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Jessica Wilker

Maîtresse de conférences CNU : SECTION 10 - LITTERATURES COMPAREES Laboratoire / équipe

Enseignements

Cours assurés en 2024/25

L1 / S2 / UE2 (Littérature et culture européennes) : Formes poétiques de la brièveté (France, Japon, Allemagne)

La forme japonaise du haïku a connu en Europe un immense succès dans les premières années du 20e siècle. Ces poèmes brefs ont été traduits, imités, analysés et réécrits par bon nombre de poètes célèbres et ont inspiré l’expérimentation littéraire autour d’autres formes brèves. Nous analyserons les analogies et les différences de poèmes japonais, de poèmes brefs allemands (de Bertolt Brecht et du poète contemporain Durs Grünbein qui a écrit un journal de voyage au Japon en haïkus) et de poèmes du poète français Guillevic. Des exercices d’écriture poétique seront également proposés.

Œuvres au programme :

  • Guillevic, Du domaine. Euclidiennes, Poésie/Gallimard.
  • Haiku. Anthologie du poème court japonais, présentation, choix et traduction de Corinne Atlan et Zéno Bianu.

Un dossier de textes supplémentaires sera distribué.

 

 

L3 / S5 / UE2 (Littérature et culture européennes) : Poésie de la fin d’un monde

Il peut paraître étrange de ne traiter qu’un seul texte dans le cadre d’un cours de littérature comparée ; mais le poème The Waste Land de T.S. Eliot, l’un des plus célèbres de la poésie européenne du XXe siècle et une référence pour l’expression du sentiment de la fin d’un (du ?) monde et d’une époque est plus qu’un poème. Écrit dans les années 1920, dans un monde où on avait l’impression que tout avait déjà été dit, T.S. Eliot rassemble, en 434 vers, plusieurs cultures, plusieurs époques, six langues différentes et de multiples niveaux de langage.

L’analyse détaillée de ce poème nous permettra ainsi d’aborder la question de l’intertextualité, notamment grâce aux références à d’autres textes majeurs de la littérature mondiale (Baudelaire, Dante, Shakespeare, Ovide, Verlaine, Hermann Hesse, mais aussi la Bible et les Upanishad), à la musique (les opéras de Wagner, mais également des chansons) et à la légende de la quête du Graal.

Dans le cadre du contrôle continu, les étudiants seront invités à écrire eux-mêmes un poème en mettant en œuvre les procédés les plus importants utilisés par Eliot que nous aurons identifiés ensemble. Nous nous demanderons comment (et pourquoi) on écrit des poèmes dans un monde et à un moment où tout semble désespéré – que ce soit en 1922 ou en 2024.

Œuvre au programme :

T.S. Eliot, La Terre vaine, traduit par Pierre Leyris, éd. Points.

Un dossier de textes supplémentaires sera distribué.

 

 

Master 1 / S1 / Littérature comparée / Tronc commun

Intervalles du temps dans la poésie moderne

Ce séminaire essaie d’analyser la façon dont la poésie moderne  tente de transcrire la perception de moments « hors du temps ». Si l’expression de la temporalité dans la prose a souvent été traitée par la critique (notamment par Gérard Genette dans Figures 3), elle est plus rare dans les écrits sur la poésie, art qui semble échapper – ou tenter de le faire – au temps linéaire, au temps qui passe.

Nous essayerons de distinguer des notions comme l’interstice et l’intervalle, ces instants dans lesquels le temps tend à se figer et à se transformer en espace. Déjà à la fin du XIXe siècle, pour décrire son époque, Mallarmé parle d’un écart : « quand du passé cessa et que tarde un futur ou que les deux se remmêlent perplexement en vue de masquer l’écart ». Cette citation ressemble étrangement à la condition des étudiants qui sont bien dans une situation d’écart, d’entre-deux : après la scolarité obligatoire et avant un avenir, pour beaucoup d’entre eux, incertain. Le beau titre d’un film français sorti en 1995 résume bien cette incertitude tantôt délicieuse tantôt angoissante : « L’âge des possibles ». Ce « possible » est aussi un moment hors du temps, une attente que la littérature peut tenter de saisir et de rendre perceptible.

L’été étant propice à la lecture de livres que l’on n’a pas le temps de lire pendant l’année universitaire, les étudiants sont invités à lire le grand roman La Montagne magique de Thomas Mann pendant les vacances. Ce roman, rythmé par les réflexions sur le temps, nous fournira un fil rouge pour ce séminaire et certains passages seront mis en parallèle avec des poèmes. La lecture de ce roman n’est pas obligatoire, mais nous nous y référerons tout au long du semestre et en lirons plusieurs passages.

Œuvre au programme :

Thomas Mann, La Montagne magique, trad. Claire de Oliveira, éd. Le Livre de proche.

Un recueil comportant des textes théoriques et philosophiques et des extraits d’œuvres littéraires sera distribué aux étudiants en début de séminaire.

Bibliographie (très) sommaire :

  • Gérard Genette, Figures 3, Seuil, 1972.
  • Katô Shûichi, Le temps et l’espace dans la culture japonaise, traduit et annoté par Christophe Sabouret, Paris, CNRS éditions, 2009.
  • Georges Poulet, Études sur le temps humain, 4 tomes (malheureusement épuisés), Pocket « Agora » (éditions originales entre 1949 et 1968).
  • Georges Poulet, Les Métamorphoses du cercle, Pocket « Agora », 2016 (éd. originale 1961).
  • Paul Ricœur, Temps et récit, 3 tomes, Points Seuil (1983-1985).

 

 

Master  / MEEF 1 et 2

Poésie

Œuvre au programme :

Arthur Rimbaud, Œuvres complètes, au programme du Capes : recueil Demeny (1870), p.29-62, et Poésies (fin 1870-année 1871), p.85-136, éd. de Jean-Luc Steinmetz, éd. Flammarion, GF, 2e édition (2016).

 

« Vous revoilà professeur. On se doit à la Société, m’avez-vous dit ; vous faites partie des corps enseignants : vous roulez dans la bonne ornière. » – voilà ce qu’écrit Rimbaud, alors âgé de 16 ans, à son professeur de français. Quand on prépare le Capes, de telles phrases peuvent déconcerter – et leur auteur serait sans doute ahuri de se voir mis au programme du concours. Nous voilà donc confrontés à la gageure de faire entrer Rimbaud dans la bonne ornière de l’exercice académique de la dissertation.

Tout le monde connaît le « mythe Rimbaud » et ses poèmes les plus célèbres (comme « Le Dormeur du val » et « Le Bateau ivre »). En rupture avec la tradition poétique, son œuvre comporte néanmoins des poèmes de forme tout à fait classique, mais prend rapidement le chemin de la modernité, d’un certain anti-lyrisme et de la parodie. Il révolutionne la poésie par la fulgurance de ses images, par des métaphores surprenantes et des motifs inouïs (la violence, la laideur, la déshumanisation). Les Lettres dites « du Voyant » prônent une nouvelle poésie, objective, le « dérèglement de tous les sens » et remettent en question l’existence du sujet lyrique.

Bibliographie indicative :

  • Dominique Combe commente Poésies. Une saison en enfer. Illuminations d’Arthur Rimbaud, Gallimard, « foliothèque », 2004.
  • Hugo Friedrich, Structure de la poésie moderne [1956]  1999, Le Livre de Poche. Ouvrage parfois considéré comme un peu daté, mais fort utile pour la compréhension et l’analyse des poèmes de Rimbaud.
  • Michel Murat, L’art de Rimbaud, Corti, 2013.
  • Jean-Pierre Richard, « Rimbaud et la poésie du devenir », in Poésie et profondeur [1955], Seuil, Points/Essais.

 

Agrégation de Lettres Modernes / Question de Littérature comparée

« Poésies américaines : peuples, langues et mémoires »

Œuvres au programme :

  • Miguel Ángel Asturias, Poèmes indiens, trad. Claude Couffon et René L.-F. Durand, Paris, coll. « Poésie/Gallimard », 1990.
  • Gaston Miron, L’Homme rapaillé [1970], éd. définitive présentée par Marie-Andrée Beaudet, préface d’Édouard Glissant, Paris, coll. « Poésie/Gallimard », 1999.
  • Joy Harjo, L’Aube américaine [An American Sunrise, 2019], éd. bilingue, trad. Héloïse Esquié, Paris, Globe, 2021.

Au centre de cette question se trouvent trois recueils poétiques d’auteurs du continent américain. Ces recueils permettent de s’interroger sur les spécificités de la poésie de ce que l’on a longtemps (et étrangement) appelé le « nouveau monde » ainsi que sur l’histoire et la mémoire collective.

La bibliographie sera, bien sûr, complétée au premier cours.

Quelques titres généraux :

Chamoiseau, Patrick, Écrire en pays dominé, Paris, Gallimard, 1997.

Colin, Philippe et Quiroz, Lissell, Pensées décoloniales. Une introduction aux théories critiques d’Amérique latine, Paris, Éditions La Découverte, 2023.

Glissant, Edouard, Introduction à une poétique du divers, Paris, Gallimard, 1996.

 

Sur Joy Harjo :

Harjo, Joy, Poet Warrior, New York, W. W. Norton & Company, 2021 [traduction en français aux éditions Globe].

Quelques articles accessibles en ligne :

Brochard, Cécile, « Révolte et communion : le pouvoir performatif des émotions dans la poésie autochtone contemporaine (Australie, Etats-Unis) », Les émotions en discours et en image(s), dir. Emilia Hilgert, Véronique Le Ru & Machteld Meulleman, revue Savoirs en prisme [en ligne], Université de Reims, n°7, 2017. https://savoirsenprisme.univ-reims.fr/index.php/sep/article/view/166

Brochard, Cécile, « "Le chant perdu des pierres perdues" : supports matériels et mémoriels dans la poésie autochtone contemporaine (Amérique du Nord - Australie) », in Écrit sur l’écorce, la pierre, la neige…, revue Elseneur, Caen, Presses Universitaires de Caen, n°36, décembre 2021, p. 63-80. https://journals.openedition.org/elseneur/332

Brochard, Cécile, « La littérature autochtone nord-américaine et australienne aborigène contemporaine : la métamorphose des genres », dans le cadre du 41e Congrès de la SFLGC « Migrations des formes et des genres artistiques », organisé à l’Université de Toulouse-Jean Jaurès du 11 au 13 octobre 2017. https://sflgc.org/acte/brochard-cecile-la-litterature-autochtone-nord-americaine-et-australienne-aborigene-contemporaine-la-metamorphose-des-genres/

 

Sur Miguel Ángel Asturias :

Asturias, Miguel Angel, Hommes de maïs, trad. F. de Miomandre, Paris, Albin Michel, 1967.

Couffon, Claude, Miguel Angel Asturias, Paris, Seghers, 1970.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/miguel-angel-asturias-dans-mes-romans-la-nature-prend-une-qualite-de-personnage-3588302

 

 

Sur Gaston Miron :

Biron, Michel, Dumont, François et Nardout-Lafarge, Élisabeth, Histoire de la littérature québécoise, Montréal, Boréal, 2007. [p. 361-388 sur L’Hexagone et sur Miron].

Filteau, Claude, « L’homme rapaillé » de Gaston Miron, Paris/Montréal, Pédagogie moderne/Éditions du Trécarré, 1984.

Miron, Gaston, Un long chemin : proses, 1953-1996, édition préparée par Marie-Andrée Beaudet et Pierre Nepveu, Montréal, l’Hexagone, 2004.

Nepveu, Pierre, Gaston Miron, La Vie d’un homme, Montréal, Boréal, 2011. [Biographie].

 

Filmographie

Gladu, André, Gaston Miron, Les Outils du poète (Canada, 1994, 52 min.) Documentaire, entretiens avec Miron. (disponible en plusieurs brèves parties sur youtube).

Archives Radio Canada :

Entretien avec Gaston Miron, 1975

Youtube Video: En 1975, Gaston Miron défend avec fougue la langue française au Québec