
Jordy Saillier
Axes de recherche
Thèse : « Chose publique et singulier profit : société politique et réseaux de pouvoir à Arras sous les ducs Valois de Bourgogne (1384-1477) »
Sous la direction de Jean-Baptiste Santamaria, maître de conférences HDR en histoire médiévale
Entre âge féodal classique et essor de l’État moderne, les XIVe et XVe siècles constituent une période charnière dans l’évolution des relations de pouvoir et la formation d’une « société politique » structurée. Cette transition s’est accompagnée d’une documentation de plus en plus abondante et diversifiée, offrant un matériau riche pour interroger les modalités concrètes d’exercice du pouvoir, notamment à l’échelle locale. Dans l’espace bourguignon en particulier, caractérisé par la formation d’une administration spécialisée et une forte dynamique de centralisation du pouvoir princier, se sont manifestées des tensions fréquentes entre un centre politique en construction et ses relais locaux, qui, chargés de « tenir » le territoire, devaient s’appuyer sur des réseaux d’allégeance et de clientèle qui brouillaient parfois la frontière entre service de la « chose publique » et quête de son « singulier profit ». Il en allait de même pour l’élite dirigeante des villes où le gouvernement urbain avait pris une forme oligarchique : à partir du cadre urbain, l'objectif de cette thèse est d’analyser les liens entre la société politique urbaine, le prince et ses agents, la structuration réticulaire de ce « milieu », ainsi que la manière dont il pouvait être amené à se renouveler.
Le choix s’est porté sur la « bonne ville » d’Arras, connue à la fin du Moyen Âge pour ses riches tapisseries et son rôle dans la diplomatie internationale. D’un point de vue politique, par sa position et par son histoire, la capitale du comté d’Artois était surtout à mi-chemin entre les deux influences que constituaient le modèle royal français et le modèle flamand. Mon enquête se concentre sur les échevins et les officiers urbains et princiers, ainsi que leurs familles. En s’appuyant sur une approche prosopographique, enrichie par l’analyse de réseaux et un système d’information géographique, ma recherche entend reconstituer les profils, les trajectoires et les interactions de ces acteurs, afin de mieux comprendre comment se construisaient les carrières politiques, comment se distribuait et s’exerçait le pouvoir et comment s’organisaient les sociabilités politiques au sein de l’espace urbain arrageois.