Docteure en science politique

Thèse : Sidonie Verhaeghe. De la Commune de Paris au Panthéon (1871-2013) : célébrité, postérité et mémoires de Louise Michel Sociologie historique de la circulation d’une figure politique. Université du Droit et de la Santé - Lille II, 2016. Français. ⟨NNT : 2016LIL20010⟩. ⟨tel-01529191⟩

Résumé : Née d’une interrogation sur les dynamiques d’intégration républicaine des radicalités politiques, cette recherche au carrefour de la sociologie historique du politique, de l’histoire sociale des idées et de la sociologie politique des mémoires collectives, s’attache à expliquer les conditions dans lesquelles Louise Michel, une femme et une anarchiste du XIXe siècle, devient une figure éligible à la panthéonisation en 2013. L’analyse longitudinale de la carrière de la figure de Louise Michel interroge plus généralement les processus de canonisation, de circulation et de transmission qui caractérisent les dispositifs de célébration politique. A partir de l’étude monographique des multiples occurrences de lafigure de Louise Michel du dernier tiers du XIXe siècle au début du XXIe siècle (presse, discours, pratiques commémoratives, biographies ou encore manuels scolaires), ce travail montre comment une personnalité marquée par la marginalité politique devient une référence commune de la gauche. Les formes et les espaces de la célébration ne peuvent alors se comprendre qu’au regard des positions occupées par ses traducteurs et de la structure de l’espace politique et social dans lequel ils s’inscrivent. Le processus de reconnaissance institutionnelle de Louise Michel doit d’une part à la pacification d’une mémoire officielle de la Commune de Paris, et d’autre part à l’intégration de l’histoire des femmes au sein d’un féminisme d’Etat. Ce double mouvement explique l’élargissement de l’identification collective et individuelle dans la figure de Louise Michel. Il autorise l’hypothèse d’une entrée de Louise Michel au Panthéon républicain. Pourtant, cette thèse montre également que des mécanismes de résistance aux processus de reconnaissance institutionnelle demeurent. Loin d’un processus linéaire la construction de la figure Louise Michel fait l’objet d’appropriations multiples qui coexistent aujourd’hui. L’inscription d’une figure historique dans les mémoires collectives constitue dès lors un dispositif conflictuel, marqué par des conjonctures mouvantes qui met aux prises des acteurs à la croisée des espaces politiques, militants, universitaires et intellectuels.