Gregoire Caron
Axes de recherche
La délégation du pouvoir impérial romain
Dans le cadre de mon doctorat débuté en décembre 2023, je me consacre à l'étude de la délégation du pouvoir impérial romain dans le gouvernement de l'empire du règne d'Auguste à celui de Constantin.
À ce jour, aucun travail n’a fait l’objet d’une étude globale concernant la délégation du pouvoir dans le gouvernement de l’Empire romain. Cette recherche entend y remédier en se concentrant sur un ensemble de questions qui permettront d’éclairer les modalités et le fonctionnement de la délégation du pouvoir sur le temps long, de la mise en place du Principat par Auguste au règne de Constantin.
Cette étude entend s’intéresser en premier lieu à la notion même de pouvoir. La puissance publique recouvre en effet deux termes : l’imperium et la potestas. D’une manière générale, le pouvoir militaire est plutôt rendu par le terme imperium, qui s’entend comme un pouvoir de commandement et de coercition à l’échelle du monde romain ; la potestas, quant à elle, tend davantage à désigner le pouvoir civil, le droit d’agir pour la majorité du peuple romain. Il nous appartiendra de définir précisément la nature et les déclinaisons de cette puissance publique.
Bien que notre étude soit centrée sur le Principat, il conviendra de s’interroger sur l’importance de l’héritage tardo-républicain dans la conception du pouvoir augustéen. En effet, avant qu’Auguste, par une habileté politique certaine, ne s’empare de l’ensemble du pouvoir, la période triumvirale voit Pompée puis Jules César faire preuve d’un certain pragmatisme en déléguant leur imperium proconsulaire à des hommes de confiance afin d’administrer des territoires éloignés tout en restant à Rome. Nous proposerons alors une réflexion sur les modalités d’attribution de cet imperium, ses déclinaisons (merum, mixtum, etc.) ainsi que les missions qu’il implique.
Un dépouillement systématique des sources – principalement épigraphiques et littéraires – nous amènera à déterminer le vocabulaire utilisé pour désigner ce personnel investi du pouvoir princier (legatus, procurator, procurator pro legato, praefectus, propraetor, legatus Augusti pro praetore, praeses, corrector, etc.), tout en précisant la nature et la diversité de ces délégations.
Plus largement, cette analyse nous permettra d’illustrer la constellation des relations entre les princes et les représentants du pouvoir à l’échelle du monde romain. Nous proposerons l’étude de dossiers pertinents afin d’éclairer ces relations interpersonnelles. Enfin, ce travail nous amènera à mettre en valeur cet empire conçu sous la forme de cercles concentriques, à la fois centralisé et provincialisé, centré sur Rome, une cité à vocation universelle.