Plusieurs arguments laissent penser que la schizophrénie serait associée à un trouble de l’accès à la conscience. Je cherche alors à mettre en évidence des défauts d’accès à la conscience dans la schizophrénie, avec l’hypothèse que ces troubles auraient une origine précoce dans la chaine des traitements (Lefebvre et al., Eur Arch Psych & Clin Neurosc, 2021). Pour cela, des tâches ou des événements impliquant des processus de bas niveau ou plus intégrés et permettant de dissocier l’entrée du système visuel et les percepts visuels sont utilisées.

L’étude des phénomènes hallucinatoires a beaucoup à nous apporter sur la compréhension des traitements conscients/inconscients. Les hallucinations visuelles, définies comme des perceptions visuelles sans objets, permettent naturellement de dissocier l’entrée du système sensoriel et les percepts qui y sont associés. Une approche transdiagnostique, permettant de comparer la physiopathologie des hallucinations visuelles dans deux pathologies différentes : la schizophrénie et la maladie de Parkinson, permet d’avancer dans cette compréhension (Vignando et al., Nat Commun, 2022).

L’étude de la pathologie, et en particulier de la schizophrénie, fournit un bon modèle pour mieux comprendre les mécanismes et la physiopathologie de l’accès de l’information à la conscience. Néanmoins, dans la pathologie, ce trouble est immanquablement associé à d’autres déficits, et il n’est pas toujours aisé de les isoler. Ainsi, je me propose de combiner mes recherches sur l’étude de l’accès à la conscience dans la pathologie avec des travaux visant à utiliser des techniques « artificielles » qui permettent de perturber l’accès à la conscience.

Les troubles psychiatriques peuvent affecter les capacités à interagir avec son entourage. À l'inverse, avoir des difficultés dans ses relations sociales augmente le risque de développer une pathologie psychiatrique. Bien que les troubles des interactions sociales semblent être au cœur de nombreuses pathologies psychiatriques, les études sur ce sujet sont encore limitées, même si de nouvelles techniques permettent d'aborder ces problèmes de manière plus écologique. L'objectif de mes travaux est de mener des recherches explorant les mécanismes et les fondements neuronaux des interactions sociales et des relations interpersonnelles du normal au pathologique, contribuant à ouvrir de nouvelles perspectives dans le domaine des neurosciences sociales.

Mes premiers travaux ont eu pour objectif de pour mieux comprendre les processus indispensables à l'établissement d'interactions sociales de qualité. C’est ainsi que je m’intéresse aux mécanismes et aux corrélats neuronaux du traitement de la familiarité dans ses aspects normaux et pathologiques (cf. Horn et al., J Psy Res, 2016 ; Ameller et al., Schiz Res, 2015). La familiarité est un aspect crucial du traitement de la reconnaissance, donnant le sentiment qu'un objet, une personne, a été rencontré précédemment, indépendamment de son identité ou du contexte d'exposition préalable. Jusqu'à présent, aucun mécanisme clair ne peut expliquer l'émergence d'un sentiment de familiarité. Je cherche alors à déterminer les différentes composantes sensorielles, cognitives et émotionnelles sous-jacentes aux troubles de la familiarité.