Fabien D'Hondt
Axes de recherche
Contexte théorique
Au cours des dernières décennies, le domaine des sciences affectives a connu une croissance remarquable, à tel point que certains parlent de l'émergence d'une ère "affectiviste" (Dukes et al., 2021). La recherche dans ce domaine a mis en évidence le pouvoir explicatif des phénomènes affectifs - les affects, les émotions, les sentiments et l'humeur - dans la compréhension de la cognition et des comportements humains. Les processus affectifs ont une influence cruciale sur notre bien-être et façonnent nos prises de décision, nos relations interpersonnelles et, plus largement, nos interactions avec le monde. Les perturbations de ces processus affectifs ont un impact important sur la santé mentale et constituent des caractéristiques fondamentales de plusieurs troubles psychiatriques et conduites addictives.
Notre recherche se concentre particulièrement sur les émotions, considérées comme des états organismiques induits par des stimuli externes ou internes, répondant aux besoins de survie par la régulation allostatique (Schiller et al., 2022). Les émotions jouent un rôle central dans la détermination des aspects du monde qui nécessitent notre attention, guident notre comportement et façonnent nos choix. Dans ce cadre, notre travail vise à mieux comprendre : (i) les mécanismes sous-jacents aux expériences émotionnelles induites par l'exposition à des stimuli affectifs, y compris les stimuli sociaux ; (ii) les altérations de ces mécanismes dans le contexte des troubles de la santé mentale.
Populations Cibles
Notre travail se concentre sur les populations en bonne santé et sur les individus souffrant de troubles de la santé mentale, en mettant particulièrement l'accent sur deux problématiques très répandues et fréquemment comorbides : le trouble de stress post-traumatique (TSPT) et les troubles liés à l'alcool, notamment le trouble sévère lié à l'usage de l'alcool (TSUA).
D'une part, le TSPT est un trouble psychiatrique qui peut survenir à la suite d'une exposition à un événement traumatique confrontant l'individu à la mort, à des blessures graves ou à des violences sexuelles. Les personnes atteintes de TSPT font l'expérience de rappels incontrôlables de l'événement traumatique, tels que des flashbacks ou des cauchemars, provoquant une détresse psychologique importante et les incitant à éviter activement tout stimulus associé à l'événement. Les modèles cognitifs et neurobiologiques existants du TSPT, ainsi que les approches thérapeutiques couramment utilisées, se concentrent principalement sur ces symptômes (Bryant, 2019). Cependant, les expériences émotionnelles des personnes atteintes de TSPT sont profondément altérées, au-delà de la charge émotionnelle associée au traumatisme. Elles font fréquemment l'expérience d'émotions négatives persistantes, ont des difficultés à éprouver des émotions positives et anticipent négativement l'avenir. À la lumière de ces difficultés émotionnelles, une approche plus intégrée visant à élucider les troubles affectifs associés au TSPT pourrait aider à identifier des pistes thérapeutiques complémentaires.
D'autre part, le TSUA est caractérisé par une consommation excessive, incontrôlée et chronique d'alcool, malgré ses conséquences négatives (Koob & Volkow, 2016). La recherche en neurosciences a mis en évidence des altérations structurelles et fonctionnelles du cerveau chez les patients présentant un TSUA. Ces altérations sont cohérentes avec l'idée d'une hyperactivité striato-limbique, associé à un craving important, et d'une hypoactivité préfrontale, limitant la capacité à contrôler ou inhiber le comportement de consommation. Ce déséquilibre explique des prises de décision néfastes, en particulier le fait de privilégier les solutions selon leurs conséquences à court terme (Noël et al., 2013). Cependant, les conceptions actuelles accordent peu d'importance à la dimension affective, en particulier aux expériences émotionnelles et à la capacité générale à prédire les réponses émotionnelles futures. Intégrer cette dimension affective dans la recherche et les modèles actuels est crucial pour obtenir une compréhension plus complète des facteurs contribuant au développement et à la persistance de ce trouble.
Méthodologies et Axes de Recherche
Nos études expérimentales font appel à des méthodes issues de la psychologie expérimentale, notamment des tâches comportementales avec des stimuli visuels présentés sur des écrans d'ordinateur ou des dispositifs de réalité virtuelle. Ces approches sont couplées à des techniques de neurosciences, permettant la mesure des mouvements oculaires, de l'activité neurovégétative (par exemple, l'activité électrodermale ou l'électrocardiographie) et de l'activité cérébrale (comme l'EEG). En complément de nos études expérimentales, nous recourons à des enquêtes en ligne et à des évaluations cliniques, utilisant des questionnaires et des indicateurs numériques (par exemple, la reconnaissance faciale, les interactions sur les écrans tactiles, etc.)
Notre programme de recherche actuel se décline en trois axes majeurs:
La technique de l'eye-tracking a été de plus en plus utilisée au cours des deux dernières décennies pour élucider les déficits cognitifs et affectifs associés aux troubles de la santé mentale, y compris les troubles liés à l'alcool (Maurage, Masson, et al., 2020 ; Maurage, Bollen, et al., 2020, 2021). Dans le cas du trouble d'usage de l'alcool, cette technique nous a aidé à comprendre les mécanismes sous-jacents aux biais attentionnels liés aux indices associés à l'alcool (Bollen, D’Hondt, et al., 2021). Les résultats de notre collaboration avec l'UCLouvain suggèrent notamment que les binge drinkers ont tendance à allouer davantage d'attention aux indices liés à l'alcool et à d'autres indices appétitifs lorsqu'ils ressentent un fort craving pour ces stimuli (Bollen et al., 2020). À l'inverse, les patients désintoxiqués atteints de TSUA présentent un biais d'évitement de ces indices liés à l'alcool (Bollen, Pabst, et al., 2021).
Nos études indiquent également que les individus ont tendance à mobiliser davantage de ressources attentionnelles pour traiter les informations visuelles négatives par rapport à des informations neutres (Veerapa et al., 2020). Ce schéma est également observé chez les personnes atteintes de TSPT (Veerapa et al., 2023), qui continuent d'allouer plus d'attention à l'information aversive lorsque l'exposition à ces stimuli se prolonge, contrairement aux témoins en bonne santé, qu'ils aient vécu un traumatisme ou non. Notre travail en cours vise à développer des stratégies de remédiation cognitive pour réduire ce biais attentionnel. Nous explorons également l'utilisation d'une application web pour évaluer et réduire les biais grâce à des techniques de suivi oculaire basées sur une webcam.
Nos cerveaux peuvent simuler le futur et ses conséquences potentielles sur la base de nos expériences passées (Gilbert & Wilson, 2007). La prévision affective se réfère spécifiquement à la capacité des individus à prédire leurs réponses émotionnelles à des événements futurs (Wilson & Gilbert, 2003). Pour étudier la prévision affective et les expériences émotionnelles associées à divers événements (négatifs, neutres ou positifs), nous avons développé un nouveau paradigme basé sur la réalité virtuelle. Ce paradigme intègre des mesures neurovégétatives et subjectives dans des conditions de laboratoire contrôlées. Nos études ont confirmé l'existence d'un biais de prévision affective chez les individus en bonne santé, anticipant des réponses émotionnelles plus extrêmes en termes d'activation et de valence qu'ils n'en font réellement l'expérience (Loisel-Fleuriot et al., 2023). Nos données indiquent également que la prévision affective en termes d'activation est en partie basée sur les réponses neurovégétatives induites par la simulation mentale de scénarios futurs pendant la phase de prévision. Notre travail actuel vise à explorer davantage les mécanismes neurocognitifs associés à la prévision affective et à examiner divers facteurs qui ont une influence sur ce processus, y compris la familiarité avec le type de stimuli prédits. De plus, nous utilisons ce paradigme pour étudier la prévision affective et les expériences émotionnelles chez les individus atteints de TSPT ou de TSUA.
Les patients atteints de TSUA présentent des difficultés dans le traitement de l'information émotionnelle dans les contextes sociaux, qui s'étendent du décodage simple des expressions faciales à des capacités cognitives sociales plus complexes (D’Hondt, Campanella, et al., 2014). Ces difficultés pourraient être en partie liées à des altérations visuoperceptives (Creupelandt et al., 2019 ; D’Hondt, Lepore, et al., 2014), fréquemment rapportées dans le TSUA (Creupelandt, D’Hondt, et al., 2021 ; Creupelandt, Maurage, & D’Hondt, 2021). En effet, nos travaux suggèrent que les altérations visuo-perceptives trouvent leur origine dès les premiers stades du traitement sensoriel, peut-être dès le niveau rétinien (Creupelandt, Maurage, Lenoble, et al., 2021), affectant à la fois le traitement magnocellulaire et parvocellulaire (Creupelandt et al., 2022). Ces perturbations sont susceptibles d'avoir des répercussions étendues sur la cognition des patients, y compris sur leur capacité à décoder les expressions faciales (Creupelandt et al., 2020). Cette influence peut varier au sein de la population hétérogène des individus atteints de TSUA (Maurage, Pabst, et al., 2021). Malgré cette variabilité, des difficultés émotionnelles et interpersonnelles se manifestent fréquemment (Maurage et al., 2017). Reconnaître cette diversité est essentiel lors de la considération des stratégies thérapeutiques (Rolland et al., 2019), en particulier dans le cadre de la mise en œuvre de la remédiation cognitive (Maurage et al., 2023).
Bien que le TSPT soit une conséquence fréquente des grandes catastrophes, le débat persiste quant à savoir si la pandémie de Covid-19 a été potentiellement traumatique pour la population générale (Wathelet et al., 2021). À travers notre collaboration avec le CN2R, nous avons conduit une enquête transversale répétée, COSAMe, afin d'étudier l'impact de la pandémie sur la santé mentale des étudiants universitaires en France. Nos résultats révèlent qu'au cours du premier confinement, 22,4% des étudiants (N = 69 054) ont signalé des niveaux élevés de stress aigu (Wathelet et al., 2020). De plus, nos données illustrent une augmentation significative de la prévalence du TSPT au fil du temps, passant de 19,5% (N = 22 883) un mois seulement après la fin du premier confinement (Wathelet et al., 2021) à 31,0% (N = 44 898) 15 mois plus tard (Wathelet et al., 2022).
Nos résultats soulignent également une corrélation entre la sévérité des symptômes de TSPT et la qualité des liens sociaux pendant le confinement. Des analyses préliminaires suggèrent que les individus présentant des performances altérées dans diverses tâches de cognition sociale étaient plus susceptibles de développer un TSPT. Cette association indique que le TSPT peut être lié à des liens sociaux altérés, résultant de processus de socialisation insatisfaisants au sein du réseau social d'un individu et de sa capacité à établir des relations interpersonnelles efficaces. Nos recherches en cours sont consacrées à l'exploration de ces liens sociaux, prenant en compte à la fois les compétences émotionnelles et interpersonnelles des individus au sein de leurs réseaux sociaux, et la manière dont ces facteurs influent sur le développement de trajectoires post-traumatiques spécifiques.
Références
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