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Anne Wattel

Professeure agrégée

Publications

Livres et direction d’ouvrages

 

A. Livre

 

Robert Merle. Écrivain singulier du propre de l’homme, Presses Universitaires du Septentrion, coll. « Littérature », janvier 2018, 392 p. (thèse remaniée pour publication), [En ligne], URL : https://books.openedition.org/septentrion/18575?lang=fr

 

Robert Merle est au purgatoire des belles lettres françaises. Quelque chose dans sa trajectoire, qui va du prix Goncourt avec son tout premier roman, Week-end à Zuydcoote, aux treize tomes d’une saga historique, Fortune de France, a semble-t-il sonné le glas de sa consécration. Et ce quelque chose tient sans doute à la singularité d’un écrivain franc-tireur, allergique à toute mode, à toute école, à tout parti et qui porta un demi-siècle durant son rêve d’un « roman romanesque », un roman démocratique, un roman des Trente Glorieuses.

 

       Comptes rendus :

 

1. Maxime Decout, « Anne Wattel : Robert Merle. Écrivain singulier du propre de l’homme », Europe, n1073-1074, septembre-octobre 2018, p. 381-382.

 

2. Aurélien d’Avout, « Une redécouverte critique : Robert Merle », Acta fabula, vol. 20, n° 2, Notes de lecture, Février 2019, URL : http://www.fabula.org/revue/document12029.php

 

B. Direction d’ouvrages

 

1. Christiane Rochefort, Anne Wattel (dir.), Roman 20-50, n° 74, (en préparation, parution en décembre 2023).

 

2. Robert Merle, à contre-courant et à contretemps ?, Yves Baudelle, François Berquin et Anne Wattel (dir.), Roman 20-50, coll. "Actes", actes du colloque international 11-12 décembre 2020 (à paraître), URL : https://www.septentrion.com/fr/livre/?GCOI=27574100090280

           Avec les contributions de Julien Roumette, Patricia Gauthier, Sylvain Dreyer, Pascal Riendeau, Simon Bréan et al.

 

3. Robert Merle, Yves Baudelle et Anne Wattel (dir.), Roman 20-50, n65, juin 2018, 226 p., [En ligne], URL : https://www.cairn.info/revue-roman2050-2018-2.htm

L’ouvrage est centré sur trois romans, L’Île (1962), Malevil (1972) et Les Hommes protégés (1974), qui ont en commun d’être des fictions anthropologiques : que se passe-t-il dans les sociétés humaines quand on se trouve jeté sur une île inaccessible (L’Île reprend l’histoire des révoltés du Bounty), quand une explosion nucléaire a dépeuplé la planète (Malevil, porté à l’écran en 1981 par Christian de Chalonge) ou quand une épidémie d’encéphalite qui ne touche que les hommes conduit les femmes à prendre en main l’avenir de l’humanité (Les Hommes protégés) ? Un demi-siècle après leur parution, ces romans exigeaient d’être relus par les meilleurs spécialistes parce qu’ils résonnent aujourd’hui d’une singulière actualité.
Avec les contributions de Yves Baudelle, Patrick Bergeron, Marion Caudebec, Christian de Chalonge, Jean-Michel Devésa, Jean-Paul Engélibert, Irène Langlet, Olivier Merle, Pierre Merle, Anne Wattel.

 

Articles publiés dans des revues à comité de lecture

 

1. Anne Wattel, « Les Stances à Sophie (Christiane Rochefort, Moshé Mizrahi) : “Killing the Angel in the House” », dans Christiane Rochefort, Anne Wattel (dir.), Roman 20-50, n° 74, à paraître en décembre 2023.

 

L’article explore la manière dont le cinéaste Moshé Mizrahi est parvenu à respecter à sa manière le climat du roman du Christiane Rochefort, Les Stances à Sophie ; la manière dont il a trahi (et traduit cinématographiquement) Rochefort en étant « doublement inspiré ». Il revisite l’œuvre de ce couple créateur au prisme de Virginia Woolf.

 

 2.  « La rencontre sur une table de dissection d’Anna Karénine et d’un slip russe (Passion simple et Se perdre) », [Dans :] Annie Ernaux, une écriture romanesque, Florence de Chalonge et François Dussart (dir.), Littérature, n° 206, 2022/2 (Actes de la journée d’études « Le Romanesque dans Écrire la vie d’Annie Ernaux », Université de Lille, 29 novembre 2019), p. 91-103.

 

Sous le signe du Barthes des Fragments d’un discours amoureux, cette communication visait à analyser dans l’écriture de la passion la conjonction de deux modalités en apparence contradictoires : le romanesque et le sociologique ; le procès-verbal et le mièvre ; le cru et le sentimental ; le pornographique et Nous Deux ; le trop et le trop peu. Confrontée à un dilemme (plaisir sociologique de désillusionner et enchantement de l’amour), Annie Ernaux ne tranche pas : par surimpression, elle superpose deux motifs qui s’entrechoquent mais coexistent, elle télescope des plans en apparence irréconciliables et fait éclore un réel invisible à l’œil nu qui se niche dans le détail, déclencheur de fiction. Mais on n’atteint pas la vérité d’une passion : l’écriture « sera toujours en-dessous ». 

 

 3. « Suis-moi ! de Maja Kastelic : une déambulation graphique au 34 de la rue Andersen », Strenae, n°19, décembre 2021, [En ligne], URL : http://journal.openedition.org/strenae/8949

 

Comme l’indique l’illustratrice slovène, Maja Kastelic, son album, Suis-moi ! (Deček in Hiša) est un « homage to literature, illustration, and to the nostalgic beauty of old times and timeless things ». Mais comment un album « sans texte », un « album muet », un « album sans » – la terminologie varie – peut-il être un hommage à la littérature, au scriptural ? L’art de Maja Kastelic consiste à faire se rencontrer, se côtoyer, se répondre, à fusionner arts du texte et arts visuels : son album est un vibrant hommage à l’illustration, et met en lumière l’avers et le revers de l’ut pictura poiesis.

 

 4. « Jean Rolin, à la croisée des voies (et des voix) ouvrières : quête, enquête et terrain », Études Littéraires, vol. 50, n° 1, avril 2021, p. 131-144, [En ligne], URL : https://etudes-litteraires.ulaval.ca/jean-rolin-a-la-croisee-des-voies-et-des-voix-ouvrieres-quete-enquete-et-terrain/

 

Dans L’Organisation, Traverses et Terminal frigo, Jean Rolin déambule en terres ouvrières, ou ce qu’il en reste ; il mène un « voyage à rebours » qui le ramène, des années après son expérience maoïste d’établi, auprès de « la classe ». La trajectoire de l’auteur-narrateur, entre routes et déroute, et celle de la classe ouvrière s’imbriquent étroitement : d’emblée, dès les années 70, l’expérience ouvrière de Rolin est étroitement associée à l’expérience viatique. Mais d’où l’intellectuel, l’ancien mao peut-il écrire « la classe » ? Peinant à trouver une posture adéquate, Rolin devient un imposteur, déterritorialisé, cultivant sa propre marginalité, et relatant, de surplomb puis de traverse, un monde qui lui échappe. Il s’agit de trouver sa voie et d’ouvrir l’espace de ses pages aux voix ouvrières hétérogènes, à l’altérité.

 

 5. « Albertine Sarrazin : l’ôteure de verrous », Romanistische Zeitschrift für Literaturgeschichte/Cahiers d’Histoire des Littératures Romanes, 43e année, 1/2, Universitätsverlag Winter, Heidelberg, 2019, p. 89-101.

 

S’il est une « écrivaine-délinquante », qui œuvra pour une reconnaissance d’ordre littéraire, c’est bien Albertine Sarrazin, l’enfermée, l’emmurée, l’interdite de séjour qui passa près d’un quart de sa vie en prison. Abandonnée à la naissance, adoptée, placée, incarcérée à plusieurs reprises, elle est la déviante, la « difficile à mener », incapable de se plier à la moindre discipline et qu’il faut rendre docile, faire rentrer dans le rang, par la clôture, par la privation de liberté. Son œuvre – romans, lettres, journal – est nourrie de l’expérience carcérale : c’est une œuvre du verrou, qui dit les murs, le « barreauté », qui met en scène l’espace clos et le rêve de cavale. Si le motif carcéral envahit l’œuvre, ce n’est pas tant, pas seulement, parce qu’Albertine témoigne de son vécu de femme enfermée, mais parce que tout l’univers, extérieur y compris, est prison et qu’elle n’aura de cesse de « ne pas trop approcher des clôtures », de fuir « les barbelés de l’ennui ». Anonyme, mal-nommée, Albertine, dont l’identité est pour le moins mouvante, va se faire un nom, un nom propre, devenir « Sarrazine » et Bic et émerger à la lumière, réalisant alors la conjonction entre la marginale, la femme et l’écrivaine.

 

6. « Quand Elsa Triolet se tait à l’aube : une mise en mort sous le signe de Philomèle », Fabula-LhT, n° 22, « La Mort de l’auteur », juin 2019, [En ligne], URL : http://www.fabula.org/lht/22/wattel.html

 

Elsa Triolet, avec Le Rossignol se tait à l’aube, publié quelques mois avant son décès, entend écrire une dernière fois, pour faire silence, pour mettre un point final à la mise en mots. Mais pour ce faire, pour dire la voix qui s’amenuise jusqu’à s’éteindre, pour opérer une véritable mise en mort, il faut trouver un dire, un écrire autres, trouver le juste milieu entre la voix et le silence, trouver à dire comment se taire, à formuler ce qui échappe aux mots : la mort de l’auteure, la fin de voix, fin de vie. L’œuvre entière est placée sous le signe de Philomèle, la Philomèle mythique à la langue mutilée et qui relate la violence qu’elle eut à subir par le détour d’un langage autre, celui de la tapisserie. Elsa Triolet parachève sa métamorphose en Philomèle-rossignol et, (en)chanteuse de la nuit, clame la suprématie de la musique, s’adonne à un chant de vie qui est aussi un chant de deuil.

 

7. « Notes sur la proposition de Gaspar Turin », Fabula-LhT, n° 22, « La Mort de l’auteur », juin 2019, [En ligne], URL : http://www.fabula.org/lht/22/wattelnote.html

 

Notes sur le texte proposé par Gaspard Turin, « Quand la mort s’écrit. Fiction, performance et performativité du suicide chez Bernard Lamarche-Vadel et Édouard Levé » (autour de Suicide d’Edouard Levé et de Sa vie, son œuvre de Bernard Lamarche-Vadel).

 

8. « Nomen est omen : facéties onomastiques chez Robert Merle », [Dans :] Roman 20-50, n65, juin 2018, p. 21-32, [En ligne], URL : https://www.cairn.info/revue-roman2050-2018-2-page-21.htm

 

L’onomastique merlienne est inventive, souvent facétieuse et révèle le goût prononcé du linguiste pour les mots, du littéraire pour les clins d’œil intertextuels. Mais elle rappelle aussi que l’onomaturge est un démiurge qui donne vie à de fictifs avatars : analphabètes en politique ou machiavels, pacifistes ou armés, les alter-ego de Merle évoluent suivant une trajectoire inscrite dans leur nom même, une trajectoire qui s’apparente en bien des points à celle de l’auteur.

 

9. « L’étalon, le hongre et la braguette à l’allemande. La trajectoire de l’ex-premier sexe dans Les Hommes protégés », [Dans :] Roman 20-50, n65, juin 2018, p. 149-160, [En ligne] URL : https://www.cairn.info/revue-roman2050-2018-2-page-149.htm?contenu=resume

 

Les Hommes protégés, paru en 1974, explore la veine littéraire du « Qu’adviendra-t-il si… ? ». Après la hantise du manque de femmes procréatrices dans Malevil, son roman post-apocalyptique, Robert Merle invente un monde où les hommes, victimes d’une épidémie d’encéphalite 16 liée à la spermatogenèse, sont décimés, et où le deuxième sexe s’empare du pouvoir. Voilà une œuvre qui paraît aujourd’hui d’une singulière actualité.

 

10. « La mort est mon métier de Robert Merle : l’œuvre à contre-courant », Tsafon  Revue d’études juives du Nord, n72, automne 2016 – hiver 2017, p. 15-34, [En ligne], URL : https://journals.openedition.org/tsafon/356  

 

Cet article vise à expliciter en quoi Merle, l’intempestif, écrivit avec La mort est mon métier, un roman « à contre-courant ». L’œuvre est décalée et ce à plus d’un titre : temporellement, face à une doxa dominante, et par le choix de donner voix au bourreau. Publiée en 1952, en pleine ère de l’amnésie, l’œuvre, qui entend témoigner d’un passé que l’on veut mettre entre parenthèses, est politiquement incorrecte. Elle se heurte par ailleurs à des « interdits » majeurs : l’interdit de la poésie après Auschwitz ; le rejet d’une fictionnalisation des camps ; le refus de tout discours qui n’émanerait pas d’un témoin survivant. Elle relève également d’une logique de scandale en offrant une voix au bourreau : inédit, inouï.

 

11. « Robert Merle théoricien et praticien de la politique-fiction », ReS Futurae [En ligne], 7 | 2016, [En ligne], URL :http://resf.revues.org/795

 

Dans les années soixante-dix, et en pleine guerre froide, se développe dans les pays anglo-saxons, un genre méconnu et souvent qualifié d’« hybride », la politique-fiction. Robert Merle sera le premier français à se faire critique, théoricien – et praticien – de ce genre. Dans un numéro spécial du Monde, daté d’octobre 1967, et alors même qu’il vient d’achever son roman Un Animal doué de raison, il présente les règles d’or de la politique-fiction : une anticipation de faible amplitude permettant d’instaurer une ou des variables minimes par rapport au présent de l’écriture ; une visée critique qui en fait un genre sérieux, révélateur de l’angoisse planétaire qui étreint l’homme de cette seconde moitié du xxe siècle.

 

12. « Un havre au cœur de la débâcle. Zoom sur la roulotte dans Week-end à Zuydcoote de Robert Merle », [Dans :] Fictions de guerre, textes réunis par Marie Hartmann, Elseneur, no29/2014, Presses Universitaires de Caen, 2014, p. 85-98.

 

Dans Week-end à Zuydcoote, qui relate la débâcle de 40, Merle rend compte du décousu de l’instant, de son incohérence, de son absurdité pour le soldat désœuvré, le soldat en déroute dans un espace clos dénué de sens, qui tient du piège, de l’étau qui se referme. Ce décousu de la débâcle, c’est par le zoom, c’est par la bribe, c’est par l’épars que Merle va le dire. Dans ce huis clos quasi théâtral au sein duquel toute déambulation s’avère n’être qu’un continuel aller-retour, un sur-place, il est un lieu central vers lequel systématiquement on converge, sur lequel on zoome, c’est une ambulance anglaise, la roulotte d’Alexandre, la popote à l’espace ordonné et rassurant.

 

13. « Le charisme messianique d’Emmanuel dans Malevil, de Robert Merle », Voix Plurielles, Vol. 10, no 2, 2013, p. 273-284, [en ligne], URL : https://journals.library.brocku.ca/index.php/voixplurielles/article/view/864

 

Dans son roman d’anticipation post-apocalyptique, Malevil, Merle fait émerger une microsociété, une tribu de survivants dans un monde dévasté. Après l’événement, il faut qu’advienne une figure charismatique qui prenne en charge la refondation, la re-naissance et qui ouvre un avenir sur les cendres. Porté par sa foi en l’homme, son optimisme volontariste, Emmanuel est celui qui, par-delà la brèche, le fossé ouvert par l’événement, permet d’inaugurer une ère nouvelle. Mais le messie, très politique, manœuvre également sa communauté avec habileté et cynisme.

 

14. « Quand ouvrir sur la fin, c’est commencer par clore… Malevil, de Robert Merle », [Dans :] Fins du monde, Cahiers ERTA, no 4, Université de Gdańsk, Gdańsk : 2013, p. 95-107, [en ligne], URL : https://www.ejournals.eu/CahiersERTA/2013/Numero_4_Fins_du_monde/art/2686/

 

Cet article vise à montrer que dans le roman post-apocalyptique Malevil, l’événement est cantonné au seuil et le récit se fait post-événementiel : ce sont les suites qui intéressent Merle, la reconstruction, ou plutôt la construction, autre. Comment débuter une œuvre qui a pour objet la fin des temps, ou tout au moins d’un temps ? Quel début pour une fin ? Malevil s’ouvre sur une clôture, et les symptômes d’une brisure – avec laquelle il faudra apprendre à vivre pour « remettre de l’ordre dans le chaos » – envahissent les premiers chapitres de l’œuvre : symptôme linguistique – car l’événement ne se laisse pas dire ou se dit en creux ; symptôme temporel – car la linéarité a été rompue ; et symptôme générique, par le truchement d’un journal-témoignage qui tente d’assurer le liant entre l’hier, l’aujourd’hui et le demain, et de combler la brèche ouverte, mais qui défaille parfois et est sujet à caution.

 

Recensions

 

1. Anne Wattel, « Le dit des lieux. Une géographie littéraire de l’exode et de la débâcle », Revue des Sciences Humaines, no 351, juil.-sept. 2023, p. 257-261. Recension de La France en éclats. Écrire la débâcle de 1940, d’Aragon à Claude Simon, Aurélien D’Avout, Les Impressions Nouvelles, 2023.

 

2. Anne Wattel, « Pouvoirs de l’imposture : un Decout double », La Nouvelle Quinzaine littéraire, no 1203, 1er novembre 2018. Recension de Pouvoirs de l’imposture, Maxime Decout, Éditions de Minuit, 2018, [En ligne], URL : http://www.leseditionsdeminuit.fr/livre-Pouvoirs_de_l_imposture-3280-1-1-0-1.html

 

Entretiens

1. « Robert Merle, du succès à la pérennité de l’œuvre », entretien avec Olivier Merle, [Dans :] Roman 20-50, n65, juin 2018, p. 33-36, [en ligne], URL : https://www.cairn.info/revue-roman2050-2018-2-page-33.htm?contenu=resume

 

2. « Si on trahit bien l’auteur, on peut arriver à faire un bon film », entretien avec Christian de Chalonge sur Malevil (1981), en collaboration avec Yves Baudelle, p. 115-124, [Dans :] Roman 20-50, n65, juin 2018, [en ligne], URL : https://www.cairn.info/revue-roman2050-2018-2-page-115.htm?contenu=resume

 

Articles parus dans des actes de colloques et ouvrages collectifs

 

1. « Les robinsons de l’Apocalypse : variations après la bombe (Ikor, Triolet, Merle) », colloque international « Robert Merle : à contre-courant et à contretemps ? », 11 et 12 décembre 2020, en visioconférence, organisé par François Berquin, Yves Baudelle et Anne Wattel. À paraître dans Roman 20-50, coll. « Actes ».

 

Si Merle reconnaît la filiation entre la politique-fiction américaine et ses propres romans d’anticipation, jamais il ne réfèrera à un quelconque roman français. Pourtant, indubitablement, Malevil a été nourri par deux romans post-apocalyptiques des années cinquante : Le Cheval roux ou les intentions humaines d’Elsa Triolet et Les Grands Moyens de Roger Ikor. Ces trois œuvres mettent en scène la possibilité d’un nouveau commencement après la tabula rasa ; elles ont toutes, peu ou prou, leur Ève, leur Adam, leur élu, leurs robinsons de l’Apocalypse ; elles explorent toutes « l’utopie du commun ». En croisant ces œuvres, en envisageant Malevil comme un texte palimpseste, qui dialogue avec Ikor et Triolet, les absorbe, consciemment ou pas, s’en démarque, nous verrons comment Merle, avec vingt ans de recul par rapport à ses prédécesseurs englués dans les clivages politiques de la guerre froide, crée habilement, à partir des mêmes ingrédients, un roman moins didactique, plus optimiste, plus universel, plus humaniste. S’il s’agit là de trois variations autour de l’Apocalypse et du mythe noachique, elles divergent diamétralement dès lors qu’elles envisagent l’homme de l’ère nouvelle, Malevil s’écrivant contre l’échec des Grands Moyens et contre le pessimisme d’Elsa Triolet.

 

2. « Du Rêve est vrai à Derrière la vitre : Robert Merle et l’impossible roman de 68 », [Dans :] Nelly Wolf et Matthieu Rémy (dir.), Ce que Mai 68 a fait à la littérature, Nelly Wolf, Matthieu Rémy, Presses Universitaires du Septentrion, novembre 2020, p. 17-28 (Actes du colloque international, 28-29 mai 2018, Université de Lorraine).

 

Derrière la vitre de Robert Merle est un roman palimpseste dont la genèse est étroitement liée à « l’irruption de Nanterre au sommet ». Le projet date de novembre 67 : Merle, déplorant que « l’université, en France, [ait] très peu retenu, jusqu’à ce jour, l’attention des romanciers », entend décrire la vie quotidienne des étudiants de Nanterre, s’adonner à une forme de Campus novel, peindre « un tout petit monde », « un phénomène étrange, le Nanterrisme », une classe d’âge, ses aspirations, ses angoisses, sa sexualité… Pourtant, 68 et ses suites ont visiblement entamé l’espoir, le « rêve est vrai » de Merle : le titre est modifié en 1970 pour dire, partiellement, l’obstacle, la vitre. Le roman n’est donc pas tant percuté par l’événement que par l’échec de l’événement car, comme le dit Merle : « Mai 68 sur le moment, m’a tout à fait passionné, c’est plus tard que je me suis senti à son sujet moins heureux ». C’est alors à contre-courant que Merle choisit de traiter 68, « ce thème explosif », et en osant toucher à la hache.

 

3. « Webster et Robert Merle. Du Démon blanc à Flamineo : revisiter le théâtre de l’effroi », Congrès 2017 de la Société Française Shakespeare – « Shakespeare et la peur » – du 12 au 14 janvier 2017. Actes des congrès de la Société française Shakespeare,36 | 2018, [en ligne], URL : http://journals.openedition.org/shakespeare/4097

 

Cette communication aborde le théâtre de Merle et sa réécriture du White Devil de Webster. Qu’est-ce donc qui pousse le romancier du xxe à réécrire cette tragédie du sang toute baroque ? Qu’est-ce donc que Merle va chercher – et trouver – dans cette pièce macabre et morbide ? En quoi son Flamineo, au « fumet » élisabéthain, devient-il une pièce représentative du xxe siècle ? La communication se proposait de répondre à ces questions en deux temps : d’une part en montrant que l’univers de Webster propose une peinture effroyable et inégalée du mal qui n’est pas sans faire écho aux contemporains du nazisme ; d’autre part que, sous la plume de Merle, par la réécriture de Webster, Flamineo, ce « Hamlet noir », devient un personnage représentatif du xxe, et c’est du détour par ce monstre-là, qu’a pu émerger Rudolf Hœss, le bourreau d’Auschwitz, « terriblement et effroyablement normal », de La mort est mon métier.

 

4. « Des animaux doués de raison ? Du vrai et de l’imaginé dans le roman de Robert Merle », colloque international, 5-7 février 2014, Alain Romestaing et Alain Schaffner ; paru [Dans :] Histoires naturelles des animaux xxe-xxie siècles, Alain Romestaing et Alain Schaffner (éds), Paris : Presses Sorbonne nouvelle, déc. 2016, p. 243-252.

 

Partant d’une documentation scrupuleuse, Merle bâtit, avec Un animal doué de raison, un roman qui n’invente pas la vie et qui, par bien des aspects, est scientifique se faisant l’écho de l’état de la recherche de la fin des années 60 en matière de cétologie. Usant des traditionnels stratagèmes du romancier, il imbrique contenu scientifique et trame narrative et le dire vrai devient faire vrai. Mais Merle n’est pas zoologue, il ne renie pas la subjectivité, l’anthropomorphisme, car il entend bien scruter ici deux espèces, qu’il assimile dans son roman laboratoire. Ce faisant, il laisse à son imagination la liberté de « projeter l’avenir dans le présent », il s’autorise à la spéculation, explore ce qu’il adviendra si… Et l’anticipation devient prédiction.

 

5. « Déliance et reliance, derrière la vitre de Robert Merle », [Dans :] La France des Solidarités, (mai 1968 – mai 1981), Nelly Wolf et Djemaa Maazouzi (dir.), avec la collaboration de Dominique Viart, Revue des Sciences Humaines, no 320, Lille : Presses Universitaires du Septentrion, 4/2015, p. 69-80. Actes du 7e colloque de l’edits, Université Charles-de-Gaulle Lille 3, 13-15 mai 2014.

 

Cet article étudie le Nanterre de Robert Merle et les « enragés » de mars 1968. Par le seul prisme de Nanterre, un Nanterre carcéral, un Nanterre de la déliance à l’image de société gaullienne, Merle met en scène une « civilisation du verrou », une civilisation vitrifiée, pour reprendre le motif éponyme de la vitre qui dit à la fois la transparence et l’obstacle, la déliance et l’aspiration à une reliance à l’autre, au monde, une reliance qui suppose de briser la glace.

 

6. « La souffrance de l’animal dénaturé chez Robert Merle », [Dans :] Desblache Lucile (dir.), Souffrances animales et traditions humaines : rompre le silence, Dijon : Éditions universitaires de Dijon, 2014, p. 187-197.

 

Cet article se concentre sur les deux romans animaliers de Merle, Un animal doué de raison et Le Propre de l’homme. Il s’attache à montrer que, dans la lignée de Vercors et de ses Animaux dénaturés, Merle fait du roman « une originale et troublante tentative pour arriver à une définition de l’homme », un homme prométhéen qui n’a de cesse d’affirmer en actes et en paroles sa suprématie sur l’animal.

 

Article de vulgarisation

 

  1. « La “dispute” du Diable au corps : tam-tam et boniments forains ? », [Dans :] La Vie culturelle en 1923, juin 2021, [en ligne], URL : https://vieculturelle19.wordpress.com/2021/06/28/la-dispute-du-diable-au-corps-tam-tam-et-boniments-forains/

 

Communication dans des colloque sans actes

 

1. « Et Sneewittchen devint Snow White. Le maillage intermédial d’un conte “à l’américaine” (1912-1937) », colloque international « Les expansions hypertextuelles et hypericoniques du conte “Blanche-Neige” », 27-28 mars 2023, organisé par Bochra et Thierry Charnay, université de Lille.

 

Si le Snow White and the Seven Dwarfs (1937) de Walt Disney est bien connu, si ses sources européennes ont été largement explorées, il n’en va pas de même des premières transpositions américaines du conte, qui contribuèrent pourtant à cette « révolution dans le “septième art” » que représenta ce long métrage d’animation. Lors de sa projection, la critique, unanime, souligna la performance technique ; elle crédita également Walt Disney d’un certain nombre de trouvailles et de libertés prises par rapport au conte source qui, pourtant, sont largement des emprunts. Car, à n’en pas douter, l’œuvre disneyenne propose un véritable maillage intermédial, entretissant habilement un conte allemand, un « Play for children » de Broadway (1912), un film américain muet (1916), et l’esthétique du cartoon.

 

2. « Destination Madrapour : l’en-quête de sens. Le sol, l’insolite et le Sol », colloque international du cerli, « Mobilités dans les récits et les arts visuels du fantastique et de la science-fiction. xixe-xxie siècles : quête et enquête(s) », 20-22 novembre 2014, organisé par Patricia Crouan-Veron et Arnaud Huftier, IUT Sénart Fontainebleau.

 

La communication m’a permis d’aborder la fable métaphysique qu’est Madrapour. Ce récit eschatologique relate, dans l’espace claustrophobique d’un avion, l’ultime voyage de l’Homo viator. Ce qui importe ici ce n’est pas le lieu à atteindre ; ce qui importe, c’est le trajet, la trajectoire, le sens du cheminement. Non pas la quête mais l’enquête de sens, non pas le terme, indéniable, mais les modalités de l’accès à l’exit. Et quand le sens échappe, l’on s’accroche à la destination, au terme du voyage. Or, de tour en détour, ce Madrapour de nulle part, véritable paradis qui cristallise les désirs de chacun, échappe, se dérobe. Car le paradis n’est qu’une mystification.

 

Invitation à des séminaires

 

1. « Aléas du contemporain : les auteurs mineurs du xxe siècle ont-ils leur place en classe ? », 25 avril 2024, séminaire ELEC, « Ce que l’école fait à/de la littérature contemporaine », animé par Pierre-Louis Fort et Anissa Belhadjin, CY Cergy Paris université, en visio-conférence.

 

2. « Les Hommes protégés de Robert Merle et le SCUM Manifesto de Valerie Solanas », 5 février 2015, ens de Lyon, séminaire « Genre et Société » du larhra – Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes – animé par l’historienne Michelle Zancarini-Fournel : « La misandrie dans le mouvement féministe entre histoire et littérature ».

 

Merle, inspiré par le féminisme radical de son temps, propose dans Les Hommes protégés un parcours du patriarcat au matriarcat libéral, en passant par le matriarcat haineux. La communication a permis de montrer que l’œuvre est alimentée par l’intertexte, la référence au SCUM Manifesto de Solanas que Merle fictionnalise, prend au pied de la lettre, en mettant en scène ces nouveaux êtres féminins que sont les SCUM, mues par la misandrie. La distance critique, l’ironie mordante de Merle, l’outrance peuvent alors aisément permettre de lire l’œuvre comme un brûlot antiféministe pourtant, malgré ses relents phallocratiques, le roman, déplaçant le curseur du patriarcat vers le matriarcat, dénonce clairement et sans ambages la misogynie et, proposant par le truchement de la fiction un lieu autre, un autre rapport entre les sexes, se fait l’écho des manques de l’ici et maintenant.

 

École thématique CNRS

 

Participation à l’école thématique CNRS (MITI), organisée avec l’IRCICA (CNRS UAR 3380) « Interdisciplinarité, disciplines, indisciplines, langages et échanges : vivre l’in[ter]disciplinarité » (organisée par Laurent Grisoni et Myriam Suchet à Lille, du 13 au 17 novembre 2023).

Dans ce cadre, une communication intitulée : « L’in[ter]disciplinarité pour quelle(s) question(s) complexe(s) ? L’exemple d’un « moment critique » : l’ère atomique (au prisme de la France, 1945-1960) – Physique nucléaire et lutte des clercs ».

 

Organisation de colloques

 

Robert Merle, à contre-courant et à contretemps ? Colloque international organisé en collaboration avec Yves Baudelle et François Berquin, 11 et 12 décembre 2020. Programme en ligne, URL : 

https://alithila.univ-lille3.fr/wp-content/uploads/2020/12/Programme-colloque-Merle-déc.-2020.pdf

À paraître en 2023, dans Roman 20-50, coll. « Actes ».

 

Créations et prix littéraires

1. « COMME : germination. Conte encore presque bleu », à paraître dans Cahiers Breton n°1, Frédéric Aribit (dir.), printemps 2024.

 

2. Lauréate, pour une nouvelle intitulée « Les Yeuses de Noire-Épine », de la sixième édition du Prix Joël-Champetier (6 novembre 2021) récompensant les auteurs de nouvelles francophones non canadiens dans les domaines de la science-fiction, du fantastique et de la fantasy. Solaris, no 221, hiver 2022, Québec. Communiqué en ligne, URL : https://www.revue-solaris.com/pour-les-ecrivains/laureats-prix-joel-champetier/

 

Le jury était composé de Iseult Bacon-Marcaurelle, adjointe aux communications et à la promotion aux éditions Alire ; Francine Pelletier, écrivaine ; Pascal Raud, écrivain, traducteur et directeur littéraire de Solaris ; Élisabeth Vonarburg, écrivaine et traductrice.
         Compte rendu :
         Solaris n° 221, recension par François Schnebelen, 8 février 2021, [en ligne], URL : 
 https://www.yozone.fr/spip.php?article27535   


 

3. Lauréate, dans la catégorie « Théâtre », de la deuxième édition du Prix du Muséum littéraire, organisé par le Musée de l’Homme (en lien avec l’exposition « Aux frontières de l’humain », avril 2022), pour une pièce en quatre tableaux intitulée HOGM. Communiqué en ligne, URL : https://www.mnhn.fr/fr/actualites/les-laureats-du-prix-du-museum-litteraire-sans-limites

 

Le jury était composé de Bruno David (président du Muséum National d’Histoire Naturelle), Frédérique Chlous (Commissaire de l’exposition), Luc Semal (Maître de conférence MNHN–CESCO), l’artiste Enki Bilal, Sandrine Treiner (directrice de France Culture), le philosophe Jean-Michel Besnier, et Sylvie Gouttebaron, (directrice de la Maison des Écrivains et de la Littérature).