Mathis Bachelot
Présentation
Je suis doctorant en 3ème année d'économie. Mon sujet de thèse, financé par l'I-Site et la région Hauts-de-France, est le suivant :
« Les effets de la transition écologique sur la qualité de l’emploi et les inégalités entre travailleurs en France », sous la direction de Mathilde Guergoat-Larivière (Clersé, Université de Lille) et Antoine Rebérioux (Ladyss, Université Paris Cité)
Résumé du projet :
La thèse porte sur les effets de la transition écologique sur l’emploi et la qualité des emplois en France, en soulevant en particulier la question de savoir si la transition écologique peut accroître certaines inégalités selon le niveau de qualification des travailleurs. Elle repose sur une approche empirique quantitative, en mobilisant des enquêtes de la statistique publique. Elle décline cet objet à différents niveaux d’analyse (travailleurs, entreprises) en prêtant attention à la manière dont les institutions à ces différents niveaux peuvent influencer le lien entre transition écologique d’une part et emploi et qualité de l’emploi et du travail d’autre part.
Les travaux sur les effets de la transition écologique sur l’emploi demeurent, en comparaison de ceux visant à évaluer ses effets sur le PIB, plus limités et se concentrent surtout sur la question de la quantité des emplois créés ou détruits, souvent sans questionner leur qualité relative ni la qualification des travailleurs les occupant. La transition écologique implique pourtant des réallocations entre secteurs d’activités et entre emplois qui peuvent amener à des recompositions de l’emploi agrégé, à la fois quantitativement et qualitativement, en termes de composition socio-professionnelle, de structure des salaires et de conditions d’emploi.
Ce projet de thèse se propose d’analyser, au niveau microéconomique (celui des travailleurs), l’évolution, en quantité et en qualité des emplois dits « verts » et « verdissants », tout en discutant la définition et le périmètre de ces emplois, ainsi que les méthodologies d'identification utilisées par la littérature. Elle s’appuiera pour ce faire sur plusieurs enquêtes de la statistique publique, notamment l’enquête Emploi, et permettra de voir si la qualité des « emplois verts » dépend en partie des régulations ou contraintes mises en place dans les différents secteurs où ils se concentrent.
Au-delà de l’analyse de la qualité des « emplois verts » au niveau des travailleurs, ce projet de thèse se propose d’évaluer, au niveau des entreprises cette fois, si les innovations environnementales mises en place ont des effets positifs sur l’emploi et la qualité de l’emploi, et pour quelles catégories de travailleurs. Les entreprises sont en effet des acteurs clés de la transition écologique mais les travaux sur les effets de leurs politiques et innovations environnementales sur l’emploi sont encore peu nombreux – absents en France – et ne fournissent pas de résultats tranchés. Il s’agira donc, sur le cas français, de caractériser tout d’abord les entreprises qui réalisent des innovations environnementales, puis d’observer dans quelle mesure cela peut influencer le nombre et la qualité des emplois créés par ces entreprises, et ce pour différents niveaux de qualification des travailleurs. La démarche empirique peut être mise en œuvre sur la base du volet français de l’enquête Community Innovation Survey (CIS) de 2020 apparié avec des données administratives françaises sur l’emploi et la qualité de l’emploi (DADS, DSN). Cette analyse permettra aussi d’éclairer la manière dont certaines politiques publiques (notamment d’aides au financement des innovations, aux échelons européen, national mais aussi régional) influent sur la manière dont les innovations environnementales affectent l’emploi et la qualité des emplois pour les travailleurs plus ou moins qualifiés.