
Bertrand Cosnet
Axes de recherche
Un manuscrit en mouvement : la Somme le roi dans l'Europe gothique

La Somme le roi, traité de moralité composé en 1279 par le dominicain Laurent d’Orléans à la demande du roi de France Philippe le Hardi dont il était le confesseur, rencontre un succès considérable à partir de la dernière décennie du XIIIe siècle, d’abord au sein de l’élite aristocratique, puis auprès d’un lectorat plus modeste issu de la bourgeoisie. Loin de se cantonner au domaine royal, ce manuel se diffuse dans l’ensemble de l’Europe occidentale, notamment dans les régions septentrionales, mais aussi Outre-Manche et dans la péninsule italienne. Une diffusion telle constitue un sujet d’étude extrêmement fertile pour questionner les phénomènes de circulations iconographiques et de transferts artistiques à la fin du Moyen Âge.
Si la diffusion du texte de la Somme le roi et la rédaction de ses traductions ont déjà suscité l’intérêt des spécialistes de la littérature laïque médiévale, notamment dans le cadre du projet OPVS « Œuvres Pieuses Vernaculaires à Succès » porté par la section romane de l’IRHT, la transmission de son matériel figuratif a rarement attiré l’attention. Pourtant, les copies du traité complétement ou partiellement enluminées s’avèrent relativement nombreuses et proposent des formules extrêmement variables qui demandent à être analysées de manière systématique.
Sur le long terme, le projet de recherche envisage de se structurer autour de trois axes principaux : 1° il ambitionne d’apporter un éclairage nouveau aux processus de mutation et de persistance de l’iconographie capétienne dans l’Europe gothique, tant dans le contexte des grandes cours occidentales que dans celui de la société civile ; 2° il compte étudier les modalités et les résultats du transfert du matériel figuratif du traité entre différents contextes géographiques, culturels ou sociétaux ; 3° il compte démontrer comment la Somme le roi participe à la constitution de la culture visuelle de la société laïque de la fin du Moyen Âge. Pour ce dernier point, le projet envisage de ne pas circonscrire l’investigation aux seuls manuscrits mais, aussi, de questionner l'intermédialité de son iconographie.