Maîtresse de conférences à l'Université de Lille depuis 2017, mon travail de recherche se situe à l’interface entre une histoire de l’individu et de l’intime et une histoire de la prise en charge collective de populations marginalisées.

Ma thèse, consacrée aux soldats internés dans les hôpitaux psychiatriques entre 1914 et les années 1980, poursuivait deux objectifs. Le premier était de prendre l’asile d’aliénés pour terrain d’étude et d’analyser les trajectoires des poilus atteints de maladies mentales afin d'éclairer l’expérience intime de la guerre et des souffrances endurées par les soldats. Le second était d’évaluer l’impact des années de guerre sur l’évolution de l’assistance psychiatrique et donc de réfléchir, sur le temps long, au rôle du conflit dans les transformations des dispositifs institutionnels.

Depuis 2015, j'ai poursuivi mes recherches autour de 3 grands axes :

- la déshospitalisation psychiatrique aux XIXe et XXe siècles : je me suis d'abord intéressée au développement d'alternatives au modèle asilaire défini par la loi du 30 juin 1838. Mes travaux se sont notamment concentrés sur deux expériences pionnières conduites dès la fin du XIXe siècle (les colonies familiales d'aliéné.es créées dans l'Allier et le Cher ; la clinique psychiatrique départementale d'Esquermes ouverte à Lille). Je poursuis actuellement ce travail à travers l'étude d'une procédure méconnue : le signalement pour troubles mentaux. Sur la requête de proches, de voisins, de médecins, de travailleurs sociaux ou encore de commissaires de police, le signalement conduit à mettre sous surveillance des individus qui, sans être internés, sont jugés susceptibles de porter atteinte à l’ordre public et d’être un danger pour eux-mêmes ou les autres. Cette recherche a reçu le soutien de la MESHS Lille Nord de France et de l'ANR (programme JCJC). 

- la santé mentale des personnes âgées : cette enquête s'est inscrite dans un projet international et pluridisciplinaire, intitulé « Vulnérabilités, intégration et expériences de la vieillesse, XIXe -XXIe siècles», co-porté avec Claire Barillé (Université de Lille, IRHiS) et Mathilde Rossigneux-Méheust (Université Lumière Lyon 2, LARHRA) et financé par la MESHS Lille-Nord de France.

- les traumatismes de guerre : dans le cadre de l’ANR Ruines portée par Stéphane Michonneau (Université de Lille, IRHiS) et en collaboration avec ma collègue Fanny Le Bonhomme (Université de Poitiers, CRIHAM), l’hôpital Esquirol à Limoges et le Centre de la mémoire d’Oradour, je réalise depuis 2021 une recherche sur les répercussions psychiques à court, moyen et long terme du massacre du 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane.

 

 

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