de diplomate le place sur le devant de la scène européenne. Après une vie consacrée à servir fidèlement les ambitions familiales, il finit par rejoindre le parti français après la mort de Charles le Téméraire. Un ralliement à contraster puisque malgré les prodigalités des rois de France, dont sa légitimation par Charles VIII, il continue de maintenir des liens avec la Bourgogne.

Ce faisant, cette thèse s’appuie sur un riche corpus de sources, dont la majorité n’a jamais été questionné du point de vue d’Antoine. Elle se propose, au travers d’une biographie thématisée, de retracer l’itinéraire encore trop lacunaire du Grand Bâtard de Bourgogne, un homme aussi doué pour manier les armes que les mots.