Mes activités de recherche, au sein de CERAPS, sont actuellement orientées dans trois grandes directions qui ont cependant pour perspective commune la sociologie historique du politique et l’histoire sociale et intellectuelle du politique.

D’abord, dans le prolongement de mes recherches doctorales (présentées dans L’âge d’or du pamphlet politique. 1868-1898, Editions du CNRS, 2015), je travaille sur les usages politiques de différents biens symboliques (pamphlets, satire, dystopies) et les liens entre littérature, journalisme et politique. J’ai ainsi consacré différentes publications ou communications à étudier, à travers le prisme des écrits pamphlétaires, la mise en place de la démocratie élective, les modalités d’apprentissage de la citoyenneté, la construction des champs sociaux, la pacification et la civilisation des mœurs politiques ou encore l’édification de l’ordre parlementaire. Les pamphlets ne représentent donc pas tant l’objet même de mes recherches qu’une voie d’entrée pour interroger des processus bien plus larges et des problématiques de la sociologie politique. Prolongeant mes interrogations sur les conditions d’accessibilité de certains discours sociaux, je m'intéresse, par ailleurs, aux conditions et aux limites de la pratique satirique (cela donnera lieu à un ouvrage fin 2020 faisant suite au colloque organisé avec Denis Ramond à Lille en 2019 sur ce thème). J’ai aussi commencé à travailler, avec Cécile Leconte sur les usages politiques des récits dystopiques (un numéro de Quaderni est en préparation sur ce thème).

En parallèle de ce premier axe d’étude, je travaille sur un autre chantier concernant la sociologie historique du mode de scrutin majoritaire en France. Il s'agit d'étudier la codification du mode de scrutin majoritaire en France, mode de scrutin qui y est historiquement dominant (pour les élections présidentielles et législatives). J’ai retenu comme premier terrain de cette enquête les débats de la Troisième République. Les résultats de cette étude ont fait l’objet de différentes communications et publications, en collaboration avec Thomas Ehrhard.

Enfin, j’ai engagé, avec Samuel Hayat et Nicolas Kaciaf, un travail collectif sur la figure du porte-parole politique entendue comme celui ou celle qui est autorisé.e à parler publiquement et/ou officiellement au nom d’une personne, d’un groupe, d’une organisation ou d’une institution. Ce travail s’est traduit par l’organisation d’un colloque de deux journées en janvier 2018. Le colloque a permis d’étudier l’institution d’une telle figure, ses conditions historiques et sociales d’apparition, ses différentes incarnations et mutations, ses contraintes d’énonciation et ses répertoires de communication, selon les contextes sociohistoriques et les modalités d’expression offertes par les technologies médiatiques existantes. Il donnera lieu à un ouvrage collectif en cours d’édition pour les Presses universitaires du Septentrion.