A la suite de ma thèse (« Traduction commentée d'articles commentées des articles mathématiques de Leibniz publiés dans les Acta Eruditorum »), j'ai consacré les premières années de ma carrière d'enseignant-chercheur à continuer d'explorer le vaste champ des mathématiques leibniziennes, en particulier les textes relatifs au calcul des probabilités, à la théorie des jeux, à la caractéristique géométrique. Ces travaux ont donné lieu à plusieurs publications :

Naissance du calcul différentiel, 26 articles des Acta Eruditorum, Introduction, traduction et notes, Paris, Vrin, 1989

L'estime des apparences, 21 manuscrits de Leibniz sur les probabilités, la théorie des jeux, l'espérance de vie, texte établi, traduit, introduit et annoté, Paris, Vrin, 1995

La caractéristique géométrique, texte établi, introduit et annoté par Javier Echeverria, traduit, annoté et postfacé par M. Parmentier, Paris, Vrin, 1995

Un élément décisif a été fourni par Eberhard Knobloch qui m'a demandé de traduire en français et d'annoter le manuscrit qu'il avait reconstitué de la Quadratura arithmetica :

La quadratura arithmetica, texte introduit, traduit et annoté, en collaboration avec Eberhard Knobloch, Paris, Vrin, 2002.

Ce texte, rédigé au moment même où Leibniz invente son calcul différentiel, met en lumière le fondement de ce dernier en établissant une équivalence entre la « méthode indirecte », qui n'utilise pas les infiniment petits, et la méthode « directe », utilisant les infiniment petits, en d'autres termes une équivalence entre un langage utilisant les infiniment petits et un langage qui se refuse à les employer. A la lumière de cette équilvalence il apparait que les infiniment petits mathématiques ne sont pas des infinis actuels, mais des fictions qu'on peut introduire par commodité de langage, pour abréger les démonstrations sans devoir disposer d' un fondement quelconque fondement métaphysique.

Parallèlement, mes enseignements de philosophie portant sur les Nouveaux Essais sur l'entendement humain m'ont conduit à observer que, comme je l'avais fait moi-même, la plupart des lecteurs de cet ouvrage le considéraient comme un exposé de la philosophie de Leibniz, en oubliant le contexte du débat avec John Locke, voire sans avoir lu l'ouvrage de ce dernier. Ceci m'a conduit à rédiger un ouvrage à destination pédagogique : Introduction à l'Essai philosophique concernant l'entendement humain, Paris, PUF, 1998. Mon hypothèse de lecture était la dimension intentionnelle de la conception lockienne des idées. J'ai par la suite opéré une confrontation systématique entre le texte de Locke et la réécriture que lui fait subir Leibniz, en mettant en évidence les très nombreuses « petites différences » : Leibniz-Locke : une intrigue philosophique, Paris, PUPS, 2008.

Plus récemment je me suis intéressé aux relectures auxquelles les textes de Leibniz lui-même ont donné lieu, s'agissant en particulier de la place du vrituel – place très modeste à mon avis – dans la philosophie leibnizienne (« Leibniz et le virtuel », Revue d'histoire des sciences, tome 68-2, juillet-décembre 2015).

Ceci m'a conduit à former le projet d'une reconstitution des principales utilisations de ce terme à la mode, des scolastiques à nos jours. Dans cette perspective j'ai tenté de cerner la signification de la virtualité dans le contexte des sites de rencontres (Philosophie des sites de rencontres, Paris, Ellipses, 2002).