Francois-Olivier Seys
Axes de recherche
Depuis le doctorat, mon activité de recherche est celle d'un géographe de la population ; elle s'est concentrée autour de trois thématiques principales :
- les dynamiques démogéographiques en Europe centrale et orientale ;
- l'évaluation de l'intégration des variables démographiques dans les documents de planification ;
- régions, régionalismes et identités dans l'Union Européenne.
Thématique n°1 : Depuis 1989-1991, les dynamiques démogéographiques ont été profondément ébranlées en Europe centrale et orientale en réaction à ce que les économistes ont appelé la transition. La fécondité a fortement baissé, les structures familiales ont été impactées et des mouvements migratoires se sont mis en place. Ces nouvelles dynamiques se sont installées de manière différenciée dans le temps que ce soit dans leur réalité ou leur intensité et elles s'inscrivent dans un double processus de mondialisation et d'européanisation de ces sociétés. Spatialement, elles ont induit une mutation profonde des réalités territoriales à différentes échelles, avec des espaces en forte croissance démographique, en particulier les grandes villes, d'autres en crise, comme les petites et moyennes villes de mono-activité industrielle, des espaces ruraux en résilience, ou encore une rapide périurbanisation. Mon travail a consisté à décrire, analyser et expliquer ces mutations profondes des territoires d'Europe centrale et orientale. Cela s'est fait par, à la fois, un travail sur les données démographiques à différentes échelles, nationales, régionales, locales, mais aussi par un travail de terrain et des questionnaires semi-directifs. Les terrains investigués sont les nouveaux Länder de l'Allemagne, la Slovaquie, la Russie et le Kazakhstan. Outre la majorité de mes articles et chapitres d'ouvrage, cette thématique a fait l'objet de l'œuvre originale de mon H.D.R.intitulé une relecture des transitions et des mutations des territoires en Europe centrale et orientale.
Thématique n°2 : Depuis 2008, je me suis impliqué dans les formations de l'institut et d'aménagement et d'urbanisme de Lille. Afin de diversifier mes enseignements, je me suis intéressé aux transformations urbanistiques des villes d’Europe centrale et orientale, aux politiques d’aménagement et d’urbanisme en Allemagne et aux politiques européennes en la matière. A la lecture de nombreux documents d’urbanisme, je me suis rendu compte que la démographie, en particulier la réalité humaine qu’elle décrit, était le parent pauvre de ces documents. Au mieux, elle était décrite sous la forme d’indicateurs souvent mal choisis. Au pire, elle était oubliée. Il me semblait important de comprendre comment on pouvait lier démographie et politiques d’aménagement, car on ne peut ignorer la réalité démographique des habitants pour planifier le territoire et en particulier la ville. Dans le cadre du laboratoire T.V.E.S., j’ai réalisé un premier travail de recherche consacré au déclin démographique des villes de l’ex-R.D.A., que j’ai présenté aux journées internationales de l’APERAU en 2013 à Lausanne. J’ai ensuite commencé à travailler sur cette question, dans le cadre de l’agglomération dunkerquoise, en particulier avec l’agence d’urbanisme, qui a abouti à une présentation devant le conseil de développement local en 2014. Cela m’a amené à définir un cadre méthodologique d’évaluation des SCoT français que j’ai présenté aux rencontres internationales d’urbanisme de l’APERAU à Rennes en 2015. Ces travaux se sont fait sur des terrains variés : Dunkerque, Lille, nouveaux Länder de l'Allemagne, Slovaquie et Kazakhstan. Les résultats principaux sont que les variables démographiques sont souvent mal intégrées, car mal maîtrisées par les aménageurs mais surtout que la décision politique fausse la qualité de la prospective démographique, car on a donc une forte charge politique sur la variable démographique, à l’échelle locale, que l’ont peut nommer l’injonction de la croissance démographique. Dans le cadre du SCoT de Lille-Métropole, cela a fait faire un choix irréaliste quant au scénario de projection. Dans le cadre du Kazakhstan, c’est plus grave, cela a fait définir un système d’aménagement du territoire, où seule la croissance est possible, alors que certaines villes sont en déclin. Or, on ne peut pas décréter la croissance démographique… On ne peut que gérer la réalité des transformations démographiques d’une ville. Par exemple, il ne faut pas penser inverser le vieillissement démographique, il faut le gérer…
Thématique n°3 : La question des régionalismes et des identités est une question ancienne dans mes recherches car elle est intrinsèque à tout travail sur les dynamiques démographiques en Europe, en particulier au centre et à l'est du continent. Dès la deuxième moitié des années 90, j'avais travaillé sur la question dans plusieurs espaces : le nord de la Finlande, La République de Carélie (Russie) et la Slovaquie. Cette problématique apparaît dans l'intitulé du profil du poste de professeur des universités sur lequel j'ai été recruté :"enjeux territoriaux des politiques européennes". Avec Thomas Perrin, Maître de Conférences au laboratoire T.V.E.S., nous avons répondu, avec succès, à un appel à projet du programme Jean Monnet qui fait partie d'Erasmus+. Nommé Eurégio, notre projet traite des régions et du régionalisme dans l'Union Européenne. Il aborde les régions comme des unités territoriales et des entités socio-politiques situées à une échelle intermédiaire, entre le local et l'État (central, fédéral). L'objectif est d'évaluer les connaissances, d’encourager le débat et d'envisager les évolutions des régions et du régionalisme dans le contexte de la construction européenne. En effet, cette thématique est une question clé de l’organisation et de l’aménagement du territoire dans différents États européens, qu’il s’agisse de la création de régions, ou des débats sur l'organisation territoriale et sur les relations entre l'État et les entités infra-étatiques. En France, une réforme régionale vient d'être mise en œuvre avec une nouvelle carte régionale et une clarification des compétences des régions. Dans ce contexte, l'Union européenne semble être un cadre politique essentiel qui peut influer sur le développement des régions et du régionalisme.( http://euregio.univ-lille1.fr/fr). Mon implication personnelle est constituée par le pilotage de la thématique sur la réalité démographique des régions et des autres collectivités territoriales dans le cadre d'une approche comparative.
Grâce aux contacts développés dans le cadre du Projet Eurégio, nous avons déposé un nouveau projet dans le cadre du programme Erasmus+/Jean Monnet de l’Union Européenne. C’est un réseau Jean Monnet nommé CECCUT (Capitales Européennes de la Culture et Cohésion Urbaine Transfrontalière). Coordonné par le laboratoire LISER de l’Université du Luxembourg, il comprend des collègues des Universités Catholique de Louvain, de Timisoara et de Lille. Ce projet a bien évalué et été accepté ; il bénéficiera d’un financement de 300 000 Euros sur 3 ans (2019-2021). Les premières actions seront mises en place en mars 2019.