Le point saillant de mon travail se définit par le surgissement commun, au dix-huitième siècle, de trois facteurs-clé qu’il importe, selon moi, de voir (1) dans leur unité, et (2) dans leur conséquences incisives pour la pensée du vingtième siècle.  Ce sont :

1         - d’abord, la philosophie dite critique ou transcendantale, liée au nom de Kant, et qui est, dés son origine et jusqu’à ce jour, un enjeu litigieux (débat sur la nature et les critères de « la raison », dont Davos 1929 est l’emblème au 20e siècle ;

2         - ensuite, la genèse de l’esthétique, discipline inédite, partielle, d’une philosophie qui demeure sinon inchangé dans son concept ? Le 20e siècle « médiatique » en voit la totalisation ;

3         - enfin, le problème du langage, de nature à constituer, plutôt qu’une « philosophie du langage », un défi majeur à l’auto-compréhension de la philosophie, parvenu à sa virulence spécifique depuis Nietzsche.

L’enjeu qu’incarne cette triade inclut le débat autour de Rousseau et de la Révolution française (en Allemagne et ailleurs), ainsi que la référence à la Grèce ancienne. Il se laisse décrypter comme la structure des « Lumières », de l’Aufklärung et de sa « dialectique », ou encore comme la postérité de Nietzsche et du « destin de la musique » ; s’y situent également Heidegger, avec son fameux dicton « Nietzsche m’a détruit », et Wittgenstein, la pensée duquel il faudrait libérer de plus d’un préjugé.

S’impose alors une optique de longue durée, qui correspondra, pour dire la même chose dans des termes qu’on appelait jadis « systématiques », à une réflexion approfondie sur les concepts, dans leur rapport, de parole et d’action : précisément dans le désir de comprendre la spécificité du vingtième siècle.