Résumé

L'adoption d'un esprit d'ouverture au dialogue interreligieux par l'Église catholique romaine, à l'endroit des traditions non-chrétiennes, a historiquement été entérinée par l'aggiornamento du concile Vatican II entre 1962 et 1965. Cette mise en marche vers les autres religions --- conformément aux usages des institutions vaticanes et au moyen de décrets pontificaux normatifs --- nous est présentée dans les travaux disponibles (produits pour l’essentiel par des théologiens), majoritairement de manière « descendante », c'est-à-dire, en tant qu'initiative exclusive du Saint-Siège en direction des moines en dialogue. Il paraitrait légitime, dans ce cas de figure, de penser que cette interprétation puisse, à elle seule, justifier historiquement le rapprochement monastique entre l'Occident et l'Orient. Le Frère Benoît Billot, aujourd'hui bénédictin du prieuré Saint-Benoît d'Etiolles --- et l'un des pionniers français du dialogue interreligieux monastique avec le bouddhisme zen --- soutient, quant à lui, que c'est un ensemble d'initiatives prises isolément par des ecclésiastes qui a suggéré, de manière cette fois-ci « ascendante » donc inspirante, le tournant conciliaire. La littérature théologique présente le dialogue intermonastique uniquement de manière descendante, et n'explore pas la contribution ascendante des moines et moniales comme les facteurs et diverses influences qui la déterminent (réintégration du corps dans une pratique spirituelle, recherche du silence, d'une plus grande intériorité, influence de la psychanalyse et de ses courants, enseignements de Karlfried Graf Dürckheim et Willigis Jäger). Ce travail prétend combler cette lacune historique en s'appuyant sur les archives disponibles des pionniers du dialogue intermonastique. Il se concentrera tout particulièrement sur la trajectoire de l'une de ses figures de proue, le Frère Benoît Billot.