L'histoire des systèmes philosophiques: Rousseau et la philosophie des XVII et XVIIIes siècles

Dans mon travail de doctorat, qui a fait l'objet d'une publication (L'histoire de la raison. Anthropologie, morale et politique chez Rousseau, Paris, Honoré Champion, coll. "Les dix-huitièmes siècles", Paris, 2008) et dans les travaux qui l'ont suivi, j'ai mené l'étude de Rousseau et des philosophes du XVIIIe siècle: Condillac, Montesquieu, Diderot. Celle-ci exige de comprendre leur systématicité philosophique propre, qui ne se conçoit pas comme celle de Spinoza ou de Leibniz, et qui conduit à privilégier la méthode génétique, le primat de la pratique, et l'importance du langage et des signes. Elle conduit en outre à repérer l'importance d'auteurs comme Malebranche, Locke, Hobbes pour la compréhension des développements philosophiques du siècle suivant. L'aspect politique, moral, anthropologique de ces diverses pensées constitue mon objet d'étude principal, quoique je tienne pour un réquisit fondamental de la compréhension d'un auteur de considérer et d'articuler toutes les parties de sa pensée, et quoique j'aie pu ainsi réfléchir à des questions de théorie de la connaissance comme celle de l'association des idées, ou à des questions d'esthétique en relation au langage, au style, à la littérature.

La philosophie juridique

A partir d'une petite anthologie rédigée à destination d'un public universitaire que j'ai fait paraître sur La loi dans la collection GF-Corpus en 2000, et à partir du travail sur Rousseau et la volonté générale, j'ai conféré de plus en plus d'autonomie vis-à-vis de la philosophie morale et politique, à la philosophie du droit. J'ai mené dans divers articles et collectifs une réflexion sur les frontières qui séparent les différents domaines du droit et sur leurs spécificités respectives; c'est ainsi que j'ai réfléchi à la question de la constitution autour de Rousseau, Pufendorf, Montesquieu, au droit pénal (autour des lumières juridiques: Voltaire, Beccaria, et jusqu'à Tocqueville ), au droit civil (à l'occasion des recherches sur la philosophie de la famille).

La philosophie de la famille

Initiée par les réflexions sur les sentiments moraux dans la philosophie classique, et véritablement lancée par la rédaction de l'anthologie de Textes-clé de Philosophie de la famille parue chez Vrin BTP en 2013, la recherche philosophique sur la famille s'est précisée dans mon HDR soutenue en 2017 dont l'inédit s'intitule Liberté, égalité, intimité. Critiques de la famille libérale. Mon propos est de montrer à quel point il est nécessaire et urgent de réintroduire la réflexion sur la famille dans nos systèmes de philosophie normative et sociale contemporains qui, soit l'ignorent (ainsi d'un auteur comme Nozick), soit la déforment (ainsi des présentations idéalisantes de Rawls), soit enfin, se penchent sur elle, mais ne tirent pas toutes les conséquences de sa prise en compte (ainsi que je l'ai suggéré à propos d'Honneth dans le manuscrit de l'HDR). Je tire profit dans ces recherches des travaux féministes, et réfléchis sur l'importance qu'il y a à convoquer de multiples savoirs positifs pour éclairer sa compréhension: droit et histoire du droit de la famille, anthropologie de la famille, littérature, sociologie. Ces recherches m'amènent à travailler en privilégiant l'interdisciplinarité, notamment avec des juristes, professionnels de la famille, sociologues. Ceci est nécessaire pour trouver ensuite la place d'un propos qui soit véritablement philosophique sur la famille.