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POLITIQUES : Éducation, formation, démocratie et (hyper)modernité

Depuis mon entrée en thèse, il est deux disciplines au sein de la multiréférentialité et de l’interdisciplinarité constitutive des sciences de l’éducation et de la formation qui ont particulièrement nourri mes travaux de recherche, à savoir la philosophie et la sociologie.

Je pense ici en particulier à leurs registres et implications politiques, et aux études dédiées à une intelligibilité plus fine des démocraties hypermodernes comme sociétés des individus où les enjeux éducatifs et formatifs sont sans cesse plus aigus.  En effet, l’individualisme démocratique, son exploration conceptuelle, la quête d’intelligibilité de ses déploiements et des mutations profondes qu’il engendre dans les domaines de l’éducation de la formation en général et pour les institutions publiques et professionnalités qui y prennent part en particulier, constituent le cœur et le fil rouge de mes travaux.

Méthodologiquement, je mêle une approche de philosophie politique de l’éducation (repérer des questions vives dans l’éducation et la formation, les penser dans la démocratie, puis en revenir avec une intelligibilité accrue aux pratiques), des approches conceptuelles et intertextuelles sur fond de discussion critique, des études sur corpus (ressources bibliographiques, textes officiels, œuvres culturelles) et la pratique de l’histoire des idées. 

Individualisme démocratique, hypothèse d’une mutation anthropologique et questions politiquement et socialement vives

Sur cette base, l’hypothèse d’une véritable mutation anthropologique - induite par l’attribution généralisée du statut d’individu de droit et un double mouvement de socialisation accrue des individus et d’individualisation accrue du social - est explorée.

Cela ne va pas sans poser à nouveaux frais un certain nombre de questions classiques en sciences humaines et sociales, ni sans faire émerger de nouvelles problématiques politiques et sociales.

J’accorde donc une attention particulière à l’étude des questions politiquement et socialement vives contemporaines, et à leurs implications et conséquences éducatives et formatives, en particulier tension entre égalité des conditions (au sens tocquevillien) et inégalités de fait. Dans cette perspective, j’explore en particulier les horizons bibliographiques suivants : 

- Tocqueville et les néo-tocquevilliennes dans leur diversité

- théories englobantes de la modernité démocratique

- histoire et actualité du libéralisme politique

- sociologies de l’individualisme/de l’individu

- variations sur l’hypothèse d’une mutation anthropologique contemporaine

Les politiques publiques et leurs transformations, mutations des institutions et professionnalités éducatives/formatives (en particulier scolaires), débats et controverses dans et autour de l’École

Le défi de l’individualisation de masse est au cœur des transformations récentes des politiques publiques et des métiers d’éducation et de formation, conçue comme des rouages essentiels des parcours de vie singuliers. 

Cela ne signifie pas que les actions de ces institutions provoquent automatiquement les effets censément visés ni qu’elles soient positivement reçues par les publics concernés. Des effets contraires aux buts visés et principes revendiqués, de nouveaux processus contradictoires ou des résistances plus ou moins vives aux processus promus institutionnellement. 

J’adopte donc pour leur analyse une perspective dialectique, soucieuse d’allers-retours entre théorie et pratique, entre prescriptions et mises en œuvre, entre questions socialement et politiquement vives et problématiques scolaires aigues. Cela touche en particulier les questions et thèmes suivants :

- quelle philosophie politique de l’école en démocratie ? 

- conditions de reconnaissance de la légitimité de l’institution scolaire et de ses acteur.e.s aujourd’hui.

- les réformes récentes de la formation des enseignants et leurs enjeux politiques

- approches compréhensives et critiques du républicanisme scolaire

- débats autour de la laïcité scolaire

- débats autour de la démocratisation de l’école

- confrontation de la prescription institutionnelle de l’Éducation nationale consistant à « Faire partager les valeurs de la République » avec les dynamiques plurielles de l’individualisme démocratique et avec l’idéal d’éducation à l’autonomie

- querelle scolaire dite « pédagogues/républicains »

Théories compréhensives et critiques de l’hypermodernité et recompositions idéologiques contemporaines : enjeux pour l’éducation et la formation

Mener de telles analyses fait également de l’exploration des principales recompositions idéologiques contemporaines et théories compréhensives et critiques de la modernité tardive une nécessité, que structure le souci constant d’en mesurer les enjeux pour l’éducation et la formation.

Je me suis ainsi efforcé de replacer les différents enjeux de philosophie politique de l’école dans l’histoire récente des idées. 

Je travaille en ce sens les thématiques suivantes : 

- la conjoncture anti-totalitaire et ses déploiements pluriels

- principaux débats dans et autour du libéralisme politique

- critiques communautariennes et/ou anti-utilitaristes du libéralisme politique

- théories du care

- les néo-tocquevillismes face à leurs critiques internes et externes

- approches compréhensives et critiques du républicanisme politique

- la querelle politique dite démocrates/républicains

- analyses critiques du néo-libéralisme et du néo-conservatisme

FONDEMENTS contemporains de l’éducation et de la formation : Éthique et déontologie, principes et valeurs, normes et normativités, légitimité et reconnaissance

L’éducation à l’autonomie comme paradigme, et quelques conséquences

Le primat de l’autonomie individuelle comme idéal normatif me parait constituer un fondement essentiel des transformations des politiques d’éducation et de formation dans les cinquante dernières années.

L’autonomisation est toutefois un processus, toujours singulier et vulnérable, qui ne se décrète pas et ne doit ni ne peut confondre avec l’injonction à se débrouiller seul. 

Penser l’autonomie comme possibilité réelle d’agir, choisir et penser par soi-même implique l’exploration des objets suivants : 

- théorie des capabilités

- notion de « prudence »

- le « bien-être » comme but et comme problématique 

- part respectivement des éducations intentionnelles ou non, institutionnelles ou non, au devenir autonome

- influences et médiations

Conditions et éthiques de l’éducation/formation

Le système de légitimité d’une société des individus s’anime et évolue autour de l’idée selon laquelle le rôle des institutions et groupes – et en particulier des institutions publiques d’éducation et de formation – est d’accompagner ce devenir autonome par la mise en œuvre de processus d’étayages appropriés.

Éclairer ce point implique pour moi d’explorer les thématiques suivantes :

- mutations contemporaines de l’autorité et du pouvoir en démocratie en général et dans l’éducation/formation en particulier

- bienveillance et confiance comme « mots-clés » des politiques scolaires récentes

- éthiques et déontologies contemporaines des métiers de l’humain et des professions éducatives et formatives en particulier

- ressources heuristiques et pratiques du minimalisme moral

- critique des moralismes et paternalismes anciens et nouveaux

- critique de l’applicationnisme

L’horizon inclusif (au sens large) et la question de la justice

Je m’applique à envisager l’ensemble des dimensions de ces axes de recherches en articulation avec l’horizon inclusif, c’est-à-dire en pensant les conditions auxquelles les politiques d’éducation et de formation peuvent donner à chacun.e les moyens d’être en fait cet individu autonome qu’il ou elle est en droit, quelles que soit ses coordonnées économiques, sociales, culturelles, de genre…

Dans cette perspective, les thématiques suivantes font l’objet d’une attention particulière : 

- école juste et justice sociale

- perspective interculturelle et refus des discriminations

- questions de genre et égalité femmes/hommes

- l’autonomie au défi des handicaps

- représentations et réifications

CULTURES : L’expérience contemporaine du devenir soi-même : enjeux pour, dans et hors l’école

Familles, lieux et acteurs éducatifs informels, âges de la vie

Pour mieux penser l’éducation scolaire et les politiques éducatives et formatives institutionnelles dans la perspective qui est la mienne, il me semble important de travailler également : 1° à une meilleure compréhension de ce qui se passe autour et hors de l’école (en particulier dans la famille) ; 2° une certaine intelligibilité de la manière dont les expériences scolaires s’inscrivent dans les traversées singulières dans âges de la vie de chacune des leurs parties prenantes. 

Les objets que je saisis sont ici les suivants : 

- redéfinitions des âges de la vie, adolescence précoce et tardive

- démocratisation/horizontalisation des rapports intra-familiaux

- rapports école/famille et enjeux de partenariat et de climat scolaire

- mutations contemporaines au sein des familles, ou de la famille comme institution explicite de reproduction biologique et sociale aux liens affinitaires et plus fluctuants 

- éducation et formation tout au long de la vie

- expériences personnelles et influences entre pairs

- importance des lieux éducatifs tels que les associations, clubs sportifs et artistiques…

Herméneutique culturelle de l’éducation et formation de soi (Bildung) contemporaine

Je m’efforce aussi de faire justice, dans la quête d’intelligibilité du devenir-sujet et de la traversée des différents âges de la vie, à tout ce qui relève de la formation informelle de soi par le rapport aux œuvres culturelles et par l’expérience, choses buissonnières qui échappent souvent à toute logique et/ou programmation institutionnelle.

Cela participe pourtant à la construction des professionnalités enseignantes aux temps des formations initiale et continue.

Les œuvres culturelles contemporaines de grande diffusion sont porteuses de représentations et d’imaginaires – notamment politiques et sociologiques - qui sont autant de propositions de monde au contact desquels les individus deviennent autonomes et apprennent progressivement à choisir et à penser par eux-mêmes. 

Je mobilise ici une méthodologie d’herméneutique culturelle de l’éducation mettant des préceptes de l’histoire culturelle et de la quête philosophique d’intelligibilité du monde au service de l’idéal de saisie globale et interdisciplinaire de l’expérience éducative et formative qui rassemble les chercheur.e.s de sciences de l’éducation et de la formation.

 

Les médiums que j’analyse dans ce cadre sont : 

- romans et essais littéraires

- œuvres cinématographiques

- bandes-dessinées 

- chansons

Passerelles : médias et numériques / santé

Enfin, ces différentes investigations m’ont progressivement conduit à stabiliser et enrichir deux « passerelles » avec les thèmes et domaines de recherche respectifs des médias et du numérique d’une part, de l’éducation et formation en santé d’autre part.

Le premier thème, médias et numérique, cherchent à tirer les différentes conséquences pour l’éducation et la formation de l’advenue d’un contexte culturel ou les ressources médiatiques et numériques sont omniprésentes dans la vie de la plupart des individus comme dans le fonctionnement de nombre d’institutions. 

 Deux questions me permettent en particulier de faire vivre ce lien : 

- questions de transmission et de réception

- enjeux de la sociabilité affinitaire et des choix individuels de contenus

 

La second domaine – la santé - mobilise des institutions qui, avec les institutions éducatives, constituent l’autre grand pôle de socialisation publique des individus, traversés de recompositions connexes des rapports, politiques et professionnalités qui les meuvent. 

Deux questions me permettent en particulier de faire vivre ce lien : 

- accompagnement des autonomies hautement vulnérables

- éthique, responsabilité et explicitation/consentement